Brice, après avoir vu successivement Benoît Jarrier et Armindo Fonseca s’échapper, c’est Jean-Marc Bideau qui était à l’avant dans la dernière étape britannique…
Ca lui tenait à cœur de s’échapper vers Londres, même si l’étape était promise aux sprinteurs. Il voulait être à l’avant samedi mais c’est Benoît qui a lancé la première. Dimanche, rebelote, lui qui voulait vraiment faire partie de l’échappée a été devancé par Armindo. Alors il s’est désigné pour se lancer dans le boulot dans la troisième étape, sachant qu’au pire ça ferait voir le maillot une troisième journée de suite.

Ces échappées à répétition, c’est aussi une manière de remercier ASO de vous avoir fait confiance en vous invitant sur le Tour de France ?
Tout à fait. On mouille le maillot, on montre qu’on est là, qu’on existe. Il ne faut pas oublier cet esprit offensif, c’est aussi important pour le sponsor. Si personne ne s’était désigné pour aller devant, ça n’aurait rien donné à la télé. C’était perdu d’avance, mais il y a toujours une lueur d’espoir. Avec la pluie qui a fait son apparition dans le final, on a déjà vu une échappée aller au bout. Et sur une étape courte comme celle-ci Jean-Marc n’a pas non plus lâché toutes ses forces dans la bataille. Maintenant, le plus grand merci, ça restera de gagner une étape ou de faire un gros truc. J’espère que ça ne saurait tarder.

Quelle image garderez-vous du Grand Départ du 101ème Tour de France en Angleterre ?
La foule ! Qu’on soit en montée, sur le plat, même en descente, il y avait du monde partout tout le temps. C’est ma quatrième participation à un Tour de France, mais je n’avais encore jamais vu cela. Je me rappelle du Grand Départ du Tour à Monaco en 2009, c’était relativement impressionnant aussi, mais Liège comme la Corse n’avaient rien à voir. Maintenant, il faudra retenir que la foule c’est bien mais également dangereux. La plupart des gens font attention, mais il reste des inconscients, des gens qui se prennent en photo avec le peloton qui arrive derrière. C’est très dangereux. Je ne suis pas tombé dimanche mais j’ai tapé un mec comme ça.

Avec la foule, arriviez-vous à entendre les ordres passés dans les oreillettes ?
Le volume va de 0 à 30. Le premier jour, je l’avais mis comme d’habitude à 22. Comme je n’entendais rien j’ai dit tant pis, je vais la mettre à 30. On entend un peu mais ce n’est pas forcément évident. Et je n’ai pas envie de devenir sourd !

Quelles ont été vos sensations sur ces premières étapes ?
Dimanche entre York et Sheffield, ça n’a pas été simple. J’ai vécu une journée très difficile. J’ai accusé un peu le coup dans le final. J’ai eu des crampes, comme beaucoup de coureurs. Je pensais être mieux mais dans le final j’ai coincé. Je suis assez déçu car je me voyais davantage terminer dans le premier ou le deuxième groupe. Mais il faut des battus et des gagnants, c’est comme ça.

A quoi imputez-vous vos crampes ?
Pas nécessairement à un manque d’hydratation mais à l’accumulation des efforts et à la nervosité de la journée avec la foule. C’est un tout. On n’a pas forcément l’habitude de faire des courses comme ça, avec du monde sur le bas-côté de la route. Cela engendre du stress. Le corps ne réagit pas forcément comme d’habitude.

Votre frère Romain a accroché le Top 10 à Londres, c’est une bonne chose ?
Bien sûr, c’est très bien. A 2-3 kilomètres de la ligne, Anthony Delaplace et moi étions à ses côtés, en 25-30ème position. Romain nous a demandé d’attendre quand j’aurais estimé qu’il aurait été mieux devant. Mais il a l’habitude de se débrouiller seul et je pense que ce n’est pas plus mal comme ça. Il prouve qu’il est capable de faire de belles places au sprint. De là à battre un Marcel Kittel… Quoi qu’il en soit Romain est en super forme, ce serait cool qu’il fasse une gagne bientôt !

Quel va être le programme ce soir pour rejoindre la France ?
Après la douche, nous allons monter dans les bus de l’organisation, qui transporteront chacun deux à trois équipes jusqu’à l’aéroport. Il faut bien penser aux passeports pour monter dans l’avion. Arrivés au Touquet, un autre bus nous attendra pour nous conduire à l’hôtel vers 21h00/21h30, où les assistants nous attendront pour un petit massage avant de passer à table. Sur le Tour les assistants ne massent que deux coureurs maximum. Ça va aller relativement vite.

Déjà se profile l’étape d’Arenberg mercredi, qu’en attendez-vous ?
J’aimerais bien faire un bon petit truc sur les pavés, que j’ai appris à aimer. J’ai disputé deux fois Paris-Roubaix, à chaque fois sous le beau temps. Chez les Espoirs, je l’avais fait sur des pavés détrempés, ce n’était pas la même chose. J’espère que mercredi ça ira pour y réaliser une bonne étape.

Propos recueillis à Londres le 7 juillet 2014.