Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. Dernier volet de notre saga olympique avec le spécialiste du 400 mètres haies Stéphane Diagana, premier champion du monde d’athlétisme masculin français en 1997.

Stéphane, que devenez-vous au-delà de votre rôle de consultant sur France Télévisions ?
J’ai différentes activités. Je travaille avec le groupe Oxylane, qui comprend Décathlon, et la marque Kalenji. Je participe au développement de produits sur les chaussures, mais pas sur le textile. J’anime également des conférences sur le thème de la performance sportive, performance d’entreprise. Je travaille en outre sur un gros projet de centre d’entraînement et de pratique local, de haut niveau et Sport-Santé à destination de personnes qui n’ont aujourd’hui pas d’offres adaptées à elles, qui souffrent de problèmes cardiovasculaires ou diabétiques, et pour lesquelles l’activité physique est un élément déterminant dans le cadre de la prévention ou du traitement de leur pathologie.

En janvier 2011, vous aviez fait une grave chute dans le col de Vence, vous vous êtes finalement bien remis ?
Oui, aujourd’hui tout va bien. J’ai fait une mauvaise chute après avoir fait une hypoglycémie en descente. J’ai perdu connaissance. Il aurait mieux valu que ce soit en côte, mais ça m’est arrivé dans la descente. J’ai percuté une voiture avec la face mais j’ai finalement eu la chance de la frapper au bon endroit, si tant est qu’il y en ait un. J’ai des cicatrices mais je n’ai pas de séquelles fonctionnelles.

Vous n’en voulez pas trop au vélo ?
Pas du tout, je n’avais qu’une hâte, celle de remonter sur le vélo très vite. J’en ai refait deux mois après. Et ça me manque quand je n’en fais pas. J’ai même loué un vélo à Londres pour faire tous mes déplacements pendant les Jeux parce que je gagne du temps et ça me permet de faire quelques bornes pour entretenir la condition. Je vais vite reprendre car je vais faire un tour dans les Alpes avec des amis dans quelques jours. Ça va être bien sympa.

Participez-vous à des cyclosportives ?
Je n’en ai jamais faites mais pourquoi pas. On a parlé de la Haute Route avec des amis, entre Genève et Nice. Il paraît que c’est une belle épreuve. Pour l’instant, je m’adonne surtout à des choses qu’on organise entre amis : traverser les Alpes, traverser les Pyrénées. Nous avons fait un Collioure-Saint-Jean-de-Luz en huit jours en passant par l’Andorre et l’Espagne, ça reste un souvenir magnifique.

Le vélo faisait-il partie de vos plateformes d’entraînement dans le cadre de vos préparations passées ?
Je l’intégrais malheureusement quand j’étais blessé. Quand on a des blessures aux mollets, ça reste souvent possible de faire du vélo parce qu’il n’y a pas de choc. On a toujours peur de faire des choses non spécifiques quand on s’entraîne. On veut toujours être au plus près de son geste. C’est vrai pour les demi-fondeurs, mais sur certaines périodes où les objectifs d’entraînement recherchés sont plus cardiovasculaires que techniques et musculaires, le vélo peut être un très bon outil d’entraînement et peut préserver sur des carrières longues comme le semi-marathon ou le marathon. Alors aujourd’hui je découvre le vélo autrement.

A l’inverse d’un athlète, qui bénéficie d’un entraîneur dans une structure, un coureur cycliste est davantage livré à lui-même, cela vous surprend-il ?
Oui. J’ai découvert cela en rencontrant Thomas Voeckler. Il m’avait expliqué qu’il s’entraînait seul tout le temps, ce qui m’avait surpris pour un sport aussi dur. J’imagine comme ça doit être difficile parfois, notamment en hiver. J’ai aussi discuté avec l’entraîneur de la FDJ-BigMat Frédéric Grappe. Il m’a dit avoir beaucoup travaillé à partir des livres d’entraînement d’athlétisme pour aborder l’entraînement de manière scientifique. Dans le vélo, il existe une culture de la transmission orale et il y a un retard important en la matière, me confiait-il.

A ce sujet, les Anglo-saxons sont en train de révolutionner pas mal de choses. Avez-vous le souvenir d’une telle révolution dans l’athlétisme ?
Il y a surtout la nécessité d’avoir une grande ouverture. Les choses évoluent vite, les savoirs aussi. Si l’on reste sur des certitudes, on aura du mal à garder le leadership. On le voit à Londres. Certaines disciplines françaises qui ont beaucoup apporté de médailles par le passé ont du mal à tenir leur niveau sur la scène internationale. Ça évolue très vite. Quand vous gagnez pendant longtemps, vous finissez par avoir des certitudes. Il faut savoir se remettre en question.

Quelle discipline cycliste auriez-vous aimé aller voir ?
La piste. J’ai voulu aller voir Grégory Baugé mais j’étais à l’antenne pour l’athlétisme et ça ne m’a pas été possible. Le cyclisme sur piste, c’est quelque chose qui ressemble beaucoup à l’athlétisme. Il y a l’aspect tactique sur la vitesse mais il y a avant tout l’expression d’une puissance phénoménale. Il y a des watts qui se dégagent et j’aime bien ça.

Vous avez regardé Julie Bresset filer vers l’or en VTT, quel sentiment vous a-t-elle donné ?
C’était impressionnant. Elle avait l’air d’avoir beaucoup d’aisance. Très tôt avant l’arrivée, nous nous sommes rendu compte qu’elle avait, sauf incident, course gagnée. Julien Absalon va maintenant être dégagé d’un poids. Il y a une médaille d’or dans sa discipline, il aura envie d’amener la sienne aussi. Mais sans cela c’est déjà un grand bonhomme du sport français.

Propos recueillis à Londres le 11 juillet 2012.