Finalement, il n’aura pas mis longtemps à retrouver ses marques. Depuis sa victoire à Montargis, il y a une semaine, Mark Cavendish  (Team HTC-Columbia) n’a pas été une seule fois devancé dans un sprint, si l’on excepte les sprints intermédiaires. Redevenu boulimique, le sprinteur ne laisse que des miettes aux autres sprinteurs. Des miettes et des frayeurs. Car, comme si sa réputation sulfureuse ne voulait pas le lâcher, la victoire de l’Anglais à Bourg-lès-Valence est entachée par une irrégularité…de son poisson-pilote. Dans la lutte pour le leadership de Mark Renshaw (Team HTC-Columbia) s’est cru dans un combat de boxe française. En voulant faire le ménage, Renshaw donne volontairement trois coups de casque successifs dans l’omoplate de Julian Dean (Garmin-Transitions) puis sur son casque. Et la boule de nerf australienne n’en reste pas là. Après s’être chargé du poisson-pilote, il se charge du sprinteur. Renshaw tasse Tyler Farrar (Garmin-Transitions) dans les balustrades. On évite la chute de peu, mais la route est dégagée pour Cavendish. Sauf que la chaussée du Tour de France n’est pas un ring. Tous les coups ne sont pas permis et ceux qui jouent aux déménageurs sont souvent punis. En 1997, Tom Steels avait été expulsé pour un jet de bidon sur Frédéric Moncassin en plein sprint. Treize ans plus tard, la main des commissaires n’a pas tremblé. Ce soir, Renshaw est hors course.

Les équipes de sprinteurs ont donc, comme prévu, maîtrisé les événements sur cette onzième étape. L’échappée de Stéphane Augé (Cofidis), Anthony Geslin (FDJ) et Javier Benitez (Footon-Servetto) ne bénéficiera pas des mêmes circonstances atténuantes d’un peloton fatigué, comme la veille. A 50 kilomètres de l’arrivée, les équipes de sprinteurs entament le jeu du chat et de la souris avec les trois fuyards. L’attaque courageuse des bleus Mathieu Perget (Caisse d’Epargne) et Pierre Rolland (Bbox Bouygues Telecom) à 40 kilomètres de l’arrivée ne déconcentre même pas le peloton.  Quoi qu’il arrive, avec le vent de face, les trois hommes sont condamnés. Après 30 kilomètres de jeu de dupes, le peloton cueille les fuyards, malgré les derniers coups de boutoir de Stéphane Augé.

Peloton groupé ne veut pas dire peloton calmé. Certains coureurs du peloton ont les jambes qui frétillent A 18 kilomètres de l’arrivée, deux coureurs de la FDJ, Anthony Roux et Jérémy Roy, ressuscitent le Trophée Baracchi. L’idée est séduisante mais elle ne survit pas. Les Saxo Bank en ont décidé ainsi. Car à la faveur d’un changement de côté, du vent latéral et d’un terrain dégagé, les Saxo Bank s’évertuent à faire un coup de Trafalgar. Les huit équipiers d’Andy Schleck déploient leurs ailes en tête du peloton. Sous l’impulsion de Voigt et de Cancellara, le peloton s’étire sur une seule file. Navarro, Iglinsky et Noval sont immédiatement pris dans la bordure. Un vent mauvais souffle sur Astana. Contador, un instant en détresse, ne peut compter que sur l’aide de Vinoukourov qui ne le ramène que tardivement dans la roue du Maillot Jaune. Avertissement sans frais pour le Madrilène.

A 9 kilomètres du but, Saxo Bank rengaine. C’est le moment que choisit Sylvain Chavanel (Quick Step), à l’affût depuis de nombreux kilomètres dans les roues des Saxo Bank, pour tenter son va-tout. Popovych (RadioShack) l’accompagne. Dans ce final d’étape, on retrouve le Chavanel des années Cofidis, franc-tireur des derniers kilomètres, à qui ce genre d’initiative n’a malheureusement jamais souri. Cette fois encore, c’est un coup d’épée dans l’eau. Bien en ligne, la locomotive HTC-Columbia ramène le Poitevin et l’Ukrainien à la raison, à 6 kilomètres de l’arrivée. Le sprint est inévitable, comme la victoire de Mark Cavendish. Lancé par le « déménageur » Renshaw, Cavendish fait la passe de trois. Dominé par le Britannique, Alessandro Petacchi (Lampre-Farnese Vini) ravit le Maillot Vert à un Thor Hushovd, de plus en plus inquiétant. Leader de ce classement à mi-Tour, l’Italien n’a sans doute pas l’intention de lâcher le paletot du meilleur sprinteur comme il l’avait fait dans le Tour 2003.

Classement 11ème étape :

1. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) les 184,5 km en 4h42’29 »
2. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-Farnese Vini) m.t.
3. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) m.t.
4. José-Joaquim Rojas (ESP, Caisse d’Epargne) m.t.
5. Robbie McEwen (AUS, Team Katusha) m.t.
6. Yukiya Arashiro (JAP, Bbox Bouygues Telecom) m.t.
7. Thor Hushovd (NOR, Cervélo TestTeam) m.t.
8. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Jurgen Roelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
10.Gerald Ciolek (ALL, Team Milram) m.t
Classement complet

Classement général :

1. Andy Schleck (LUX, Team Saxo Bank)
2. Alberto Contador (ESP, Astana) à 41 sec.
3. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2’45 »
4. Denis Menchov (RUS, Rabobank) à 2’58 »
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 3’31 »
6. Levi Leipheimer (USA, RadioShack) à 3’59 »
7. Robert Gesink (HOL, Rabobank) à 4’22 »
8. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) à 4’41 »
9. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 5’08 »
10. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Doimo) à 5’09 »