Après avoir été aux manettes de 1988 à 1992, les suisses de Tissot ont repris les rênes du temps sur le Tour de France depuis l’année dernière. Quelques minutes avant l’arrivée de la 7ème étape, ils nous ont ouvert la porte de leur cabine qui domine la ligne, pour nous permettre de comprendre un peu plus précisément le fonctionnement de l’horloge sur la Grande Boucle. Sans penser que la photo-finish, un de leurs outils phares, allait être au cœur de l’attention du Tour après l’arrivée. Voici le fonctionnement, dans le détail, du système chronométré du Tour.

Pour commencer, honneur à messieurs les commissaires de course. Ce sont eux qui sont situés en tête de gondole, les yeux sur la ligne. Ils arrivent environ une demi-heure avant le fin de l’étape, histoire de prendre leurs marques. Posé devant eux, l’appareil de chronométrage du Tour de France. Dès que le premier coureur franchit la ligne, le temps indiqué sur le tableau et à la télévision s’arrête. C’est à cette seconde que la photo-finish entre en jeu. Deux caméras sont présentes de part et d’autre de la ligne et ont enregistré tous les passages. C’est alors que le résultat est envoyé le plus vite possible à la télévision et au protocole. Pendant ce temps, les juges regardent la fameuse photo et confirment le classement des dix premiers en une vingtaine de secondes. Autant dire qu’aujourd’hui la tâche n’a pas dû être simple, puisqu’il a fallu attendre de longues minutes avant que le vainqueur ne soit officiellement déclaré.

Seulement trois dix-millièmes de seconde ont séparé Marcel Kittel (Quick-Step Floors) et Edvald Boasson Hagen (Dimension Data). Un écart qui a pu être définit ainsi grâce à la précision de l’appareil au dix-millième de seconde. Il nous a été assuré que c’était toujours possible de départager les coureurs. Et encore ce soir cette affirmation est vérifiée. Les caméras prennent dix mille images par secondes. Seules trois images départagent donc les deux meilleurs sprinteurs du jour. Pour le Tour de France, il y a même une troisième caméra de photo-finish, spécialement destinée à la télévision. Ceci afin de ne pas gêner les juges lorsqu’ils débattent et permettre aux téléspectateurs de se faire leur avis.

Avant la validation définitive des juges, les classements sont donc envoyés sur un autre poste de la cabine, le poste de classement. La télévision reçoit en priorité ces informations, ce qui lui permet de montrer les classements provisoires. La version définitive est disponible dès que les commissaires ont discuté entre eux et décidé d’éventuelles pénalités. Ainsi, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) avait dans un premier temps été classé à Vittel, avant d’être déclassé après une heure de discussion. Dans ce cas-là, les chronométreurs attendent la décision finale et en sont avertis en priorité. Le contrôle des classements est alors effectué avec les juges puis l’annonce des résultats définitifs est fait à la presse.

Mais il n’y a pas que sur la ligne d’arrivée que ce système est présent. Les sprints intermédiaires ont eux-aussi leur dispositif spécial. Deux personnes jugent de la même façon et envoient les résultats à la cabine d’arrivée. C’est spécifique au Tour de France car quinze coureurs marquent des points, contre trois lors de quasiment toutes les autres courses.

La règle des trois kilomètres vient elle aussi imposer un dispositif supplémentaire à Tissot. Pour cela interviennent les transpondeurs, de petits boîtiers d’un centimètre carré placés en bas du cadre de chaque coureur. Cela permet juste d’identifier un coureur et non pas de le classer, le système n’étant pas assez précis. Ainsi, un chronométreur se positionne dans une voiture et dès que les coureurs passent devant lui, les informations sont envoyées à la cabine. Puis, en cas de chute ou d’incident, les juges décident de l’application ou non de la règle.

Le système est donc très complet. Mais nous ne vous avons pas encore parlé de l’épreuve contre-la-montre. A Marseille, le 22 juillet, quinze personnes seront présentes pour assurer la bonne gestion du chronomètre contre six ou sept sur une étape en ligne. En effet, un chronométreur doit être présent au départ, où des cellules détectent quand le coureur part, et déclenchent son temps. Aux points intermédiaires, deux cellules sont installées et deux systèmes de chronométrage. Les temps sont alors rapatriés sur la ligne d’arrivée puis le temps, la vitesse et les classements calculés sont envoyés à la télévision. A l’arrivée, deux cellules sont aussi présentes et arrêtent le temps de l’athlète. Toutes les informations sont alors retransmises en instantané. Il y a beaucoup plus de monde pour les épreuves chronométrées car les points intermédiaires fonctionnent comme les lignes d’arrivée. C’est donc un autre déploiement, plus complexe.

Le tout fonctionne donc à l’aide de trois appareils spécifiques : les caméras de photo-finish, les transpondeurs et l’appareil de chronométrage. Un arsenal qui permet une précision importante, comme l’a prouvée l’entreprise suisse ce soir, en plus d’une collaboration étroite avec la télévision qui donne des résultats quasi-immédiat. Un travail de qualité, indispensable à la grandeur du Tour de France. – Adrien Godard