Sylvain, quelle a été votre réaction quand vous avez appris que vous étiez suspendu pour six mois ?
Ça a été un mélange de satisfaction et de déception. Satisfaction parce que l’UCI avait demandé à ce que je sois suspendu deux ans avec 45 000 euros d’amende. Je suis aussi déçu parce que je pensais vraiment prendre un peu moins, trois ou quatre mois maximum.

Estimez-vous que vous avez été victime du contexte actuel, à la suite de la publication du rapport du sénat ?
Je ne pense pas avoir été victime de ce rapport, mais c’est sans doute une suite logique de toutes les affaires que l’on vient de connaître, et de tous les noms qui ont été révélés. Il est normal que la FFC montre qu’elle a une réelle volonté de lutter contre le dopage, même si on ne peut pas assimiler mon « affaire » à du dopage.

Vous n’avez pas hésité à prendre la parole dans les médias, quelques jours après cette annonce, l’avez-vous fait spontanément, ou avez-vous été conseillé ?
Je l’ai fait tout à fait spontanément. Dans toutes les situations, j’aime que les soucis soient résolus rapidement. Je tenais à m’expliquer devant les médias, de manière à ce que le grand public puisse faire la part des choses. Si je suis intervenu sur Eurosport, Europe 1 et France Inter, c’est pour que le grand public comprenne que l’on doit faire attention à tout, absolument à tout et qu’une carrière peut être brisée très rapidement sur une négligence. Une toute petite erreur peut avoir des conséquences gravissimes. Je dois dire que je suis aussi très bien conseillé par des personnes qui m’entourent très étroitement. Je tiens à les remercier chaleureusement. Mes partenaires restent fidèles à mes côtés.

Avez-vous encore des rapports avec l’équipe Ag2r La Mondiale ?
J’ai été mis à pied suite à la notification début mai, et licencié début juin soit quinze jours après l’annonce de ma positivité au produit. Je n’ai plus de contacts avec eux, si ce n’est avec quelques coureurs et quelques membres du staff. J’ai été, et je continue sans doute d’être la bête noire.

Pensez-vous avoir été victime d’un effet Steve Houanard (contrôlé positif à l’EPO fin 2012) ?
Je ne sais pas, c’est à mon ancien patron qu’il faudrait le demander. J’ai été licencié pour faute, mais il est bien évident que les dommages collatéraux ont été bien plus importants pour moi que pour Steve dont on ne parle plus. L’équipe s’est auto-suspendue, je porte seul le poids de tout ce qui est arrivé. On m’a montré du doigt. Mais c’est le milieu du sport qui veut cela. On sait bien que ce milieu est particulier. On sait qu’un copain est potentiellement un concurrent. C’est l’être humain qui est comme ça, tant pis.

Continuez-vous de vous entraîner ?
Je m’entraîne comme si j’avais des courses prochainement. En terme de forme, je pense que je n’ai jamais été en aussi bonne condition physique qu’à l’heure actuelle. Quand je regarde mes statistiques sur des efforts de 5-10 ou 30 minutes, elles sont au-delà de celle que j’avais auparavant. Je ne me suis jamais aussi bien entraîné, et surtout, je ne me suis jamais aussi bien reposé. Je suis très bien entouré. On dit qu’on est riches que de ses amis. Dans ce cas, je m’estime immensément riche. Tous mes amis me reboostent énormément.

Comment vous entraînez-vous ?
Je peux faire quelques sorties VTT en solo. Mais je roule souvent avec différentes personnes, c’est très bon pour la motivation. Je m’entraîne régulièrement avec Thomas Lorblanchet (NDLR ancien champion du monde de trail) qui est en phase de reprise. Je m’entraîne aussi avec Nicolas Roux et quelques un de ces amis et aussi avec Damien Monier. Comme je le disais, la plus grande richesse que l’on peut avoir, c’est ses amis. C’est dans la difficulté qu’on s’en rend encore mieux compte.

Avez-vous déjà fixé un programme de reprise ?
Selon que la date de début de la suspension est placée début mai ou début juin, je reprendrai par quelques cyclo-cross, dans le but de me préparer pour la saison route à venir. Le foncier en vue de la saison 2014 sera ma priorité.

Dès lors, quel sera votre objectif en 2014 ?
Clairement, mon objectif est de retrouver une équipe professionnelle. En priorité, une équipe française. Le règlement du MPCC interdit les équipes membres d’embaucher un coureur ayant été suspendu plus de six mois, ce qui n’est pas mon cas. Je vais dès maintenant commencer les démarches pour retrouver une équipe. Il est clair que je donnerai ma priorité à une équipe française avec un programme de course en France susceptible de me convenir.

Vous serez donc attentif à l’actualité du mercato.
Oui effectivement, le mercato m’intéresse. J’y apporte bien plus d’attention qu’à d’autres actualités du vélo, qui elles ne m’intéressent pas forcément. Chez moi, on ne s’intéresse pas forcément aux nouvelles du monde du vélo. Que ce soit en famille ou avec les amis, on évite d’en parler, il y a bien d’autres sujets intéressants. Pour 2014, je sens que j’ai encore plein de choses à montrer. Je suis en pleine phase de progression, j’ai hâte de le démontrer dans une nouvelle équipe en 2014.

On sait aussi que vous pensez à un projet d’après-carrière avec Pro Immo, une entreprise dirigée par Nicolas Roux, qui sponsorise une équipe amateur de DN2…
Effectivement j’apporte beaucoup d’intérêt à l’après-carrière. Avant de faire du vélo ma profession, j’ai étudié, j’ai pris beaucoup de plaisir dans diverses activités. C’est pour cela qu’avec Nicolas Roux, qui est un ami, il y a cette très bonne perspective, très intéressante. Pour moi, il a toujours été important d’assurer son avenir. Il faut avant tout penser à manger, pour soi et pour sa famille. J’ai fait des études dans le domaine de la mécanique. J’ai aussi fait un BTS Force de Vente. J’ai été commercial en tant que salarié, et aussi, pendant deux ans, indépendant dans l’automobile. L’immobilier est un secteur innovant. Avec Nicolas Roux, comme avec Patrick Bulidon (NDLR lui aussi dans le staff du Team Pro Immo Nicolas Roux), on a plein de choses en commun. C’est utile pour rebondir quand je le souhaiterai.

Propos recueillis le 20 août 2013.