Philippe, l’objectif en juillet était de gagner le Tour de France par le biais d’Alberto Contador. Il a finalement échoué. Quelles conclusions peut-on en tirer ?
Je suis un très mauvais comptable, j’ai dû mal à aligner les chiffres et à faire des bilans ! Mais pour parler de l’aspect sportif, il faut bien admettre que ça a été un Tour de France compliqué dès la première semaine. Avec les nombreuses chutes d’Alberto, le temps perdu dès le premier soir, tout cela nous a mis en difficulté. Il a ensuite fallu soigner la blessure et essayer de résister physiquement et psychologiquement pour aborder la dernière semaine.

Vous avez pu y croire jusque dans les Alpes, mais le Galibier a eu raison d’Alberto Contador…
Il y a eu malheureusement un petit coup de moins bien dans le Galibier et les espoirs se sont envolés. Collectivement, les coureurs ont fait leur boulot. Ils ont essayé d’aider au mieux Alberto, de le protéger au mieux. Ça n’a pas toujours été facile avec les conditions météo et le parcours. Ce n’est pas le résultat qu’on ambitionnait en arrivant, mais malgré tout ce n’est pas mal quand même.

Comment Alberto Contador, invaincu dans un Grand Tour depuis quatre ans, a-t-il vécu ce premier échec sur son terrain de prédilection ?
Jusqu’à l’étape de l’Alpe d’Huez il ne le vivait pas très bien. Mais après cette dernière étape de montagne et le chrono de Grenoble, il était plus relâché, plus détendu. Il était déjà capable de faire le bilan. Aujourd’hui, il est serein et prêt à aborder 2012. Il devrait faire une fin de saison plutôt tranquille pour récupérer de ses efforts.

Entouré essentiellement par des grimpeurs, Alberto Contador n’a-t-il finalement pas manqué de coureurs de classiques capables de le protéger comme il le fallait dans les premières étapes du Tour ?
Nous comptons renforcer notre équipe, c’est presque fait mais ça reste top secret ! Pour le moment on ne peut pas en parler car on doit désormais respecter la date importante, celle du 1er août, avant laquelle il nous est impossible de dire quoi que ce soit. Nous avons en tête de nous renforcer dans tous les compartiments.

Regrettez-vous d’avoir trop misé sur la montagne et pas assez sur les étapes de plaine ?
C’est toujours facile de refaire l’histoire avec des si. De cette manière on aurait gagné le Tour. Malheureusement, des si, nous n’en avions pas dans notre jeu. On assume nos choix, nous les avons pris tous ensemble et nous n’avons pas de regrets par rapport à cela.

Quels points positifs relevez-vous néanmoins à l’issue de ce Tour de France ?
(Il sourit) La météo le dernier jour ! Non, des points positifs, il y en a plein quand même. On tire les enseignements de nos erreurs, et ça c’est déjà positif. L’équipe, on la voyait vraiment comme ça, pas autrement, donc nous n’avons pas commis d’erreurs. Dans la préparation, on n’a pas eu trop le choix non plus. Il fallait qu’Alberto passe par le Giro parce qu’on avait trop d’inconnues pour la suite. Nous nous sommes retrouvés dans une impasse mais c’est la loi du sport et il faut composer avec les éléments.

On dit toujours qu’on apprend plus dans la défaite que dans la victoire, Alberto Contador va-t-il rebondir encore plus fort ?
Je pense que oui. Il est déjà prêt. C’est sûr qu’il va tirer les enseignements de ce Tour de France. Aujourd’hui il est prêt. Samedi soir il a fait table rase de ce qui s’est passé. Il a eu du mal à l’accepter, mais comme je le disais, les deux derniers jours lui ont redonné un peu de satisfaction et il est déjà orienté sur 2012.

Réduit cette année au rôle d’équipier, l’Australien Richie Porte, 7ème du Giro 2010, pourrait-il retrouver un rôle de leader sur les prochains Grands Tours ?
Ce n’est pas impossible mais c’est encore un peu tôt pour le dire. Alberto est pour l’instant le leader à protéger chez nous pour les années à venir. Richie est un jeune coureur qui doit encore progresser dans beaucoup de domaines. Il est très fort, on l’a vu encore dans le contre-la-montre samedi dernier, mais pour l’heure le voir leader dans un Grand Tour n’est pas encore d’actualité.

Propos recueillis par Rémi Le Tenier à Paris le 24 juillet 2011.