Vincent, que vous inspire le Tour de France 2017 ?
Un départ à Briançon, la ville où je suis né, et l’arrivée au sommet du col d’Izoard, qui est merveilleux, je suis on ne peut plus ravi. Ce Tour, pour moi, il est super ! D’abord, on remarque que les organisateurs ont osé passer dans les Alpes avec l’arrivée à Chambéry avant d’y revenir dix jours plus tard. Je suis agréablement surpris. C’est je trouve un Tour de France très équilibré, avec neuf étapes de plaine, six ou sept pour les montagnards, et trois ou quatre pour les puncheurs et baroudeurs. Il n’y aura que trois arrivées en altitude mais ça reste un Tour très difficile, avec des pentes très raides, comme celles du Mont du Chat ou du Grand Colombier, sans oublier l’Izoard où les écarts se feront. C’est un Tour parfait pour les hauts-montagnards, et notamment pour notre Romain Bardet. Moi, en tout cas, il me plaît !

Faudra-t-il motiver particulièrement Romain Bardet pour qu’il y aille ou a-t-il envie de découvrir autre chose ?
Il se dit en effet qu’il voudrait découvrir d’autres épreuves, le Giro notamment, mais nous allons en parler ensemble, à tête reposée. Je pense personnellement que sa place est au Tour de France compte tenu de sa 2ème place cette année, compte tenu aussi du passage du Tour en Auvergne, pas très loin de chez lui. Son devoir, vis-à-vis du Tour de France, est de briller, même s’il a des envies nouvelles. Nous allons en parler avec les directeurs sportifs, les entraîneurs, car il y a plusieurs paramètres à intégrer. Sans oublier l’attente du public français, des médias et des partenaires. Et vu comme ce Tour de France est dessiné, je pense qu’il sera parfait pour lui.

D’autant plus que les contre-la-montre seront brefs…
On aura 13 kilomètres sur le premier contre-la-montre à Düsseldorf puis 23 kilomètres sur le contre-la-montre de Marseille, avec en plus une montée un peu difficile à Notre-Dame-de-la-Garde. Ça ne devrait pas trop le pénaliser. Tout ça, ce sont des arguments en faveur d’une participation de Romain. Maintenant, c’est toujours la tête qui décide. C’est lui qui pédale, c’est lui le champion, et nous nous devrons essayer de lui apporter des arguments qui nous paraissent justes. Même si au final c’est le coureur qui décidera.

Ce Tour de France, avec la Planche des Belles Filles au cinquième jour, pourrait se décanter assez vite. Qu’en pensez-vous ?
Comme l’a rappelé Christian Prudhomme, le coureur qui s’est emparé du maillot jaune à la Planche des Belles Filles en 2012, Bradley Wiggins, comme en 2014, Vincenzo Nibali, n’a plus lâché la première place du classement général jusqu’à Paris. On sera très vite dans le vif du sujet, avec la traversée du Jura puis les Alpes. Pour moi, c’est un parcours très difficile qui devrait générer beaucoup de bataille, avec des incertitudes jusque dans le final et une dernière semaine alpestre particulièrement ardue.

Le tracé tel que vous l’avez découvert vous donne-t-il déjà des idées quant au choix de l’équipe que vous alignerez ?
Forcément, quand on voit les étapes se découvrir petit à petit sur la carte, on s’imagine un groupe. Mais en début de saison, on aura un panel d’une quinzaine de coureurs qui pourra prétendre au Tour. On sait que Romain Bardet sera le leader et que d’autres seront à peu près certains d’y être. Mais on se réserve toujours la possibilité de laisser de jeunes coureurs s’épanouir et prendre la place au dernier moment. Cette année, l’équipe a été performante, solidaire, collective, et l’on en tirera les conséquences sur la sélection de l’équipe pour l’an prochain.

Vos coureurs auront-ils plus de pression sur des routes qu’ils connaissent bien ?
Naturellement, il y a de la pression quand on est sur nos terres et qu’on a eu le résultat que l’équipe a eu au travers de la 2ème place de Romain Bardet. Après, c’est une question de gestion du stress. Et ça c’est le boulot des coachs que d’aplanir la pression pour la rendre positive et arriver jusqu’au résultat.

Propos recueillis à Paris le 18 octobre 2016.