Depuis qu’il est devenu le meilleur sprinteur du monde un soir d’août 2012 sur ce même vélodrome olympique de Londres, Jason Kenny s’est fait plus que discret. Trois Mondiaux se sont écoulés et jamais le Britannique n’a atteint le même niveau de performance qui lui avait permis de prendre les médailles d’or en vitesse individuelle et par équipes aux JO de Londres. Un seul titre mondial, le keirin en 2013, aucun titre européen : le Jason Kenny d’août 2012 semblait bien loin. Mais alors qu’il devra défendre ses titres olympiques cet été, et au moment de courir devant les siens, le pistard de 27 ans semble être sorti de sa torpeur. Après avoir porté un trio de vitesse par équipes moribond, le natif de Bolton s’est ressaisi et a signé vendredi le deuxième temps des qualifications de la vitesse individuelle, à un millième seulement de l’Australien, Matthew Glaetzer.

Les deux coureurs les plus rapides sur l’anneau londonien se sont donc logiquement retrouvés en finale pour le titre. Kenny et Glaetzer, qui a éliminé en deux manches sèches le tenant du titre Grégory Baugé en quarts de finale, livrent un duel de haute intensité et à suspense au Lee Valley Velo Park. Si l’Australien impose sa puissance physique et sa vélocité dans une première manche qu’il domine de justesse, le Britannique revient dans le match lors de la deuxième manche. Plus expérimenté que son adversaire, l’Anglais reste juste tactiquement en courant en tête et en obligeant son rival à courir contre les balustrades. Une belle est donc nécessaire pour départager les deux hommes. Glaetzer lance le sprint à la cloche et produit son effort dans la ligne opposée. Mais Kenny parvient à le remonter dans la dernière ligne droite pour s’offrir un deuxième sacre en vitesse individuelle, après celui sur tapis vert en 2011 suite à la suspension de Grégory Baugé.

Le Guadeloupéen justement, éliminé par Glaetzer en quarts, prend finalement la 6ème place. Pour l’ouverture du tournoi chez les Dames, les Françaises ne font guère mieux. Sandie Clair ne passe pas l’obstacle des qualifications tandis que Virginie Cueff bute sur une des favorites Tianshi Zhong en huitièmes et sur la légende Anna Meares en repêchages.

Décidément l’anneau londonien ne réussit guère aux tricolores dont le compteur de médailles reste bloqué à une journée de la fin. 3ème de l’omnium à mi-parcours, Thomas Boudat a vécu une deuxième journée de compétition plus compliquée. Un kilomètre (13ème) et un tour lancé (15ème) poussifs le repoussent loin du podium avant la course aux points. Celle-ci sera pleine de suspense bien que le Girondin, trop étroitement surveillé, ne soit pas parvenu à tirer son épingle du jeu.

Trois hommes se présentent au dernier sprint avec le même total de points : Fernando Gaviria, qui a marqué des points sur huit des seize sprints et Roger Kluge et Glenn O’Shea qui ont opté pour une tactique diamétralement opposée. L’Allemand et l’Australien, éloigné au classement général avant la course aux points, ont tenté le tout pour le tout en prenant, non pas un, mais deux tours au peloton. Le dernier sprint est donc capital, mais aucun des trois hommes n’y marque de points supplémentaires. Arrivé devant ses adversaires lors de ce dernier sprint, Fernando Gaviria est donc sacré par le règlement, comme l’an dernier à Saint-Quentin.

Les premières épreuves de l’omnium féminin ont quant à elle porté deux filles en tête à égalité de points à mi-parcours. Sarah Hammer, impressionnante sur la poursuite par équipes, est une adversaire de choix pour la favorite Laura Trott. La Britannique n’a remporté aucune manche, battue par Amalie Dideriksen et Simona Frapporti sur le scratch et par sa rivale américaine tant sur la poursuite individuelle que sur l’élimination. Si les deux premières semblent inatteignables, Laurie Berthon peut toujours croire au podium, 4ème à dix points d’Amalie Dideriksen.

Le troisième et dernier titre mondial mis en jeu hier soir est revenu à Katarzyna Pawlowska. Spécialiste du scratch dont elle est double championne du monde, la Polonaise a fait parler sa science tactique pour remporter la course aux points. Elle parvient à maîtriser les offensives pour qu’aucune concurrente ne prenne un tour sans pour autant dilapider ses forces. Lauréate d’un seul sprint sur dix, elle remporte cette épreuve avec seulement quinze points au compteur. C’est toujours un de plus que la Canadienne Jasmine Glaesser et la Cubaine Arlenis Sierra. Elise Delzenne aura tout tenté sans parvenir à ses fins. Mais la chance n’était pas du côté de la Nordiste tombée sans gravité sur la piste londonienne. Elle boucle cette épreuve au 15ème rang avec un seul petit point marqué.

La dernière journée permettra de désigner les champions du monde de vitesse Dames, de keirin Messieurs, d’omnium Dames et d’américaine Messieurs.

Les champions du monde :

• vitesse individuelle Messieurs : Jason Kenny (GBR)
• course aux points Dames : Katarzyna Pawlowska (POL)
• omnium Messieurs : Fernando Gaviria (COL)