Francis, vous avez mené à Pontchâteau une course d’attente avant de vous découvrir à l’approche du dernier tour. Pourquoi ?
J’ai raté ma pédale au départ, et du coup je me suis retrouvé assez loin au premier tour, que j’ai bouclé entre la 10ème et la 15ème place. Dès lors j’ai choisi de faire une course d’attente. Arnold Jeannesson et Steve Chainel ont pris la course en main et roulé devant. Tout le monde a regardé faire. Quand j’ai vu que personne ne bougeait, j’ai compris qu’il ne fallait pas trop bouger non plus. Etant donné le travail effectué par Arnold, il revenait à Steve ou moi de conclure.

Et c’est vous qui avez conclu…
Quand Matthieu Boulo a accéléré à deux tours et demi de l’arrivée, ça m’a un peu surpris. Personne ne semblait pouvoir y aller. J’ai donc accéléré à l’approche du dernier tour pour rentrer sur lui. A l’entame du dernier tour, j’ai pris la course en tête et imposé un rythme soutenu. C’est de cette façon que j’ai réussi à décrocher Matthieu pour conclure le travail de la FDJ-BigMat.

Il est rare de vous voir attendre si longtemps sur une manche du Challenge pour faire la différence. Avez-vous volontairement changé votre méthode ?
Ce sont les circonstances de course et du circuit qui dictent ces choses. Aujourd’hui c’était un circuit très roulant, pas gras du tout. Au final ça ressemblait un peu à une course sur route. Un seul coureur a roulé quarante minutes devant, c’est Arnold Jeannesson. Il a imposé son rythme et, derrière, Steve et moi ne pouvions pas faire n’importe quoi.

L’absence de Guillaume Perrot, décroché avant le final, ne vous a-t-elle pas incité à ménager vos efforts ?
Non. Nous étions encore trois à pouvoir gagner le classement général, avec John Gadret aussi. C’est vrai que ça devenait moins dangereux une fois que Guillaume s’est fait décrocher. Mais j’avais à cœur de gagner la course et c’est ce que j’ai fait en rentrant seul sur Matthieu Boulo.

Seul en tête à deux tours de l’arrivée, Matthieu Boulo semblait avoir fait une belle différence, avez-vous douté de vos capacités à le rejoindre ?
Un peu quand même. J’étais mal placé lorsqu’il a accéléré, si bien que j’ai laissé les autres faire. Or le trou s’est creusé, et j’ai dû essayer de revenir sur lui sur la partie physique. J’ai réussi à revenir tout en en gardant un peu sous la pédale pour le dernier tour. J’ai fait des efforts pour rentrer sur lui mais lui en avait fait auparavant pour se maintenir en tête. Nous étions à forces égales dans le dernier tour mais j’étais certainement plus frais.

Cette course d’attente tranche tout de même avec vos habitudes, qui consistent à courir avec une marge d’avance pour parer tout aléa…
Oui mais comme je l’ai dit ce sont les circonstances de course. C’est un jeu dangereux, c’est vrai, car si j’avais crevé ou si j’étais tombé, tout s’envolait. Quand on court devant, avec 20 ou 30 secondes d’avance, on peut se permettre une ou deux erreurs. Mais c’est comme ça, c’est le jeu…

Tout de même, quand on vous voit courir, on a le sentiment que c’est facile pour vous ?
Les gens croient que pour moi c’est facile. J’ai été bien occupé aujourd’hui, et pour mes adversaires ça n’a pas été facile non plus. J’ai essayé de courir le plus intelligemment possible pour gagner. Je n’étais sans doute pas le plus fort aujourd’hui mais j’ai gagné.

Vous accrochez un Challenge National de plus, le neuvième, qu’est-ce que ça vous apporte encore ?
Je suis toujours très content de gagner le Challenge. Sans lui, je ne serais pas passé chez les pros, je n’aurais pas été découvert par Jean-Yves Plaisance, je n’aurais pas eu ma chance en équipe de France et je n’aurais sans doute pas eu la carrière que j’ai. Je suis attaché au Challenge, qui est un très bel événement avec du public, de beaux circuits et un gros niveau.

Une dixième victoire au Challenge National la saison prochaine, ce serait symbolique ?
Je reviendrai l’année prochaine pour cela. Et puis j’espère qu’il y en aura encore un ou deux après.

Sur le plan international, on vous a vu accrocher un podium à Coxyde mais passer à côté de la Coupe du Monde de Roubaix, comment l’expliquez-vous ?
Coxyde est un parcours très physique sur lequel je me sentais bien ce jour-là. A Roubaix, le circuit est très particulier avec des relances permanentes autour des arbres, des descentes, des montées. Je n’ai jamais bien marché sur ce parcours, je ne sais pas pourquoi. Mon résultat en est le reflet. Il n’empêche que la forme est bonne. Mes grands objectifs approchent et j’espère que ça va continuer à progresser.

Propos recueillis à Pontchâteau le 9 décembre 2012.