Clément, pour t’imposer dimanche à Quelneuc chez les Espoirs tu as choisi de t’isoler rapidement avant de te raviser et d’attendre David Menut. Pourquoi ?
J’ai fait un départ de course assez rapide, un peu comme à mon habitude. Je me suis dit que si mes adversaires suivaient, c’est qu’ils étaient forts, mais que si je parvenais à mettre un peu de distance j’aurais un avantage sur eux. David Menut était costaud. J’ai insisté quand il a changé de vélo, je lui ai pris une quinzaine de secondes, mais je n’arrivais pas à creuser davantage alors je me suis dit que ça ne servait à rien d’insister. Quelneuc, c’est un circuit dur. Si on roule à un rythme trop soutenu, qu’on n’arrive pas à le tenir jusqu’au bout, on peut vite exploser. J’ai donc préféré attendre David.

Quels étaient vos atouts respectifs ?
L’avantage de David Menut, c’est qu’il était très rapide dans les parties techniques dans les bois. Le mien c’était de sauter les planches. Physiquement, il était fort, vraiment. Il m’a fait mal aux jambes, il m’a fait mal à la tête. Mais je pense aussi lui avoir fait mal dans les deux sens. Ça a été une très bonne course : pour nous pousser vers le haut, il n’y a pas mieux !

Sur quel critère s’est faite la décision entre vous deux ?
Nous étions sur un pied d’égalité dans le dernier tour. Ça a été une belle bagarre psychologique et physique. Toute la course, j’ai passé les planches à vélo, c’était un petit avantage sur lui, si bien qu’il a tout fait pour passer devant moi avant ce secteur dans le dernier tour. Là, je me suis loupé. Je n’ai pas réussi à passer la deuxième planche. Ça s’est joué sur la relance, dans le faux-plat dans les bois qui a fait très mal, puis sur la route.

Franchir les planches à vélo comme tu l’as fait octroie-t-il un réel avantage ?
Oui et non. Il y a des circuits sur lesquels on en tire des avantages, d’autres non. A Quelneuc ça permettait de mieux relancer. Et puis c’est bien de savoir le faire. En plus ça attire du public. On voit qu’autour des planches il y a toujours du monde, ça crée une ambiance. Quand je me suis loupé dans le dernier tour j’ai entendu l’émoi des spectateurs. Ça fait le spectacle !

Quelle erreur as-tu commise pour manquer le franchissement de la dernière planche ?
Dans la dernière chicane, c’était un vrai mano a mano. On s’est fait l’intérieur l’un comme l’autre, on se croyait en motocross ! J’ai passé la première planche à vélo, pas la seconde. J’ai dû décaler. Je n’en ai tiré aucun avantage mais je n’ai rien perdu non plus. J’ai alors voulu tout donner dans le dernier faux-plat mais David s’est accroché. J’ai assuré dans la dernière partie technique jusqu’à la route, sur laquelle on a livré un sprint dur, faute d’aspiration, sur une portion relativement raide. On avait vu comment Aurélien Duval était devenu champion de France de cette manière il y a deux ans…

Tu pourrais devenir cette saison l’un des rares Espoirs à remporter deux fois le Challenge National. Ce sera ton ambition à Flamanville ?
Oui, j’espère gagner une deuxième fois le Challenge National Espoirs. J’ai eu l’honneur de le gagner l’année dernière, je vais essayer de réinscrire mon nom au palmarès. La spécificité c’est que cette dernière manche interviendra pour la première fois fin décembre. On va enchaîner un gros bloc de courses entre les Coupes du Monde, le Challenge et le Championnat de France, on n’en a pas trop l’habitude. C’est un gros mois et demi qui va arriver entre mi-décembre et début février. Pour moi l’objectif cette année c’est un titre. Un maillot bleu-blanc-rouge, ça fait rêver, j’ai une grosse envie de le porter l’année prochaine. D’autant plus que ce serait un gros plus pour marquer mon entrée chez les professionnels avec Cofidis au 1er janvier.

La finale tardive du Challenge National va-t-elle modifier ton approche ?
Ce qui change, c’est que du fait que l’objectif du Championnat de France interviendra deux semaines après, on sera peut-être un peu moins forts sur cette manche finale, car ce sera dur ensuite de maintenir un pic de forme jusqu’à Lignières. On sera peut-être un peu plus émoussés que sur les autres manches, mais tout le monde sera sur un pied d’égalité. C’est un circuit qu’on ne connaît pas et que nous allons découvrir.

Tu passeras pro au 1er janvier avec Cofidis. Comme cyclo-crossman avant tout…
Oui car même si c’est la route qui m’a permis de passer pro, aucune structure pro de cyclo-cross n’existant en France, je me considère d’abord cyclo-crossman. Je ne néglige pas la route, mais j’ai la chance de pouvoir exercer ma saison de cross de septembre à février, à l’image de Francis Mourey. Pour le cyclo-cross français, c’est super d’avoir d’autres équipes qui s’intéressent à la discipline.

A l’avenir, te verrais-tu orienter ta carrière sur le modèle de Francis Mourey ?
C’est un souhait. Francis, c’est un exemple pour moi. Il arrive à allier une saison de cyclo-cross de très haut niveau et une belle saison sur route. C’est la preuve qu’on peut pratiquer les deux à un bon niveau. J’envisage comme lui de m’investir plus dans le cyclo-cross que sur la route. Après, on verra dans les années futures si je suis le parcours de Zdenek Stybar, mais j’ai encore bien du chemin devant moi pour arriver à la hauteur de ce genre de champion. Pour le moment je me concentre sur l’hiver et compter sur une bonne saison sur route pour franchir des paliers.

Propos recueillis à Quelneuc le 17 novembre 2013.