Au vu de la traversée des Vosges du week-end dernier, on ne s’aventurera pas à dire que la montagne fait son apparition sur le Tour avec l’entrée dans les Alpes. En une semaine, le Tour a changé de visage. Dans son cadre d’abord où les sommets alpins sont plongés dans une véritable fournaise là où le peloton avait dû composer avec la pluie et des températures indignes d’un mois de juillet en première semaine. Les 197,5 kilomètres entre Saint-Étienne et Chamrousse font perdre les pédales au mercure, encore proche des 30 degrés dans la station qui surplombe Grenoble, malgré les 1730 mètres d’altitude. Le Tour a surtout changé d’un point de vue sportif avec un maillot jaune qui irradie le peloton par sa classe et sa supériorité. Cette première étape alpestre devait être un test pour Vincenzo Nibali (Astana), il sera bien plus que concluant.

Lors des premières étapes de montagne, les tentatives matinales sont bien souvent vouées à l’échec. Jan Bakelants (Omega Pharma-Quick Step), Alessandro De Marchi (Cannondale), Kristijan Durasek (Lampre-Merida), Brice Feillu (Bretagne-Séché Environnement), Bartosz Huzarski (Team NetApp-Endura), Blel Kadri (Ag2r La Mondiale), Rudy Molard (Cofidis), Daniel Oss (BMC Racing Team) et Giovanni Visconti (Movistar Team) estiment sans doute que l’explication entre cadors n’a pas lieu d’être compte tenu de la situation dans lequel se trouve le Tour. Ils se trompent : une avance limitée autour des 4 minutes fait bien vite comprendre aux hommes de tête que jouer la gagne sera impossible.

Au pied du col de Palaquit qui marque l’entrée dans le vif du sujet, seuls quatre hommes ont encore des espoirs de victoire malgré un peloton pointé à à peine plus d’une minute. Blel Kadri fait exploser le groupe, mais le Toulousain grille ses cartouches tandis qu’Alessandro De Marchi dose sciemment ses efforts. L’Italien repart de plus belle et voit son avance dépasser les trois minutes au sommet. Jan Bakelants n’est pas très loin, mais le vainqueur à Risoul sur le Dauphiné l’an dernier ne lève pas le pied pour attendre le Belge. Erreur fatale, car en bas de la descente, une portion de plat pour rejoindre Grenoble épuise un homme seul, largement défavorisé face à un peloton déjà bien réduit après le col de Palaquit. De Marchi est finalement repris à 14 kilomètres de l’arrivée, après quelques kilomètres dans Chamrousse.

Porte et Kwiatkowski perdent pied, les Français résistent, Nibali intouchable.

Alejandro Valverde (Movistar Team) affiche ses ambitions et fait rouler ses équipiers. John Gadret écrème un peu plus le groupe avant que Tanel Kangert (Astana) ne prenne le relais. Il reste encore plus de 12,5 kilomètres à couvrir et pourtant, l’identité des deux grands battus est déjà connue. Déjà limite dans le col de Palaquit, Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step) voit définitivement s’envoler ses ambitions de Top 10 et de maillot blanc. Alors qu’il était désigné comme l’un des plus sérieux rivaux pour contester la victoire à Nibali, Richie Porte (Team Sky) perd lui aussi pied. À l’arrêt, l’Australien ne peut reprendre le leadership du Team Sky après l’abandon de Chris Froome. Il coupe la ligne 8’48 » après le vainqueur du jour. Le podium s’est définitivement éloigné pour le leader improvisé de la formation britannique.

Voyant l’ancien vainqueur de Paris-Nice en difficulté, Thibaut Pinot (FDJ.fr) place une première accélération qui secoue le peloton. Le Français est surveillé, contrairement à Leopold Konig (Team NetApp-Endura) et Rafal Majka (Tinkoff-Saxo) qui parviennent à prendre leurs distances avec le reste du groupe de favoris. Les deux hommes pouvaient espérer une victoire d’étape, mais c’était sans compter sur la volonté de Vincenzo Nibali d’écraser le Tour aujourd’hui à Chamrousse. Nettement supérieur à tous ses rivaux, l’Italien accélère à sa guise. Il construit sa troisième victoire d’étape en trois temps. En accélérant d’abord à 10,5 kilomètres ne laissant dans la roue que Pinot et Valverde qui s’arrachent pour suivre son sillage. Au prix d’une violente accélération quatre bornes plus loin, le Requin de Messine revient sur les deux hommes de tête… avant de les distancer à un peu plus de 3 kilomètres de la ligne.

Privé des deux compagnons de jeu qui pouvaient lui contester son hégémonie, Vincenzo Nibali s’impose plus que jamais comme le patron du Tour. Ce soir il possède 3’37 » sur son dauphin Alejandro Valverde. C’est plus que l’avantage de Chris Froome après le contre-la-montre du Mont-Saint-Michel l’an dernier ! Derrière, les Français vont s’inviter dans la bataille pour le podium. Même si Jean-Christophe Péraud a affiché quelques limites Thibaut Pinot et Romain Bardet ont largement répondu aux attentes. Le premier en mettant Valverde en difficulté, le deuxième en menant la chasse du groupe de poursuite. Les deux jeunes grimpeurs risquent de coupler la lutte pour le maillot blanc à celle d’une place sur le podium final à Paris. Le Tour semble joué, mais le Tour est plus que jamais excitant !

Demain, la deuxième étape alpestre sera tracée entre Grenoble et Risoul (177 km) par le Lautaret et l’Izoard.

Classement 13ème étape :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) les 197,5 km en 5h12’29 » (36,6 km/h)
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 10 sec.
3. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) à 11 sec.
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 50 sec.
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 53 sec.
6. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 1’23 »
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Laurens Ten Dam (PBS, Belkin) à 1’36 »
9. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’09 »
10. Frank Schleck (LUX, Trek Factory Racing) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 56h44’03 »
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 3’37 »
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 4’24 »
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 4’40 »
5. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 5’19 »
6. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 6’06 »
7. Bauke Mollema (PBS, Belkin) à 6’17 »
8. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Lotto-Belisol) à 6’27 »
9. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 8’35 »
10. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) à 8’36 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 341 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 191 pt
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 172 pt
4. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 167 pt
5. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 118 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 117 pt
7. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 117 pt
8. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 115 pt
9. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) 87 pt
10. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 81 pt

Classement de la montagne :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 70 pt
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 51 pt
3. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 41 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 40 pt
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 40 pt
6. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 34 pt
7. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) 32 pt
8. Alessandro De Marchi (ITA, Cannondale) 28 pt
9. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) 26 pt
10 Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) 22 pt

Classement des jeunes :

1. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) en 56h48’27 »
2. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 16 sec. »
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 4’27 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 37’50 »
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 1h15’22 »
6. Jon Izagirre (ESP, Movistar Team) à 1h21’04 »
7. Tom Jelte-Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 1h27’08 »
8. Rudy Molard (FRA, Cofidis) à 1h35’18 »
9. Benjamin King (USA, Garmin-Sharp) à 1h35’19 »
10. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1h44’40 »

Classement de la combativité :

1. Alessandro De Marchi (ITA, Cannondale)

Classement par équipes :

1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 170h27’17 »
2. Belkin (PBS) à 9’24 »
3. Team Sky (GBR) à 23’46 »
4. Astana (KAZ) à 29’20 »
5. BMC Racing Team (USA) à 33’31 »
6. Movistar Team (ESP) à 45’25 »
7. Team Europcar (FRA) à 55’33 »
8. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 1h00’15 »
9. Lampre-Merida (ITA) à 1h00’40 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 1h02’14 »