Andy, comment réagissez-vous à la lecture du classement général à la sortie de la montagne ?
Schleck, Schleck, Evans, voilà un classement qui me satisfait. Le plus dangereux reste Cadel Evans. Il est plus dangereux que Frank en vue du chrono, même si je suis sûr que mon frère fera un bon temps demain. Nous sommes premier et deuxième un jour avant Paris, qu’est-ce qu’on peut souhaiter de plus ? J’ai 57 secondes d’avance sur Evans avant le contre-la-montre, c’est une minute et c’est beaucoup. Cadel est spécialiste de l’effort chronométré, pas moi, mais avec le maillot jaune sur les épaules, ça donne des ailes.

Occuper les deux premiers rangs du classement général était-il un objectif pour Frank et vous ?
C’était un rêve, maintenant c’est la réalité. Nous sommes là, mais on sait que ce n’est pas fini. Le Tour se terminera demain avec le contre-la-montre de Grenoble. On donnera le meilleur. Après trois semaines de course, les valeurs seront différentes sur le chrono. Cadel est fatigué, tout le monde a mal aux jambes. Je ferai tout pour défendre le maillot jaune demain.

Etait-il important pour vous de vous emparer du maillot jaune avant le contre-la-montre ?
L’année dernière, j’avais perdu le maillot avant le chrono. Cette année, c’est le contraire, c’est une bonne chose. Cette fois, le parcours du contre-la-montre me convient mieux. Ma motivation est au summum, les jambes aussi. Je n’ai eu qu’une mauvaise journée sur ce Tour mais maintenant je suis devant. Je suis en très bonne condition. J’espère bien emmener le maillot à Paris.

Avez-vous reconnu ce parcours, sur lequel Cadel Evans a déjà pris ses marques au Critérium du Dauphiné ?
A vrai dire, c’est la seule étape que je n’ai pas été reconnaître, mais je l’ai visionnée en vidéo. Je reconnaîtrai à nouveau le circuit demain. Je sais par les coureurs qui ont fait le Dauphiné que c’est un parcours qui me convient très bien, j’espère que ce sera effectivement le cas demain après-midi. Ce n’est pas un chrono pour les plus grands spécialistes.

L’étape du jour était courte, est-ce un format qui vous convient ?
Non, je n’aime pas ça. C’était une étape trop courte, trop dure. Je préfère et je suis meilleur sur les longues distances. Pour le public, c’est très intéressant avec l’enchaînement, mais je préfère des étapes plus longues avec des ascensions plus longues, à l’image de l’étape du Galibier, que j’ai gagnée hier.

On vous a vu parler plusieurs fois à Cadel Evans dans la montée de l’Alpe d’Huez, que lui avez-vous dit ?
Frank et moi tirions le groupe tout le temps, j’ai demandé à Cadel de rouler avec nous. J’ai dû le lui demander plusieurs fois car je n’entendais pas sa réponse à cause du bruit. Il n’avait de toute façon pas intérêt à rouler, il n’a pas voulu, c’était normal. Contador et Sanchez étaient en lice pour la victoire. Le plus important pour moi était le maillot jaune, pas la victoire d’étape. J’ai un objectif plus global qui demeure la victoire finale à Paris.

N’avez-vous pas eu peur de subir le contrecoup de votre raid vers le Galibier vingt-quatre heures plus tôt ?
Non, je n’avais pas peur parce que, OK j’ai fait une longue échappée hier, j’ai roulé devant et laissé beaucoup d’énergie, mais ceux qui sont arrivés deux minutes après moi ont fourni les mêmes efforts. Quand je les ai vus arriver, on avait l’impression qu’ils étaient encore plus KO que moi. La montagne, c’est la montagne. Quand tu es fort un jour, tu l’es le lendemain. Je n’avais aucun doute quant à mes capacités à récupérer et affronter cette nouvelle étape reine.

Propos recueillis à l’Alpe d’Huez le 22 juillet 2011.