Romain Bardet. Il aura fallu beaucoup d’audace de la part de Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) hier au Dauphiné pour accrocher un premier succès en WorldTour. « J’ai vu un écrémage important dans le col d’Allos, raconte-t-il. Je savais que la descente était favorable à un homme seul, sur une route étroite et un bitume dégradé, même si le but n’était pas d’être esseulé à l’avant. J’ai pu en profiter pour creuser l’écart. Je savais ensuite que sur 6 kilomètres d’ascension vers Pra-Loup, c’était possible de gérer mon avance. C’était important d’attaquer les difficultés de fin de semaine de cette manière. Ça lance la dynamique. J’ai fait un bond au classement général, désormais 3ème à 20 secondes. Je veux consolider cette place et profiter des opportunités pour gagner encore des places d’ici dimanche. »

Chris Froome. A trois semaines du Grand Départ du Tour de France, Chris Froome (Team Sky) tente de soigner des références plutôt modestes cette saison – 1er de la Ruta del Sol, 3ème du Tour de Romandie. Hier, après avoir fait rouler ses équipiers dans la montée puis la descente du col d’Allos, l’ancien vainqueur du Tour a porté une première attaque à 2 kilomètres de l’arrivée. Avant de plafonner à l’entrée de la station de Pra-Loup pour permettre à Tejay Van Garderen de le sauter pour la 2ème place. « J’aurais préféré une ou deux places de mieux à l’arrivée, a reconnu Chris Froome. Mais ce qui compte c’est que les sensations sont là, même si j’ai un peu calé dans le dernier kilomètre. » Une certitude : Chris Froome a fait la meilleure impression parmi les favoris au prochain Tour de France. Et pris ses marques en vue d’une étape qui sera précisément proposée le 22 juillet. Mais on sait que d’ici là, la route est longue.

Tejay Van Garderen. L’Américain Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) a confirmé ses dispositions à empocher le Critérium du Dauphiné en suivant puis distançant Chris Froome dans le final vers Pra-Loup. 2ème à l’arrivée, il s’est emparé du maillot jaune. Mais la route est encore longue et truffée d’obstacles. « Au départ, je ne voulais pas forcément suivre Froome de peur de me mettre dans le rouge, admet celui qu’une 3ème place finale au Dauphiné avait révélé il y a cinq ans. Je l’ai donc gardé à distance raisonnable et en ai gardé sous la pédale. Il m’a semblé un peu mort sur la fin, si bien que j’ai pu sauter sur lui. Ça m’a un peu surpris. Nous avons maintenant trois jours très difficiles à venir. Et il pourrait en plus y avoir du mauvais temps. Le plus important, c’est que le maillot jaune reste chez nous. »

Vincenzo Nibali. L’image a parlé d’elle-même. Quand tous ses adversaires ont atteint Pra-Loup à la limite, lui a gagné la ligne d’arrivée visiblement très frais. Pourquoi donc Vincenzo Nibali (Astana) s’est-il rangé à 2 kilomètres de l’arrivée pour terminer à un rythme moins soutenu, 1’59 » après Romain Bardet ? « Je ne me sentais pas très bien depuis le matin, fait savoir le Sicilien qui remettra prochainement en jeu son titre de vainqueur du Tour de France. J’ai préféré ne pas faire un effort supplémentaire qui, pour moi, n’était pas nécessaire dans cette étape. » Il le sera peut-être dans un peu plus d’un mois, lorsque la Grande Boucle se présentera sur ce même tracé Digne-les-Bains-Pra-Loup le mercredi 22 juillet au lendemain de la seconde journée de repos. Quelque chose nous dit que s’il est resté discret, Vincenzo Nibali s’est senti inspiré par la descente périlleuse du col d’Allos, où il pourrait répéter le numéro de Romain Bardet en juillet.