Vous avez remporté la classique Redon Redon, dimanche. C’était important de faire gagner l’équipe sur ses terres ?

C’est sûrement la plus belle victoire de ce début de saison, même si j’ai remporté une manche de la Coupe de France. Une classique bretonne quand on est dans une équipe de DN1 en Bretagne, c’est hyper-important. Ce n’est jamais évident de mettre au fond parce qu’il y en a pas tant que ça et que l’adversité est au rendez-vous. En plus, cette course me correspond parfaitement, je l’avais déjà gagnée. Il y avait également un monde fou comme d’habitude, c’était vraiment top. 

Cette fois-ci, vous avez levé les bras en solitaire. Une victoire différente de celle en 2014 à Redon. 

C’est vrai que la première fois que je l’avais gagné, c’était à l’issue d’un sprint massif et c’était également incroyable. L’effort dans la dernière bosse est vraiment très difficile, surtout au sprint. Mais c’est sûr qu’en solitaire, on a le temps de voir arriver la victoire. Surtout que j’avais une avance conséquente et j’ai pu me relâcher dans la dernière montée. C’était vraiment super. 

Avec quatre victoires, vous effectuez un énorme début de saison. Comment jugez-vous vos sensations ?

C’était surprenant d’être aussi bien sur les Plages Vendéennes où je gagne une victoire d’étape et le classement général. J’étais surpris de ma forme. Et lorsque je me suis présenté sur La Melrandaise, je me sentais vraiment très fort. Même si je suis tombé, ce qui m’a ralenti dans mon élan, j’ai quand même réussi à gagner ce jour-là. J’ai tout de même subi quelques séquelles de cette chute. Les week-ends suivants, j’étais dans le dur et ma main me gêne toujours actuellement. Je pense que sans cette chute, mon début de saison aurait pu être encore plus beau, car j’ai de bonnes sensations, que j’ai retrouvées dimanche à Redon. 

Avez -vous des objectifs personnels sur le général de la Coupe de France ? Des objectifs d’équipe ?

Personnellement, je n’ai pas vraiment d’objectif au classement général, car le classement individuel n’est pas forcément mis en avant. Celui par équipe est bien plus valorisé. Mais l’objectif de Côte d’Armor au début de l’année était de se maintenir. Le maintien est quasiment assuré après trois mois cette saison, donc il n’y a plus de pression. Cela va nous permettre de ne viser que la victoire sur les autres manches de la Coupe de France. Ce sont les plus belles épreuves que l’on dispute tout au long de l’année. Donc quand on gagne, cela nous permet de briller sur des courses références. Ca aide surtout l’équipe, que ce soit pour son rayonnement en Bretagne ou pour trouver de nouveaux partenaires. 

En 2017, vous aviez raflé 18 victoires. Rééditer cette performance est un objectif pour 2018 ? 

 

C’est vrai qu’en 2017, les victoires s’enchaînaient et cela a donné 18 victoires. L’année d’avant, je n’avais fait qu’une demi-saison et j’avais tout de même remporté 10 victoires. Parfois, on en gagne 10, parfois 20, parfois 5. Cela dépend également des courses remportées. Chaque année est différente. L’équipe qu’il y a autour de moi a également son importance. En 2017, j’ai souvent gagné, car j’avais d’excellents coéquipiers, très forts, ce qui me permettait de me libérer dans le final. Ce n’est pas forcément le cas cette année. On a une bonne équipe, mais elle n’est pas aussi forte qu’en 2017. L’année passée, je pouvais remporter des courses alors que je n’étais pas forcément au top, grâce à des Maxime Cam, Adrien Legros, j’arrivais à mettre au fond. Cette année, c’est quand même bien plus dur. Il y a plus de jeunesse, et je ne suis pas là que pour m’imposer même si c’est mon rôle de montrer l’exemple. 

Vous êtes l’un des plus expérimentés de Côte d’Armor Marie Morin Véranda Rideau. Tenez-vous le rôle du grand frère ?

Oui. Je suis le plus ancien de la maison. J’étais déjà là avant que les nouveaux dirigeants arrivent. Je connais bien la maison. Donc je dois montrer la voie et ça passe par une attitude exemplaire en course et des résultats qui vont avec. Je dois également décomplexer les jeunes par rapport aux manches de Coupe de France, aux enjeux en termes de communication et de présence sur les classiques. Il faut les guider vers le chemin de la victoire car dans le vélo et dans le sport en général, on ne retient que les vainqueurs. Mais je pense qu’ils prennent confiance en eux, lorsqu’on voit ce que fait Alexis Renard ou Owen James, qui a gagné ce week-end. 

Quels sont les prochains gros objectifs de votre saison ? 

Je n’ai rien coché. J’ai un gabarit qui se prête à tous les terrains, surtout en amateur. Du coup, je ne me fixe pas forcément d’objectif. Autant, l’année dernière, je m’étais fixé l’objectif du Tour d’Alsace. C’était surtout un défi, car il y avait des étapes de montagne. Cette année, nous ne l’avons pas au programme. Je n’ai pas préparé une course en particulier. Il n’y en a pas qui se dégage du lot. C’est sûr que le Tour de Bretagne est très important pour l’équipe, mais je ne vais pas axer ma préparation pour cette échéance. Je prends toutes les courses comme objectif, car je suis capable de faire des résultats un peu partout. Je vais sûrement relâcher du lest au Tour du Loire et Cher pour aborder le Tour de Bretagne avec les meilleures jambes possible. Je pense qu’il faut prendre les choses comme elles viennent et rester concentré parce que, quand on a le profil que j’ai, on peut potentiellement faire des résultats un peu partout. 

Vous semblez tres fort. Avez-vous l’envie et les opportunités pour repasser dans le monde professionnel ? 

L’année dernière, j’avais fait le choix de rejoindre l’Armée de Terre pour revenir en professionnel en 2018. Cela ne s’est pas fait pour les raisons que l’on connaît tous. Dans ma tête, je m’étais dit que c’était la dernière chance. Sojasun qui s’arrête quand je suis professionnel, l’Armée de Terre qui fait de même alors que j’allais revenir dans le monde pro… c’est dur de s’en relever. Après, il ne faut pas se focaliser là-dessus parce que ce n’est pas moi qui ai les clés de cette porte. Je pense que c’est plus les directeurs sportifs des équipes pro qui ont la solution. Pour ma part, je reste sérieux dans ce que je fais et je vois que je progresse encore, à 29 ans. Donc je n’ai pas envie de faire une croix sur le monde pro, peut-être qu’eux en ont fait une. Mais si jamais on m’appelle pour me dire « j’ai une place pour toi », je ne dirais pas non, car j’ai vraiment envie de voir ce que je peux donner à l’échelon supérieur. 

-Propos recueillis par Léo Labica