Christian, quel bilan tirez-vous de ce Tour de France pour l’équipe Argos-Shimano ?
Globalement on ne peut pas dire que l’on soit mécontent parce que les gars se sont battus. Bon, il n’y a pas eu de victoire d’étape comme l’on voulait, mais sur ce coup là on n’a pas eu de chance car Marcel Kittel est tombé malade très vite avec une gastro-entérite. La 1ère semaine était très importante pour nous, et elle n’a pas porté ses fruits. Mais après l’équipe ne s’est pas désolidarisée, on a réussi quand même à emmener les sprints pour Tom Veelers qui fait quand même 3ème, 4ème et 6ème. Donc on a prouvé que l’équipe savait emmener et placer un coureur. C’est sûr que quand on pense qu’il y aurait dû avoir Marcel juste derrière Tom ça laisse quelques regrets mais c’est comme ça. On s’est battu avec nos moyens. Fröhlinger s’est cassé la main dans la grosse chute donc encore une fois on n’a pas eu de chance. Mais sinon Sprick a montré de bonnes choses par la suite par exemple.

Avec le recul et quand on voit la domination de Mark Cavendish sur le sprint mondial, n’était-ce pas un peu risqué de construire une équipe essentiellement autour de Marcel Kittel sur ce Tour ?
Non parce que Marcel a déjà battu Cavendish au mois de juin par 2 fois. Il y avait aussi Greipel, tout le gratin du sprint mondial. Là évidemment c’était le Tour, mais on ne regrette rien.

Si ça ne tenait qu’à vous, auriez-vous sélectionné davantage de coureurs français sur le Tour de France ?
Non, on est une équipe européenne et même internationale. Il ne faut regarder que le côté sportif pour construire une équipe, absolument. C’est l’essentiel parce que sinon on perd son âme.

L’an prochain c’est la 100ème édition de la Grande Boucle, comment envisagez-vous cette prochaine édition ? Peut-on s’attendre à du mouvement par exemple au niveau de l’effectif d’Argos-Shimano ?
On essaie de construire une équipe. Il y a une ossature, on essaie de grandir et de monter d’un cran. Donc du mouvement non, pas trop. On continuera à se battre le reste de la saison, on a la Vuelta encore devant nous. On tirera le bilan dans plusieurs mois. C’est sûr que l’ambition, je ne vous le cache pas c’est de monter pourquoi pas en World Tour. Mais ça c’est comme pour beaucoup d’équipes, il faudra donc faire le bilan à la fin de la saison.

Que pensez-vous de l’idée de réduire à 8 coureurs les effectifs des équipes sur le Tour de France au lieu de 9 actuellement ?
Ah ça créerait de l’incertitude. Mais si les organisateurs veulent ça…  Mais nous de notre côté ce serait un peu plus le hasard, une loterie même. Il peut y avoir de la malchance. Quand on voit que certaines équipes finissent le Tour à 4 coureurs… Qu’est ce qu’on peut faire après… Le Tour c’est 3 semaines, c’est long.

Restaurer des bonifications aux sommets des cols et/ou aux arrivées d’étapes, ça vous semble une bonne idée ?
Je ne pense pas que les bonifs aux arrivées d’étapes changeront grand-chose. Aux sommets des cols c’est clair que ça va avantager les grimpeurs aux rouleurs mais pour ça il existe d’autres méthodes. On peut réduire les contre-la-montre c’est plus simple. Mais il n’y a pas de recette miracle…

Vous seriez favorables alors à une réduction des chronos et à proposer davantage d’arrivées au sommet ?
C’est sûr que quand on sort d’un Tour avec une telle domination de Wiggins on cherche les moyens pour ne pas qu’il y ait à nouveau une telle domination. Donc on fait tout en fonction du vainqueur sortant. Mais si ça se trouve l’an prochain Wiggins sera en nettement moins bonne forme et ne gagnera pas comme cette année. Donc ça ne sert à rien de tirer trop de plans sur la comète et de modifier les règlements de part et d’autre. Les organisateurs du Tour réfléchissent à tout ça. Je n’ai pas d’idée pointue là-dessus sinon.

Propos recueillis le 22 juillet à Paris.