Tu deviens champion de France espoirs, arrives-tu à réaliser ? que représente ce maillot pour toi ?

C’est vraiment difficile à réaliser, quand je vois les autres champion(ne)s de France, je me dis « la chance qu’ils ont », que c’est magnifique… Mais je ne me rends pas compte que je suis le nouveau champion de France espoirs. J’ai juste l’impression d’avoir gagné une course régionale quelconque. Ce maillot tricolore représente une délivrance, peu de personnes savent tous les sacrifices que je fais pour arriver à ce niveau-là.

Peux-tu nous raconter ta course, les émotions par lesquelles tu es passé…

Dès la première montée j’ai senti que la forme était au rendez-vous, je passe 3ème au sommet sans trop de difficulté. Dans le premier tour j’ai vu que Yan, Antoine et Mickaël étaient aux trois premières places, alors je me suis tout de suite intercalé entre eux pour ne pas prendre de cassures inutiles. Ensuite, Joshua a pris quelques secondes mais ça revenait à chaque fois. A mi-course, personne ne voulait rouler et Erwann et Maxime ont pu rentrer. J’étais stressé, je ne savais pas quoi faire : attaquer car je me sentais bien, attendre la fin de course ou rouler avec mes coéquipiers, c’était très dur mentalement. Quand Yan a attaqué par surprise ça a fait très mal à tout le monde et dans la partie la plus dure, et où je me sentais le mieux, j’ai décidé de contrer et ne plus me relever quitte à tout perdre. J’ai vu que j’ai vite pris de l’avance, ce qui m’a soulagé. Je savais également que Joshua était deuxième derrière et m’aiderait à m’échapper. Mentalement, j’ai vécu les dix minutes les plus difficiles de toutes mes courses, je me disais que j’allais subir un problème mécanique, une crame ou complètement craquer. J’entendais un gros brouhaha c’était affreux. On m’a dit que j’avais 25 secondes d’avance mais à ce moment-là 2 ou 25 secondes c’était pareil pour moi. Enfin, j’ai su que Joshua était seul deuxième, ça m’a un peu soulagé. Dans le dernier virage, j’ai compris que je venais de réaliser un de mes rêves, dans cette dernière ligne droite j’ai pensé à toute ma famille et mes proches qui à ce moment étaient eux aussi plus qu’émus.

Cerise sur le gâteau, ton frère jumeau Joshua prend la seconde place. Un rêve de gosse qui se réalise ?

Il n’y a pas de mot pour expliquer ça, c’était encore plus fort que la fois où on avait réalisé notre doublé en Coupe du Monde à Valkenburg en juniors. On s’est déjà dit « ce serait magique si on fait un et deux ». Ce sont des choses que tu rêves mais de là à le faire, c’est extraordinaire. Sur la ligne de départ je lui ai dit « Allez Jo, on va le faire ! », et 50 minutes après c’est devenu réalité…

Qu’as-tu pensé de l’ambiance sur le bord du circuit de Quelneuc ?

Même le samedi lors de ma course il y avait énormément de monde, c’est tellement plaisant d’être encouragé et de se sentir poussé par les spectateurs. C’est ça le vrai cyclo-cross !

As-tu « fêté » un petit peu ton titre ? Ou celà attendra début février ?

Non pas vraiment, on a juste ouvert une bouteille de champagne avec l’équipe puis avec Joshua on a regardé la rediffusion de notre course dans notre chambre. Fêter notre doublé sans toute ma famille et mes proches je n’avais pas envie, on aura le temps d’en profiter en février. De toute manière, je ne compte pas me reposer avant l’ultime objectif le championnat du Monde à Valkenburg… Ma saison n’est pas encore réussie à 100% !

Quel sera ton programme avant le championnat du monde à Valkenburg ?

Cette semaine on est en stage avec l’équipe de France. J’enchaînerai la Coupe du Monde de Nommay puis celle d’Hoogerheide avant les mondiaux. Au niveau de l’entraînement je vais surtout travailler en intensités, le gros du travail est déjà fait.

Comment abordes-tu la dernière partie de saison, avec comme point d’orgue les mondiaux ?

C’est magnifique je suis champion de France mais pour moi ça ne change rien, je remets tout à 0, je veux faire ma place sur les prochaines Coupes du Monde et enfoncer le clou au championnat du Monde. J’ai la rage, je ne me contente jamais de ce que j’ai.

Le parcours de Valkenburg est annoncé très physique, avec du dénivelé et plusieurs portages difficiles. C’est un circuit qui te plait ?

Oui j’adore les parcours physiques où l’on peut faire la différence. Ce sera aussi technique, après je ne me fais pas de film, je donnerai tout, peu importe que le parcours me plaise ou non.

Tu es plutôt Van der Poel ou Van Aert ?

Je suis plutôt Van Aert, j’adore la puissance qu’il dégage.

Si tu veux faire des remerciements, à toi de jouer !

Je tiens à remercier mon papa en premier, depuis tout le temps que je veux lui offrir ce maillot de Champion de France, sans lui rien n’aurait été possible. Ce n’est pas seulement mon père, c’est bien plus que ça, on partage tout. Ce doublé avec Joshua c’est plus à lui qu’à nous. Evidemment je remercie mon frère jumeau Joshua, si je décroche ce maillot tricolore c’est aussi grâce à lui, on est 99% du temps ensemble, ce qui fait notre force. Je remercie énormément ma famille et mes proches qui sont toujours là dans les bons comme dans les mauvais moments. Ils savent à quel point j’attendais ce titre et ils m’aident chaque jour pour que je sois le plus performant possible. J’espère qu’eux aussi sont fiers. Je n’oublie pas mes sponsors et mon équipe qui sont aux petits soins pour moi. Ils me permettent d’être au plus haut niveau et d’en arriver là aujourd’hui. Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes qui me suivent et m’encouragent, c’est un vrai plus pour moi.

Par Maëlle Grossetête