Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. Biathlète pyrénéen, Martin Fourcade compte à son palmarès quatre titres mondiaux et une médaille d’argent olympique acquise à Vancouver en 2010. Vainqueur de la Coupe du Monde cet hiver, il est aussi un fin connaisseur de cyclisme, qu’il pratique passionnément.

Martin, vous êtes présent aux Jeux Olympiques d’été, quelles différences y a-t-il avec les Jeux d’hiver ?
La différence est importante, d’autant plus que le Club France est cette fois-ci à taille XXL, ce qui n’était pas le cas les autres années aux Jeux d’été. Les JO, ça reste un événement planétaire quand les Jeux d’hiver concernent moins de pays, seulement ceux concernés par la neige. Ce n’est donc pas le cas de l’Afrique ou de la plupart des pays d’Amérique du Sud. Les Jeux d’hiver sont très populaires dans les pays occidentaux comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse, mais les Jeux d’été restent bien supérieurs.

Pour vous, l’esprit des Jeux, c’est de mettre en valeur des disciplines qu’on ne voit que tous les quatre ans ?
C’est un peu cela. Pour moi les Jeux n’ont d’intérêt que dans la mesure où c’est l’événement majeur d’une discipline. Je suis ainsi plus attiré par le VTT que par le cyclisme sur route aux JO. Pour moi, le VTT a un esprit plus olympique. C’est l’objectif de l’année de tous les vététistes quand ce n’est pas le cas des routiers, qui préparent plus le Tour que les Jeux. C’est pareil pour le tennis ou le basket, quand on lit que certains athlètes préfèrent zapper les Jeux pour un championnat NBA. A l’inverse Tony Estanguet et Teddy Riner ont tout sacrifié pour cette course, qui reste la course majeure de leurs disciplines. C’est dans cette mesure que je trouve les Jeux Olympiques magnifiques.

A choisir entre les disciplines cyclistes présentes aux Jeux, vous zapperiez donc le cyclisme sur route ?
Et pourtant j’adore le cyclisme sur route, étant celui que je pratique le plus. Mais j’ai aussi un petit faible pour le VTT. C’est sûr que le VTT, comme la piste ou le BMX, me procurent plus d’émotion sur les Jeux Olympiques. Ça ne m’empêche pas de passer mon mois de juillet collé devant le Tour de France.

Comment sentez-vous nos vététistes pour les courses du week-end ?
Un triplé de Julien Absalon, tout le monde l’espère. C’est vrai qu’il n’est plus aussi dominateur que ce qu’il a été sur les dernières Olympiades. Maintenant, il revient fort, il s’est imposé en Coupe du Monde à La Bresse, chez lui, ça met en confiance. C’est comme Tony Estanguet qui a gagné à Pau. On parle parfois de signes du destin. Estanguet comme Absalon ont tous les deux gagné une manche de Coupe du Monde à la maison, le premier est maintenant triple champion olympique, le second aura à cœur d’imiter le premier.

Vous êtes pratiquant cycliste, racontez-nous…
Etant donné que nous faisons un sport d’hiver, nous, les biathlètes, avons la chance de pouvoir varier nos sports, n’ayant pas la neige toute l’année. Je pratique énormément de vélo, surtout en période estivale, pour le foncier. J’ai fait du VTT en compétition plus jeune. J’ai grandi avec la période Armstrong.

Quelle est la part de vélo dans votre entraînement foncier ?
Environ 35 %. On fait pas mal de kilomètres de mai à juillet, aux alentours de 4000 kilomètres sur une période de trois mois avec 35 % seulement de pratique. A côté il nous faut aussi faire de la musculation, du ski-roues, de la course à pied, ce qui sollicite les membres inférieurs différemment que le vélo. Nous avons eu en plus la chance de faire cette année le tour de Corse avec l’équipe de France de biathlon.

Vous préférez les cols pyrénéens ou les cols alpins ?
Ce n’est pas une question qui se pose ! Si le Tour de France s’est encore une fois conclu dans les Pyrénées, c’est qu’on a ici les plus beaux cols du monde. J’habite Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales. J’ai la chance d’avoir découvert toute la chaîne pyrénéenne. C’est un grand bonheur, que ce soit le col de Pailhères, l’Envalira ou le Tourmalet. Ce sont des endroits que j’adore.

Lequel préférez-vous ?
Celui dans lequel j’en ai le plus bavé, ce n’est pas forcément le Tourmalet mais un petit col près de chez moi à Font-Romeu. Il n’a rien de très compliqué. Mais un jour de pas bien, au bout d’une séance de quatre heures, il est rude. Je préfère les routes qui bordent ma station natale à Font-Romeu. C’est là que j’ai construit ma carrière d’athlète.

La neige en moins, retrouvez-vous à vélo les sensations que vous avez en ski de fond ?
Ce sont des efforts différents. Nous travaillons sur des efforts d’une demi-heure alors qu’à vélo ce sont plutôt de longues sorties qui nous permettent de travailler sur du volume anaérobie. Ce n’est pas du tout pareil mais c’est aussi ce qu’on cherche et ça nous fait du bien. Sur l’aspect de l’environnement, le ski de fond se rapproche plus du VTT que du vélo de route. On est au milieu de la nature, on passe par de petits single-tracks. C’est quelque chose qu’on aime. Plus jeune, j’ai aussi fait de la natation, et j’aurais du mal aujourd’hui à être dans un sport qui me cloisonne. J’ai grandi à la montagne, dans un environnement préservé, j’aurais du mal à m’en passer.

Envisagez-vous de participer à des cyclosportives ?
On en fait déjà quelques-unes. Je suis en partenariat avec Scott, je devrais aller faire la Scott-1000 Bosses l’an prochain. C’est quelque chose que j’aime bien, dans la mesure où ça peut se marier avec mon entraînement. Je ne mènerai pas une double carrière mais je continuerai le vélo car j’aime ça.

Propos recueillis à Londres le 6 août 2012.