Alejandro, que signifie pour vous le fait de terminer la saison en tant que numéro un mondial ?
C’est très important. Finir la saison en tête du classement mondial est la récompense de tout le travail que j’ai fourni avant et pendant la saison. Cela montre que ma saison a été très bonne. Que j’ai toujours réalisé de bonnes prestations pendant toute la saison. Que j’ai été constant. Il est évident que les Championnats du Monde et leur symbolique avec le maillot arc-en-ciel, doivent constituer un grand objectif de tout cycliste. Mais quand on y pense, le classement WorldTour devrait avoir une importance similaire. J’espère que cela changera dans le futur. Ce serait une bonne chose de reconnaître et de montrer quel est le coureur le plus régulier pendant la saison sur les meilleures courses du monde.

Quand le classement WorldTour est-il devenu un objectif pour vous ?
J’ai commencé à y penser après le Tour de France. Avant cela, on est attentif au classement de temps en temps, mais sans plus. La Vuelta s’est bien passée. Même si Alberto Contador était encore alors devant moi, j’avais mes chances. J’étais confiant pour glaner de nombreux points en Lombardie. Heureusement, ça s’est passé comme ça. Même si nous étions sur le point d’embarquer pour la Chine, nous avons décidé qu’il était préférable de rester à la maison. C’est vrai que je lui ai demandé après sa chute en Italie s’il comptait se rendre à Pékin. Je n’avais pas prévu cette course à mon calendrier, surtout parce que je voulais à ce moment profiter de mon bébé qui venait de naître.

Dix ans se sont presque écoulés depuis que vous êtes devenus numéro un mondial pour la première fois. Ce n’est pas très fréquent.
C’est vrai. J’avais déjà gagné ce classement en 2006 et je l’ai encore gagné en 2008. Puis je suis devenu deux fois 3ème après cela. Mais je veux revenir encore plus en arrière. En 2003, j’étais 3ème de la Vuelta et 2ème des Championnats du Monde. Onze ans plus tard, je suis remonté sur le podium de ces deux courses. Ces douze années au meilleur niveau ont été longues. Mais comme je l’ai déjà affirmé, quand je m’entraîne ou que je suis en compétition ces derniers mois, mes sensations sont meilleures que lorsque j’étais plus jeune. Je pense que mon corps est capable de mieux gérer la pression. Je suis plus mûr. Il est vrai que j’ai perdu cette sorte d’étincelle dans mes attaques. Je prenais plus de risques dans certaines situations et plus maintenant.

Vous vous étiez fixé trois grands objectifs avant le début de la saison : le Tour, la Vuelta et les Championnats du Monde. Votre moins bon résultat est une 4ème place…
Quand je me fixe un objectif, je ne me dis jamais que je gagnerai telle ou telle course. Il n’existe qu’un Liège-Bastogne-Liège, qu’un Tour de France, qu’une Vuelta, qu’une course en ligne des Championnats du Monde. En ayant ces trois objectifs en tête, j’ai pu gagner la Flèche Wallonne et la Clasica San Sebastian, terminer 2ème à Liège et en Lombardie, 3ème de la Vuelta et des Mondiaux, 4ème de l’Amstel et du Tour où je me suis battu pour la 2ème place jusqu’à la fin. Je suis  plus que satisfait de ce que j’ai accompli cette année. C’est de loin ma meilleure saison, il n’y a pas de doute possible.

Avez-vous connu quelques déceptions ?
Oui (il hésite). Le Tour de France. J’y fais mon meilleur classement cette année, mais il m’a laissé un goût amer puisque j’avais le podium en vue. Le perdre a été le pire moment de ma saison. Je ne sais pas si j’en ai connu d’autres. C’est le seul dont je me souvienne à la fin de l’année.

Quelle est la course que vous avez préférée ?
Peut-être la Flèche Wallone. Il faut être dans sa meilleure forme pour la gagner et je l’ai remportée avec une bonne marge sur le reste du peloton.

Votre programme en 2015 n’est pas encore fixé, mais avez-vous quelques idées ?
Je n’ai jamais participé au Giro. J’ai déjà dit à plusieurs reprises que j’aimerais m’y essayer. J’ai déjà pas mal d’expérience sur le Tour et sur la Vuelta. Courir les trois Grands Tours ? Pourquoi pas. C’est un challenge. Je l’ai à l’esprit même si je n’en ai jamais parlé à Eusebio Unzué. Sur les classiques, Paris-Roubaix ne correspond pas à mon gabarit, mais je peux me battre pour les monuments que je n’ai pas encore gagnés comme le Tour de Lombardie, le Tour des Flandres ou Milan-San Remo qui devrait être durcis.

L’an dernier il était clair que si vous reveniez sur le Tour, ce serait pour aider Nairo Quintana. Est-ce toujours d’actualité ?
C’est clair dans mon esprit. C’est comme ça que cela doit se passer. Je ne vais pas l’empêcher d’atteindre de nouveaux sommets dans sa carrière après ce qu’il a montré. Il est plus que prêt pour répondre au challenge de remporter le Tour. C’est une situation similaire à celle que nous avions connue avant le départ de la Vuelta. Finalement j’ai dû prendre toute la responsabilité de l’équipe après que Nairo ait chuté. Espérons que ça ne se reproduise pas si je participe au Tour de France l’année prochaine. Nous sommes désireux de le faire monter sur le podium à Paris.

Propos recueillis avec Movistar Team le 15 octobre 2014.