Cédric, c’est déjà la période des mutations, et il semble que vous soyez concerné. On vous a notamment annoncé chez France Télévisions l’an prochain ?
Il y a eu pas mal d’amalgames je crois. On m’a annoncé à plusieurs reprises à France Télévisions ou à la tête d’une équipe. La réalité, c’est que je couvre actuellement le Tour de France avec la RTBF comme depuis plusieurs années. Je vais intervenir sur France Télévisions pour les Jeux Olympiques et les Championnats du Monde, en substitution à Laurent Jalabert, sélectionneur de l’équipe de France pour ces épreuves. A Londres, je vais couvrir toutes les épreuves en ligne puis je serai à Valkenburg. Mais pour 2013 je n’ai aucun engagement, ni avec la RTBF, ni avec France Télévisions, ni avec Eurosport, où on m’a aussi avancé. Je suis pour l’instant libre de tout engagement.

Comment percevez-vous ces rumeurs ?
Je prends cela pour une reconnaissance de mon travail. C’est toujours bien d’être annoncé à droite, à gauche, ça veut dire que vous intéressez des gens.

Si vous êtes si demandé, les enchères vont monter ?
Le métier de consultant est un métier qui me passionne mais je crois qu’il faut aussi rester attentif aux opportunités qui peuvent se présenter. Si les gens apprécient mes commentaires et que je peux faire carrière, tant mieux, si d’autres opportunités se présentent pourquoi pas. C’est la vie qui décide. Je vais avoir des discussions avec la RTBF, avec le groupe France Télévisions, peut-être avec d’autres chaînes françaises ou étrangères, peut-être avec d’autres instances…

Le binôme avec Thierry Adam, vous connaissez ?
Oui, j’y suis habitué. J’ai déjà couvert plusieurs épreuves avec Titi, dont les Quatre Jours de Dunkerque sur France 3 Régions. J’avais commencé avec lui aux Mondiaux de Mendrisio en 2009, puis on a fait Melbourne et Copenhague. Je vais couvrir mes quatrièmes Championnats du Monde avec Thierry Adam mais mes premiers Jeux Olympiques puisque en 2008 Laurent Jalabert n’étant pas encore sélectionneur national, c’est lui qui les avait couverts.

Les JO, c’est très particulier du fait d’une sélection minimaliste, quelle est votre analyse ?
Le choix est très difficile parce qu’on n’a pas cinquante possibilités. Déjà que c’est restreint sur les Championnats du Monde en fonction du classement mondial de la nation. Je pense que Laurent Jalabert et la FFC ont fait le choix de la jeunesse, de l’avenir, de coureurs talentueux avec Chavanel, Démare, Gallopin. Evidemment il y a le cas Bourgain, qui peut paraître étrange pour certains, mais je pense qu’il a une médaille garantie sur la piste et ça enlève une certaine pression. C’est sur la piste qu’on l’attend et je pense que la France a pris la bonne décision en l’intégrant sur la route. Je suis persuadé qu’on verra que sa présence se justifie amplement.

Sylvain Chavanel représente-t-il une sérieuse chance de médaille dans le contre-la-montre ?
Oui même si ça va être difficile. On va voir un Tony Martin au top, on sait que Fabian Cancellara a misé sur les Jeux Olympiques, Bradley Wiggins va sortir bien du Tour de France. Sur ce que Sylvain Chavanel a montré sur ses derniers contre-la-montre, je pense qu’on peut vraiment croire en ses chances de briller et de s’approcher du podium, qui reste pour lui un peu hypothétique. Mais il ne sera pas ridicule à Londres. Mieux, il sera un protagoniste pour le Top 5. Et sur route, tout peut arriver !

Arrêtons-nous sur le chrono. Pensez-vous Bradley Wiggins capable d’enchaîner probable victoire dans le Tour et contre-la-montre des Jeux Olympiques ?
Je pense que ça va être difficile pour lui. En fait je pense que le vainqueur des Jeux Olympiques n’aura pas terminé le Tour de France. Moi j’en ai terminé dix. Quand vous terminez le Tour, immanquablement, vous avez une baisse de pression derrière. Le problème du Tour, c’est qu’on acquiert un foncier fantastique mais on perd beaucoup en explosivité. Et pour devenir champion olympique sur le chrono, il faudra de l’explosivité. Je pense que le titre se jouera davantage entre Cancellara et Martin.

Vous évoquiez le parti pris de la jeunesse dans la sélection nationale, qu’en pensez-vous ?
Je pense que la France a un réservoir de jeunes coureurs fantastiques chez les garçons comme chez les filles. Il faut travailler sur du long terme. Jeannie Longo, c’est une championne fantastique, mais il faut aussi savoir tourner la page. Lancer de jeunes filles dans le grand bain des Jeux Olympiques, c’est se donner les ambitions d’une médaille sur une prochaine Olympiade. Nous avons un laps de temps de dix ans devant nous. Ce choix s’imposait.

Le circuit, vous le connaissez ?
Non, je n’en ai aucune idée. De toute façon une telle épreuve en circuit, c’est toujours difficile. Certains disent que c’est tout plat, il y a quand même une petite difficulté à escalader. Je relève plusieurs difficultés. La première c’est l’enjeu terrible des JO. La deuxième, c’est la faiblesse numérique de chacune des équipes. La troisième, c’est l’après-Tour. Beaucoup seront émoussés, malades ou blessés. Je ne mise pas du tout sur une arrivée massive au sprint mais sur un scénario similaire à Pékin, c’est-à-dire cinq ou six costauds qui se présenteront pour la gagne.

Quelle est selon vous la meilleure préparation possible pour les Jeux Olympiques ?
Je pense qu’il faut au moins dix jours de récupération entre le Tour de France et les Jeux Olympiques. Quelque part, les abandons de Sylvain Chavanel et Tony Martin, c’est un mal pour un bien. Je pense que l’équipe de France qui va se présenter là-bas aura tous les atouts pour marquer de son empreinte l’épreuve olympique. Après, ça reste les JO, l’épreuve dans laquelle tout le monde veut briller, mais les Bleus auront à mon avis une bonne approche.

Jean-Christophe Péraud, lui, va disputer la course olympique de VTT quinze jours après l’arrivée du Tour de France…
Je suis surpris. Autant on perd en explosivité sur route, autant on en perd encore plus en VTT. Je ne pense pas que la base foncière qu’il est en train d’accumuler sur le Tour de France lui soit bénéfique sur une épreuve VTT où les pulsations cardiaques sont vraiment au maximum. Si Jean-Christophe Péraud termine le Tour et qu’il arrive encore à nous ramener une médaille en VTT, je lui dirai chapeau. Mais je pense qu’en disputant le Tour de France il part avec un handicap sur les autres.

Le contre-la-montre individuel, samedi à Chartres, sera un bon indicateur de sa condition ?
Oui, ça va être un bon indice de ses facultés à avoir récupéré de tous les efforts consentis. Il a été victime de pas mal de malchance depuis le début du Tour de France, mais son point positif c’est qu’il est en condition. Il a été capable de jouer la gagner avec David Millar il y a quelques jours. Le tout pour lui est de trouver le seuil à ne pas franchir pour arriver en forme aux Jeux Olympiques. Seul lui pourra le juger.

A combien estimez-vous le nombre de médailles pour le cyclisme français toutes disciplines confondues ?
C’est difficile de donner un chiffre. Si on arrive à quatre ou cinq médailles, dans un événement exceptionnel comme les Jeux Olympiques, ce sera fantastique.

Propos recueillis à Pau le 16 juillet 2012.