David, qu’est-ce qui l’emporte après votre 4ème place à Londres : le regret de finir si près du podium ou une projection vers les Jeux de Rio ?
Après la course, j’étais un peu déçu, mais j’ai reçu de nombreux messages de soutien. Quand je repense à ma course, j’ai vraiment donné tout ce que j’avais et les trois de devant dominent la discipline depuis deux ou trois ans. Ils ont encore montré ici qu’ils étaient les meilleurs. Ils ont nagé devant, roulé devant et couru en 29’10 ». Peut-être qu’on a manqué le coche avec Laurent Vidal au départ de la course à pied. Nous n’étions pas au contact. On a fait la course derrière. Je suis satisfait et fier de ce que nous avons fait.

Tactiquement, comment avez-vous couru ?
A la sortie de l’eau, on a vu le groupe de tête. Nous avons collaboré tous ensemble pour maintenir l’écart puis pour revenir. Nous nous étions préparés depuis deux ans pour ces 10 kilomètres. Nous savions qu’il allait nous falloir courir super vite. On a attendu derrière avant de jaillir en course à pied. Tactiquement, nous avons fait ce que nous avions à faire et n’avons rien à regretter.

Laurent Vidal et vous étiez 4ème et 5ème, avez-vous évoqué une stratégie à mettre en place pour favoriser l’un de vous deux ?
Pas vraiment. Nous nous sommes entraidés tous les deux en prenant chacun un relais sur un kilomètre pour ne pas perdre le contact et maintenir la pression sur les mecs de derrière, leur montrer qu’on envoyait. On ne se parlait pas mais on se connaît avec Laurent depuis qu’on a 10-15 ans. On a couru plein de courses ensemble. Avoir partagé ce moment tous les deux est super, nous ne l’oublierons pas. Quand on aura 50 ans, on se fréquentera encore et on s’en rappellera.

Avant vos 50 ans, il y aura bien d’autres Jeux, à commencer par ceux de Rio en 2016. Vous y pensez déjà ?
Nous avons 28 ans. Dans quatre ans nous en aurons 32, en pleine force de l’âge. Le niveau, je pense, va progresser, mais pas éternellement. En continuant à travailler comme on l’a fait, on va y arriver, oui.

Un mot sur l’ambiance ?
Incroyable ! Plus d’un million de personnes. Quand on passait à vélo devant tous ces spectateurs, on avait la chair de poule. En étant aux avant-postes, avec beaucoup de supporters à nous aussi, c’était incroyable. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’était avant la course, en arrivant sur le ponton, quand les officiels ont fait l’appel des concurrents. La foule, des deux côtés du lac, s’est mise à crier, à hurler. Grosse chair de poule !

Par quelle discipline êtes-vous arrivé au triathlon ?
J’étais nageur à la Réunion. J’ai commencé par surfer, une fois que j’ai su nager quand j’avais 5 ans. Et puis, doucement, j’ai commencé les cross au collège. Mon père s’est mis au triathlon et je m’y suis mis doucement moi aussi. J’ai quitté la Réunion à 15 ans pour arriver en métropole, intégrer un Sports-Etudes avec l’espoir de faire un jour les Jeux Olympiques.

Avez-vous encore une marge de progression en vélo ?
Je pense, oui, car c’est la discipline dans laquelle je m’entraîne le moins. J’ai donné priorité à la natation et encore plus à la course à pied. Il faut se mettre à beaucoup rouler si on veut progresser car derrière il y a 10 kilomètres à faire. Si on arrive un peu sec, c’est dur. Il y a encore du boulot.

Propos recueillis à Londres le 7 août 2012.