On ne le dira jamais assez, le Championnat de France est l’une des courses, si ce n’est la course, la plus particulière de la saison. De par son enjeu d’abord, puisqu’elle offre l’honneur à son vainqueur de porter un maillot distinctif pour 364 jours. Mais si elle est si spécifique, c’est surtout pour le scénario qu’elle offre. Les courses en circuit sont souvent imprévisibles. Elles le sont d’autant plus quand elles sont doublées d’enjeux tactiques. Avec des effectifs quasi illimités pour les équipes (25 coureurs pour la FDJ, 23 pour Europcar,  19 pour l’Armée de Terre, 18 pour Ag2r La Mondiale, 17 pour Bretagne-Séché Environnement et 16 pour Cofidis), et en l’absence d’une équipe désignée pour contrôler le peloton comme ce fut le cas l’an dernier au Futuroscope, la course s’annonce très ouverte malgré l’aspect ultra-sélectif du circuit.

Il s’avère d’autant plus sélectif comparativement aux deux premières éditions à Chantonnay (2006 et 2010) qu’une nouvelle bosse a été ajoutée. Porté de 14,1 à 14,7 kilomètres, le parcours comprend donc 600 mètres de plus, nécessaires pour emprunter un raidard de 350 mètres à 7,5 % de moyenne à 2,5 kilomètres de l’arrivée. Les côtes du Champ du Loup et du Pontreau ne sont pas difficiles en soi ni par leur longueur ni par leur pourcentage, mais leur succession fera mal aux jambes. Les pros tourneront seize fois sur le circuit après une partie en ligne pour un total de 247,7 kilomètres, contre onze tours et 173,9 kilomètres pour les amateurs ce matin et six tours pour 100,4 kilomètres pour les dames cet après-midi. Au total, ce sont près de 3500 mètres de dénivelé qui attendront les coureurs demain.

Les plus anciens du peloton ont eu la possibilité de découvrir le tracé par deux fois, en 2006, année du sacre de Florent Brard, et en 2010, lorsque Thomas Voeckler (Team Europcar) s’y était imposé. Dans la ville où un boulevard porte même son nom, l’ancien Maillot Jaune du Tour aura un statut forcément particulier, même si la victoire le fuit depuis le Tour du Poitou-Charentes en août 2013. Toute son équipe aura à cœur de briller à quelques kilomètres seulement de leur siège. Le revers de la médaille, c’est que tous les coureurs d’Europcar seront surveillés. Il n’est d’ailleurs pas à exclure que la décision se fasse avant la phase finale, c’est à dire avant les deux derniers tours de ce circuit difficile.

Il faudra donc savoir courir avec ses jambes, mais aussi savoir courir avec sa tête et avoir ce petit facteur chance supplémentaire pour ne pas louper l’échappée décisive. Les deux éditions qui sont déroulées à Chantonnay ont cependant donné lieu à des courses sélectives où les plus costauds ont pu se dégager à l’usure avant de s’expliquer à la pédale. Sur un tel parcours, les coureurs possédant un bon punch comme Thomas Voeckler, Pierrick Fedrigo (Bretagne-Séché Environnement), Quentin Jaurégui et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Thibaut Pinot (FDJ), Stéphane Rossetto et Julien Simon (Cofidis) ont toutes leurs chances. Le sacre d’une individualité comme Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), Tony Gallopin (Lotto-Soudal), Sylvain Chavanel (IAM Cycling) et Warren Barguil (Giant-Alpecin) n’est pas à exclure.

Dans le cas peu probable d’une course plus fermée, seuls quelques coureurs sont capables à la fois de passer les bosses et de régler un groupe au sprint comme Bryan Coquard (Team Europcar), Armindo Fonseca (Bretagne-Séché Environnement) ou Samuel Dumoulin (Ag2r La Mondiale). À noter enfin qu’il faudra composer avec la chaleur qui rendra le tracé encore plus usant qu’il ne l’est déjà.

Les 10 derniers vainqueurs :

2014 : Arnaud Démare (FDJ)
2013 : Arthur Vichot (FDJ)
2012 : Nacer Bouhanni (FDJ-BigMat)
2011 : Sylvain Chavanel (Quick Step)
2010 : Thomas Voeckler (Bbox Bouygues Telecom)
2009 : Dimitri Champion (Bretagne-Schuller)
2008 : Nicolas Vogondy (Agritubel)
2007 : Christophe Moreau (Ag2r Prévoyance)
2006 : Florent Brard (Caisse d’Epargne)
2005 : Pierrick Fédrigo (Bouygues Telecom)