Avant d’aller titiller le haut niveau européen d’abord puis international ces prochaines semaines, c’est une réunion de famille qui rassemble au Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines les meilleurs pistards de France. Après les déchirures internes observées à Cali aux derniers Championnats du Monde, des problèmes d’égo pour l’essentiel, le groupe France règle ses comptes sportivement sur l’anneau flambant neuf qui est le sien. François Pervis et Grégory Baugé surtout. On s’attendait, on espérait même, que le champion du monde de vitesse en titre (également champion du monde du keirin et du kilomètre et détenteur du record du monde de la borne en 56″303) et le triple champion du monde passé de la spécialité, vice-champion olympique de son état, se retrouvent en finale du tournoi national de vitesse.

Mais sur le chemin qui devait les conduire hier soir vers une confrontation pour l’or, Baugé et Pervis ont buté sur plus forts, rappelant qu’ils ne sont encore qu’en phase de reprise. Le Guadeloupéen n’a signé que le 3ème temps (sur sept engagés) du 200 mètres lancé, précédant de 3 millièmes de seconde le Mayennais. Il ne fallait plus s’attendre à mieux de leur part face à leurs adversaires respectifs en demi-finale. Grégory Baugé s’est incliné deux manches à une face à Kévin Sireau, François Pervis a fait chou blanc face à Quentin Lafargue. Et voilà nos deux champions du sprint contraints de célébrer leurs retrouvailles en petite finale.

Baugé et Pervis ont tout de même réussi à déporter l’attention du public sur cette finale en bronze, et ils ont mis un point d’honneur à se repousser respectivement dans leurs retranchements du moment. Déterminés à rafler la dernière médaille, à moins qu’il ne s’agisse d’éjecter l’adversaire de la photo de famille sur le podium protocolaire… En attendant la bataille sportive aura été de toute beauté entre les deux champions, et ce n’est qu’à la faveur d’une belle que Grégory Baugé aura pris l’ascendant sur François Pervis. Pour l’honneur mais la saison est longue et les véritables objectifs lointains.

Il en est un en tout cas qui s’est régalé. Auteur de sa meilleure performance personnelle sur le 200 mètres lancé (9″957), Quentin Lafargue a ajouté le maillot de champion de France de vitesse à une collection qui comprend déjà deux tuniques en kilomètre et trois en keirin. Le Girondin aura vaincu par deux fois son adversaire Kévin Sireau, sur le chemin progressif du retour.

S’il n’avait pas encore des titres en vue ce week-end, Quentin Lafargue aurait sans doute fêté longuement cette soirée victorieuse, d’autant que sa compagne Laurie Berthon s’est imposée elle dans l’omnium. La Lyonnaise a ainsi reconduit son bail avec le maillot bleu-blanc-rouge (1ère de la poursuite, du 500 mètres et du tour lancé), tout comme le futur pro d’Europcar Thomas Boudat chez les garçons, qui ne se voyait pas défait à Saint-Quentin-en-Yvelines avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules. Avant d’observer une coupure qui le privera des Championnats d’Europe dans deux semaines en… Guadeloupe, l’Aquitain a assuré le spectacle en gagnant le scracth, la poursuite et l’élimination.

Virginie Cueff, elle, a prolongé sa belle série de titres nationaux. Vingt-quatre heures après avoir été sacrée en vitesse, la Bretonne a raflé le 500 mètres en 34″849, laissant Sandie Clair à 124 millièmes de seconde et Olivia Montauban à 286 millièmes.

Les champions du soir :

• 500 mètres Dames : Virginie Cueff (Bretagne)
• omnium Dames : Laurie Berthon (Rhône-Alpes)
• vitesse individuelle Messieurs : Quentin Lafargue (Provence)
• omnium Messieurs : Thomas Boudat (Pays de la Loire)