Francis, une fois encore vous avez été imprenable cet automne dans le Challenge National, qu’est-ce que cela représente ?
A chaque fois que je viens sur les Challenges, c’est pour les gagner. J’avais l’occasion de faire coup double en gagnant la manche de Besançon et le général. Mon adversaire le plus direct était Matthieu Boulo. Mes sensations étaient assez bonnes. Avec les conditions climatiques, j’avais pris l’option de partir sur un bon rythme mais pas à 100 %. Une heure sur un circuit comme celui-ci, c’est long et il faut tenir. Je voulais surtout éviter les à-coups. C’est pourquoi j’ai tenu à maintenir un rythme soutenu. J’ai maintenu la pression et j’ai creusé l’écart sur tout le monde.

Steve Chainel a tenu un moment à vos côtés, vous a-t-il fait peur ?
Steve était très bien et je savais que sur un circuit comme celui-là il fallait privilégier un rythme soutenu à une attaque. Quand il passait devant moi, il ralentissait l’allure. Moi, je continuais toujours à mon allure. Ou c’était moi qui craquais, ou c’était lui, et il a craqué au bout de vingt minutes.

Vous avez régulièrement changé de vélo, pratiquement à chaque passage aux stands, c’était à chaque fois par précaution ?
Oui, je voulais éviter la casse matérielle. On pouvait changer de vélo tous les demi-tours, alors j’en ai profité. J’ai toujours roulé avec un vélo en très bon état, assez léger. La boue collait beaucoup et c’était une tactique que j’avais envisagé dès le départ.

Manche après manche, vous gagnez presque machinalement, prend-on toujours du plaisir à dominer de la sorte ?
Je vois toujours les manches du Challenge National de la même façon. Je suis toujours très heureux de gagner, que ce soit la première ou la vingtième fois. L’an prochain je m’attaquerai à une nouvelle série. J’espère que je pourrai aller jusqu’aux dix victoires finales dans le Challenge ! J’ai toujours plaisir à gagner.

Quand on arrive à huit victoires finales consécutives dans le Challenge National, c’est plus de pression ou plus de sérénité ?
Plus de pression ! Car je sais que plus on avance et moins j’aurai le droit à l’erreur. Quand on gagne vingt manches du Challenge, on est extrêmement attendu. Si je ne gagne pas la première manche l’année prochaine, on va croire que je suis fini. Et tout le monde n’attend que ça ! Les journalistes, les coureurs… Ça arrivera un jour, et j’espère que des jeunes viendront me mettre dehors. Ce jour-là j’aurai mal aux pattes mais ils devront aussi avoir très mal pour m’avoir.

Quel choix feriez-vous entre un Challenge National de plus ou une manche de Coupe du Monde ?
A l’heure actuelle, j’aimerais bien gagner encore une Coupe du Monde et surtout faire un podium au Championnat du Monde. Mais je n’ai jamais de regrets au bout de mes saisons, quels que soient les résultats, parce que je donne toujours le maximum. Cette semaine j’ai fait trois jours de vélo pendant deux heures de temps avec la pluie et des températures pratiquement à zéro. Ces sacrifices, un jour, j’espère qu’ils paieront. Mais je n’aurai pas de regrets car je fais tout ce que je peux.

Cet espoir de devenir champion du monde est-il immuable ?
J’ai toujours cet espoir, bien sûr, que ce soit en Championnat du Monde ou en Coupe du Monde. Actuellement, Sven Nys et Kevin Pauwels sont au-dessus des autres. Derrière eux, nous sommes six ou sept dans le même rythme. L’état de fraîcheur et les conditions de course font la différence entre nous. Il ne manque pas grand-chose, j’espère que ça marchera un jour, surtout au Mondial.

Comment s’est passé votre repérage du circuit de Coxyde lors de la Coupe du Monde du 26 novembre dernier ?
Nous y sommes allés trois jours avant la course avec l’encadrement de la FDJ pour prendre nos repères et pour s’entraîner un peu plus dans le sable. J’ai accusé un peu le coup le jour de la Coupe du Monde, mais s’il faut passer par là pour monter sur le podium fin janvier, il n’y a pas de souci. J’ai fini 7ème en manquant un peu de fraîcheur. J’ai pris de bons repères et je vais encore travailler dans le sable cette semaine en Bretagne. J’espère que tous ces entraînements paieront à Coxyde.

Quelle est la difficulté d’une course sur le sable ?
Ne pas tomber ! Le sable, c’est une surface très molle. Tu peux passer de 20 km/h à 0 d’un seul coup. Il faut garder sa trajectoire. Le sable, ça ressemble un peu au fait de progresser dans de la neige. Tu n’as qu’une seule trajectoire et dès que tu la quittes tu t’enfonces et tu t’arrêtes net. Plus il fait sec, plus le sable est souple et plus c’est difficile. J’espère qu’il pleuvra un peu en janvier pour qu’il s’alourdisse et que ce soit un peu plus roulant. Mais au final ce sera pour tout le monde pareil. Le plus fort gagnera ce jour-là, je mets quant à moi tous les moyens de mon côté.

Propos recueillis à Besançon le 11 décembre 2011.