Yvon, vous auriez sans doute aimé que le Tour de France ne se dispute que sur la troisième semaine.
Peut-être. La troisième semaine a été très bonne. Le premier jour a lui été très mauvais. Ce n’est pas de la faute des coureurs, mais c’est le sort qui nous a joué de mauvais tours, avec cette grosse chute. Nous n’avons pas été les seuls impliqués, mais nous n’avons pas été épargnés. Notamment Jérôme Coppel qui a été handicapé pendant toute la première partie du Tour. Juste avant les Pyrénées, Daniel Navarro est lui aussi impliqué dans une grosse chute et se retrouve gêné dans la première étape de montagne.

Au final, il termine 9ème du général, êtes-vous satisfait de votre Tour de France ? 
Toute l’équipe s’est bien retrouvée autour de lui. Il faut souligner la performance de Dani, mais aussi celle de Jérôme qui a été vu aux avant-postes et qui termine 4ème à Gap. Egoitz Garcia est 5ème à Lyon. On a eu une belle échappée de Rudy Molard qui a fait du bon travail pour son premier Tour, Luis-Angel Maté qui a été souvent à l’avant. Et Guillaume Levarlet était bien durant toute la troisième semaine et a été d’une aide précieuse pour Dani à l’Alpe d’Huez.

Êtes-vous donc satisfait du collectif ? 
L’équipe a montré beaucoup de ressources, beaucoup d’envie. Il n’était pas évident de revenir de là où nous étions. On a laissé passer les critiques. De jour en jour, on a franchi les échelons. On a montré qu’on était bien présent en dernière semaine, malgré la difficulté du Tour et ce qui nous était proposé. Nous étions dans la lignée de ce que nous avions montré au Critérium du Dauphiné, peut-être même mieux. C’est encourageant pour le futur.

Avez-vous des regrets sur certains choix de coureurs ?
Non, la sélection était logique même si certains coureurs étaient en balance. Nicolas Edet aurait pu faire le Tour, c’est certain, il en avait le niveau. Peut-être un Julien Fouchard s’il n’était pas handicapé par sa fracture du poignet. Les coureurs qui étaient là se sont bien battus. J’ai déjà cité les faits d’armes de certains. Celui qui a été très malchanceux, c’est Yoann Bagot, il avait vraiment bien préparé ce Tour. Il était très bien depuis le début de saison. On a appris sur ce Tour qu’il était finalement 2ème du Tour de Turquie (NDLR Après déclassement de Mustafa Sayar contrôlé positif). Il a dû arrêter au bout de trois jours, vaincu par une gastro-entérite. C’était la grosse déception

Quid de Rein Taaramae ? 
Rein n’a jamais retrouvé son niveau pendant ce Tour de France. Il a souvent été à l’ouvrage. C’est la même chose pour Christophe Le Mével qui n’était pas à son meilleur niveau. Il n’a pas été en mesure d’exprimer son potentiel.

Quel visage aura l’équipe sur la Vuelta ? 
On va y réfléchir une fois qu’on aura fait le bilan du Tour. Une partie de l’équipe est déjà fixée : les coureurs qui devaient faire le Tour, mais qui ne l’ont pas fait, comme Nicolas Edet. Pour le reste, on va prendre un temps de réflexion, voir comment les gars vont récupérer. Le Tour de France c’est difficile et quand on sort d’un Tour de France comme celui-là, on ne peut pas faire n’importe quoi et hypothéquer la suite de la saison. C’est quelque chose qui doit permettre aux jeunes coureurs de progresser, et donc il faut faire attention aux charges de travail qu’on leur impose. On sait déjà par exemple que Egoitz ne fera pas la Vuelta. Il fera des courses d’un jour et une ou deux courses par étapes. Mais nous n’avons pas encore désigné de leader. On va réfléchir. On va faire le point pour orienter les choses.

Seriez-vous favorable à un retour des bonifications sur le Tour de France ?
Je pense qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur ce Tour en terme d’organisation. C’est une réussite sportive. Bonifications ou pas, ce sont les coureurs qui font la course. On l’a encore vu. Il y a eu des batailles tout au long des étapes. Il y a eu peu de jours creux, quel que soit le terrain. C’est ce qu’il faudra retenir de cette 100ème édition.

En tant que passionné, celle-ci vous a-t-elle plu ? 
On a eu un Tour haletant. Tous les terrains ont été utilisés en fonction des compétences et des qualités de chacun. On a vu que le Team Sky avait commis un péché d’orgueil dans la première étape pyrénéenne. Le lendemain, ils ont été remis à leur place. Ça fait du bien de voir cela.

Comment imaginez-vous Alberto Contador à la fin de cette troisième semaine, vous qui l’aviez dirigé chez Astana ?
Je pense qu’il doit être déçu. Surtout déçu de ne pas avoir pu peser sur la course. Il n’était sans doute pas à son meilleur niveau. Il y a des années avec et des années sans. Il va sans doute faire le point sur tout cela et rebondir. C’est quelqu’un qui sait se battre. Il a encore quelques belles années devant lui.

Quelle tournure prendra votre recrutement ?
Là encore, il faudra encore attendre un peu. Il nous faut finaliser notre recrutement. Mais nous avons annoncé nos jeunes et nos prolongations de contrat.

Êtes-vous prêt pour le challenge en 2014 ? 
Oui, il faut continuer à travailler. On est tous prêts, pour l’équipe et pour notre partenaire qui nous soutient et qui est dans le vélo depuis très longtemps. On sort de ce Tour en ayant appris beaucoup de choses sur nous-mêmes et sur l’équipe. C’est de bon augure pour la suite.

Propos recueillis au Semnoz, le 20 juillet 2013.