Acquitté. Le mot semble tombé de nulle part. Et pourtant, c’est bien celui qu’il conviendra d’associer au cas Contador, dont on est peut-être sur le point de toucher au dénouement. Réunie pour la dernière fois autour du délicat dossier du triple vainqueur du Tour de France, contrôlé positif au Clenbutérol le 21 juillet dernier à quatre jours du terme de la Grande Boucle, la commission disciplinaire de la fédération espagnole a choisi d’acquitter Alberto Contador. Le grimpeur madrilène ne recevra pas de sanction et sa suspension provisoire s’apprête à être levée. C’est donc un improbable revirement de situation qui vient tirer, pour l’heure, le champion espagnol d’une situation fort compromise. Le 26 janvier dernier pourtant, la commission disciplinaire brandissait la menace d’une suspension d’un an. Comment en est-on arrivé à l’acquittement ?

Informé des intentions de la commission, Alberto Contador a eu deux semaines pour organiser sa défense. Et c’est sur la base des rapports d’experts, qui ont affirmé que les doses de Clenbutérol relevées (50 picogrammes soit 400 fois sous le seuil d’un cas de dopage) n’avaient pu influer sur le résultat final, et sur un point précis du règlement antidopage de l’Union Cycliste Internationale, l’article 296, qu’a reposé toute la défense du champion espagnol. Martelant avoir été victime d’une contamination alimentaire, ce que lesdites doses de Clenbutérol peuvent tout à fait laisser indiquer, Alberto Contador devait alors répondre de négligence quant à l’absorption d’une viande contaminée. Tout porte à croire qu’il serait parvenu, avocats à l’appui, à démontrer n’avoir commis aucune négligence en la matière.

Que dit l’article 296 ? « Si le coureur démontre dans un cas individuel qu’il n’a commis aucune faute ou négligence, la période de suspension normalement applicable sera éliminée. Lorsqu’une substance interdite est décelée dans l’échantillon d’un coureur, le coureur doit démontrer comment la substance interdite a pénétré dans son système pour pouvoir obtenir l’élimination de cette période de suspension. » La responsabilité d’Alberto Contador n’étant pas engagée dans ce cas, les quatre membres de la commission de discipline ont choisi de donner suite aux arguments présentés par le triple vainqueur du Tour pour considérer d’une part que les doses de Clenbutérol retrouvées ne relevaient pas du dopage et d’autre part que le coureur n’était pas responsable de la présumée contamination alimentaire.

Le cas Contador s’en trouve-t-il résolu pour autant ? Ce n’est pas dit. Si le verdict inattendu de la commission disciplinaire va dans le sens du coureur, qui s’était constitué ces derniers jours un important comité de soutien et avait vu des voix importantes s’élever contre sa suspension, les instances internationales pourraient encore choisir de porter l’affaire en appel devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Ce recours ne dépend plus que de l’Union Cycliste Internationale (UCI) et de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), qui vont avoir un mois pour décider ou non d’en rester là. Dans un passé récent, on compte un antécédent en la matière, celui du pongiste Dimitrij Ovtcharov, contrôlé positif au Clenbutérol pour 75 picogrammes mais absous par la fédération allemande sans recours au TAS.