Le Tour en France commence aujourd’hui. Après trois jours passés en Angleterre qui ont soulevé les foules, la caravane débarque sur les plages du Touquet pour passer trois jours sur cette terre de cyclisme qu’est le Nord de la France. Certes, les bords des routes sont nettement moins bondés que ces trois derniers jours, mais ce public qui attendait d’accueillir les coureurs du Tour pour un peu plus qu’une journée, chose qu’il n’avait plus connu depuis 2001 et le Grand Départ de Dunekerque a malgré tout répondu présent. Comme on pouvait s’y attendre, la foule s’amasse dans les Flandres françaises puis dans les abords de la capitale des Flandres. De la côte jusqu’à la frontière, du Touquet jusqu’à la métropole lilloise et le Grand Stade Pierre Mauroy, les Nordistes font la fête au Tour et la fête aux sprinteurs.

Avant ce sprint massif qui paraissait inéluctable pour tout le monde, le public français retrouve son héros : Thomas Voeckler (Team Europcar). A moins que ce ne soit l’Alsacien qui retrouve son public. Déjà en verve en Angleterre lors de la 2ème étape où il avait choisi de se dégourdir les jambes, le voilà de retour à l’avant pour un raid un peu plus long aujourd’hui, le jour où son manager Jean-René Bernaudeau fête ses 58 ans. L’ancien porteur du maillot jaune se dégage après quelques kilomètres pendant que Christopher Froome (Team Sky) se crée quelques frayeurs en chutant en milieu de peloton. Le cuissard déchiré, le vainqueur sortant du Tour repart avec quelques contusions, un bandage au poignet droit et à l’épaule gauche avant l’étape qui comportera neuf secteurs pavés demain entre Ypres et Arenberg.

« Normalement c’est pas possible, mais on va essayer. » Voilà ce que lâche Thomas Voeckler à son seul compagnon de fugue, l’Espagnol, Luis-Angel Maté (Cofidis) lors d’une conversation captée par un micro égaré. Le Français ne se fait aucune illusion alors que les sprinteurs comptent bien mettre à profit une nouvelle étape plane avant de se faire secouer sur les pavés demain lors d’une étape qui est déjà dans toutes les têtes. Le scénario d’hier se répète avec deux hommes que le peloton se garde bien de conserver à vue. 3’30 » d’avance, pas plus. Les hommes rapides ne sont pas disposés à laisser les choses au hasard, qui a parfois bien fait les choses pour l’ancien champion de France, un jour de juillet 2011. Cette même Grande Boucle, terminée par Voeckler en 4ème position, a poussé les équipes à se méfier de l’Alsacien, en tout cas, à éviter à lui laisser une avance substantielle.

Thomas Voeckler se lance vers une offensive en solitaire reprise à 16 kilomètres de l’arrivée

Victorieux sur ces routes lors des 4 Jours de Dunkerque la même année que sa formidable aventure sur le Tour en 2011, il retrouve des routes qu’il affectionne et qu’il a parfois domptées par le passé. Comme ce Mont Cassel transformé pour le besoin du Tour, non pas étonnamment en grimpeur, mais en sprint intermédiaire. Luis-Angel Maté sera d’un soutien utile à Thomas Voeckler avant que celui-ci ne soit gêné par un ennui mécanique. Une première fois dans le Mont Noir, la deuxième et dernière difficulté. Une seconde fois à 55 kilomètres de l’arrivée alors que le peloton est déjà sur leurs talons et que la pluie refait son apparition. Le Français aura attendu l’Espagnol une première fois. Pas la deuxième où il se lance dans une chevauchée aussi courageuse que perdue d’avance. Son avantage se compte en secondes puis atteint la minute.

Après 40 nouveaux kilomètres en solitaire, Thomas Voeckler voit l’avant-garde du peloton fondre sur lui à 16 kilomètres du but. Le final technique passant par les rues de Lille fait peur aux équipes de sprinteurs, mais aussi à ceux des leaders qui ne veulent prendre aucun risque et arriver sains et saufs à Ypres demain. Les rues détrempées en raison des puissantes averses de l’après-midi ne causeront pas de dégâts, sauf pour Peter Sagan, victime d’une petite chute et qui rentre seul sur le paquet au prix d’un gros effort et d’un nouveau numéro d’équilibristes. Le stade Pierre Mauroy se profile déjà à l’horizon et alors que l’Allemagne attend déjà de ses footballeurs un exploit en Coupe du Monde face aux Brésiliens, Marcel Kittel (Giant-Shimano) va montrer le chemin à la Nationalmannschaft.

Le porteur du dossard 101 aura dû s’employer plus que de coutume pour venir chercher ce troisième succès en quatre jours. Le train Giant-Shimano infaillible hier se fait surprendre par Alexander Kristoff (Team Katusha). Lorsque son coéquipier Alexander Porsev s’écarte, le Norvégien met les gaz et crée même un écart qui paraît insurmontable pour Marcel Kittel et tous les autres. Mais le vainqueur de Milan-San Remo parti d’un peu trop loin bute sur le bitume lillois et Marcel Kittel parvient à le remonter de justesse. Placé au cœur d’un petit groupe de sprinteurs au moment où il lance son sprint, Arnaud Démare (FDJ.fr) effectue une remontée formidable, mais se classe finalement 3ème. Bryan Coquard (Team Europcar) confirme quant à lui en prenant la 5ème place. Les jeunes sprinteurs tricolores, pour leur retour dans l’Hexagone, montrent qu’il faudra compter avec eux pour la suite du Tour de France.

Demain, place à l’étape dont tout le monde parle : Ypres-Arenberg, longue de 155 kilomètres, dont 15,4 de pavés.

Classement 4ème étape :

1. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) les 163,5 km en 3h36’39 » (45,4 km/h)
2. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr) m.t.
4. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
5. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) m.t.
6. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) m.t.
7. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
8. Danny Van Poppel (PBS, Trek Factory Racing) m.t.
9. Davide Cimolai (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 17h07’52 »
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 2 sec.
3. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) m.t.
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) m.t.
7. Christopher Froome (GBR, Team Sky) m.t.
8. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
9. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.
10. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) m.t.

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 158 pt
2. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 135 pt
3. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 121 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 82 pt
5. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 48 pt
6. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr) 44 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 42 pt
8. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 38 pt
9. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) 37 pt
10. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 37 pt

Classement de la montagne :

1. Cyril Lemoine (FRA, Cofidis) 6 pt
2. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 5 pt
3. Jens Voigt (ALL, Trek Factory Racing) 4 pt
4. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 4 pt
5. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 3 pt
6. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 2 pt
7. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) 2 pt
8. Perrig Quemeneur (FRA, Team Europcar) 2 pt
9. David De La Cruz (Spa, Team NetApp-Endura) 2 pt
10. Christopher Froome (GBR, Team Sky) 1 pt

Classement des jeunes :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) en 17h07’54 »
2. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 14 sec.
5. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) m.t.
6. Rudy Molard (FRA, Cofidis) à 59 sec.
7. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 1’43 »
8. Anthony Delaplace (FRA, Bretagne-Séché Environnement) à 2’24 »
9. Sébastien Reichenbach (SUI, IAM Cycling) à 2’47 »
10. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 2’48 »

Classement de la combativité :

1. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar)

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 40h33’45 »
2. Astana (KAZ) à 12 sec.
3. BMC Racing Team (SUI) à 14 sec.
4. Team NetApp-Endura (ALL) à 47 sec.
5. Trek Factory Racing (USA) m.t.
6. IAM Cycling (SUI) à 1’01 »
7. Team Katusha (RUS) à 1’20 »
8. Belkin (PBS) à 1’31 »
9. Lampre-Merida (ITA) m.t.
10. Cannondale (ITA) à 1’42 »