Vainqueur dès le Tour Down Under pour sa rentrée, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) n’avait ce matin toujours pas pu lever les bras une seconde fois cette saison. Sa performance sur le GP E3 il y a deux jours laissait même penser à ses détracteurs que les jambes du slovaque ne répondraient pas présentes sur les flandriennes cette saison. C’était peut-être une analyse prématurée, tant le champion du monde peut gagner n’importe quand. D’autant plus sur Gand-Wevelgem, une des classiques qui correspond le mieux à ses qualités et à sa pointe de vitesse. L’occasion était trop belle aujourd’hui, et c’est en patron qu’il a remporté le sprint après presque six heures de course. Le voilà désormais co-recordman de l’épreuve et rejoint dans les annales Robert Van Eenaeme, Rick Van Looy, Eddy Merckx, Mario Cippolini et Tom Boonen.

Mais si sprint il y a eu, on ne peut pas dire qu’il fut massif. La faute à une course lancée à toute vitesse loin de l’arrivée, comme on en a l’habitude dès que des pavés se présentent sous les roues des coureurs. Si l’échappée matinale de Jimmy Duquennoy (Veranclassic), Frederik Frison (Lotto-Soudal), Filippo Ganna (UAE Team Emirates), José Goncalves (Katusha-Alpecin), Brian Van Goethem et Jan-Willem Van Schip (Roompot-Nederlandse Loterij) avait lancé les hostilités, c’est juste avant le premier passage du Mont Kemmel que les choses sérieuses ont démarré. L’ascension grimpée à toute vitesse permit aux BMC, du tenant du titre Greg Van Avermaet, de prendre les choses en matin.

Les plugstreets qui suivirent la descente les aideront à faire quelques petites cassures. Ces chemins de gravier, comparables aux ribinous du Tro Bro Leon ou encore aux routes empruntées par les Strade Bianche, pimentent parfaitement cette partie du parcours depuis leur apparition l’année dernière. Cette accélération aura toutefois été insuffisante pour faire exploser le paquet avec le dernier passage sur le Kemmel, mais les organismes les plus faibles auront été entamés. Pas d’attaque lors de la dernière montée située à 35 kilomètres de l’arrivée, et tous les favoris se retrouvent dans un groupe d’une trentaine d’hommes forts. Les attentions se portent alors sur Arnaud Démare (Groupama-FDJ), Peter Sagan et Elia Viviani (Quick-Step Floors), les trois plus rapides sur le papier.

Pourtant, l’entente à l’avant est bonne et même les non sprinteurs font leur part du travail. L’équipe Quick-Step, presque comme d’habitude en surnombre, assure de gros relais dans le final pour son sprinteur italien. Et ce ne sont pas les quelques offensives dans les trois derniers kilomètres qui empêcheront la course de se jouer au sprint. Mais Viviani va tomber sur un os, porteur du maillot arc-en-ciel pour la troisième saison. S’il revient dans les derniers mètres, le vélo d’écart que conserve Sagan sur la ligne ne souffre d’aucune contestation.

Au grand dam du transalpin, qui fond en larmes après la ligne. De tristesse d’être passé si près d’une classique ? De rage de n’avoir pu conclure le travail de son équipe ? De frustration de s’être laissé enfermé, avec Arnaud Démare, sur la droite de la route ? Peut-être un peu de tout ça. Mais s’il y en a un qui n’avait pas la larme à l’oeil sur le podium, c’était bien Peter Sagan. Rayonnant de pouvoir montrer qu’il sait toujours gagner. – Adrien Godard

Classement :

1. Peter Sagan (SVQ, Bora-Hangrohe) les 250,8 km en 5h53’35 »
2. Elia Viviani (ITA, Quick-Step Floors) m.t.
3. Arnaud Démare (FRA, Groupama-FDJ) m.t.
4. Christophe Laporte (FRA, Cofidis) m.t.
5. Jens Debusschere (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
6. Oliver Naesen (BEL, Ag2r La Mondiale) m.t.
7. Matteo Trentin (ITA, Michelton-Scott) m.t.
8. Zdenek Stybar (RTC, Quick-Step Floors) m.t.
9. Jasper Stuyven (BEL, Trek-Segafredo) m.t.
10. Wout Van Aert (BEL, Verandas Willems-Crelan) m.t.