Emmanuel, l’équipe Bretagne-Séché Environnement effectuait son premier Tour de France. Qu’avez-vous appris sur vos hommes ?
Je ne suis pas un novice, mais pour cinq de mes coureurs, c’était une première. C’est une satisfaction, car les objectifs ont été réalisés. Nous rentrons à neuf coureurs. Même si nous avons eu quelques chutes, quelques bobos et quelques soucis mécaniques, nous sommes passés au travers des abandons. C’est une fierté de ramener nos coureurs à bon port. J’avais plein de coureurs qui ne savaient pas où ils mettaient les pieds. Ils ont été acteurs dès le départ sans avoir peur du lendemain. Il y a eu une bonne gestion personnelle de chaque gars.

De Bretagne-Séché Environnement, on retiendra aussi son comportement offensif.
L’autre objectif avoué, était d’être dans les échappés. C’est une grosse satisfaction. Nous avons été présents, même si nous n’avons pas participé à des échappées qui sont allées au bout. Il n’y en a pas eu beaucoup sur ce Tour. Je retiens que nous avons été acteurs. Je n’ai pas de déception.

Il faut aussi mentionner la 16ème place de Brice Feillu au classement général.
J’avais dit qu’un Top 25 ne serait pas mal pour une équipe comme la nôtre. Brice termine 16ème. C’est très satisfaisant.

Votre seul regret est-il de ne pas avoir su conclure avec une victoire d’étape ?
Ce n’est jamais évident. Quand on regarde, Marcel Kittel et Vincenzo Nibali gagnent quatre étapes, Alexander Kristoff, Tony Martin et Rafal Majka en gagnent deux, etc. ça contrecarre beaucoup de choses. Obligatoirement, il devient plus difficile pour des petits comme nous de gagner des étapes.

Quel est le coureur qui vous a le plus surpris dans votre équipe ?
Il y a plusieurs choses. Romain Feillu m’a surpris en allant au bout du Tour. Quelques personnes, moi y compris, avaient des doutes quant au fait qu’il arriverait à Paris. Au final, c’est un des Tours de France où il s’est le mieux comporté dans sa récupération. Brice Feillu aussi qui a fait preuve d’un énorme mental tout au long du Tour. Mais je serai tenté de dire que chacun a mis sa pierre à l’édifice. Il y a beaucoup de satisfaction de chaque personne tout au long de ce Tour de France.

Vous connaissiez les deux frères Feillu pour les avoir dirigés chez Agritubel. En quoi ont-ils progressé ?
Romain a fait une belle petite carrière entre les deux époques. Par contre, Brice s’est un peu perdu sur le plan sportif. Il faisait partie de belles équipes en tant qu’équipier. Il a maintenant besoin d’affectif et de sentiments. Il les retrouve dans cette équipe. C’est important. Il a toujours à cœur de nous faire plaisir, chose qui n’était pas toujours le cas dans les équipes où il est passé précédemment. C’est un garçon qui apporte beaucoup dans la construction de l’équipe.

Vous étiez le Petit Poucet de ce Tour de France. Que vous manque-t-il pour passer un cap ?
Sans doute un peu de finances, mais j’ai pratiquement trouvé la jointure pour se rendre indispensable en 2015 et faire partie du paysage national, voire mondial en 2016. Ce sont mes ambitions pour devenir une équipe qui sera obligatoirement dans les sélections. On augmentera le budget l’an prochain. Il y aura un recrutement, avec des gens avec qui j’ai vraiment envie de bosser qui viendront nous rejoindre. Pour s’inscrire dans la durée, il faut construire sur de bonnes fondations.

Votre ambition sera-t-elle d’intégrer le nouveau WorldTour en 2017 ?
Pas forcément. En revanche, j’espère faire partie de cette deuxième division de huit équipes derrière les seize du WorldTour qui bénéficieront des wild cards. Je veux être dans ces huit-là. Peut-être plus haut si je trouve les sponsors.

Les partenaires qui vous ont rejoints avant le Tour peuvent-ils faire partie de cette aventure ?
Je pense que oui. Mais j’ai encore besoin de discuter avec les différents directeurs généraux. Puis on se mettra d’accord sur la suite. Il y a un engouement et de réelles envies. Ils voient aussi que l’équipe plaît au public.