Il y a un an, pour aller dans le sens des mesures prises au sein de la squadra azzurra, dont le maillot est interdit de port par des coureurs ayant été impliqués dans une affaire de dopage, la Fédération Italienne de Cyclisme avait suggéré l’idée de barrer l’accès du Championnat d’Italie à ces mêmes contrevenants. La mesure devait entrer en vigueur cette saison, il n’en aura finalement rien été. A Borgo Valsugana (Trentin-Haut-Adige), où se dispute le championnat aujourd’hui sur un circuit ardu, le ciel gronde. Des coureurs dont les lignes de palmarès équivalent au nombre de procédures dont ils ont fait l’objet, le peloton transalpin en regorge. Et ils sont là, rangés en ordre de bataille, prompts à conquérir le maillot tricolore une fois que l’orage sera passé et qu’aux chutes d’eau succédera un franc soleil, qui cognera fort et asséchera la route aspergée.

Avant d’entrer sur le circuit de 13,8 kilomètres à parcourir quinze fois, treize coureurs profitent de la portion en ligne de 47 kilomètres pour prendre la fuite. Il y a là Baggio, Bandiera, Belletti, Caccia, Cimolai, De Marchi, Delle Stelle, Donati, Guardini, Locatelli, Modolo, Palini et Viviani. Et le désintérêt initial du peloton permet à ce beau petit groupe d’atteindre le circuit de Borgo Valsugana doté de six bonnes minutes d’avance. La partie peut alors commencer. Le tracé trentinois comporte une ascension de 3,2 kilomètres à 6,7 %. Il ne s’écoule pas 10 kilomètres sans que la course se rengage dans cette difficulté. Sur ce profil pour grimpeurs, Michele Scarponi (Lampre-ISD) et Daniel Oss (Liquigas-Cannondale) ont bientôt des fourmis dans les jambes. Ils contre-attaquent à 130 kilomètres de l’arrivée, viennent se greffer au groupe de tête et provoquent une réaction violente du peloton, qui se réduit par l’arrière pour se résumer aux meilleurs.

La présence de Scarponi dans le groupe de tête inquiète, et il y a de quoi. Il finit par lâcher tous les membres de l’échappée initiale pour se retrouver seul devant à trois tours de l’arrivée. Il ne sera revu que par Moreno Moser et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale), Giampaolo Caruso (Team Katusha), Danilo Di Luca (Acqua & Sapone) et Franco Pellizotti (Androni Giocattoli) à 25 kilomètres de l’arrivée. Le titre se jouera entre ces garçons, mais Franco Pellizotti est le plus costaud. Il insiste dans la dernière ascension à 10 kilomètres du but et s’en va cueillir le maillot vert-blanc-rouge… un mois après le terme d’une suspension de deux ans pour irrégularités dans le passeport biologique. Un vainqueur grinçant pour une fédération italienne qui s’était juré d’écarter ce type de garçon de ses championnats. Et un retour des plus fracassants pour le Frioulan.

Classement :

1. Franco Pellizotti (Androni Giocattoli) les 254 km en 6h43’12 » (37,8 km/h)
2. Danilo Di Luca (Acqua & Sapone) à 27 sec.
3. Moreno Moser (Liquigas-Cannondale) m.t.
4. Giampaolo Caruso (Team Katusha) m.t.
5. Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) à 2’11 »
6. Michele Scarponi (Lampre-ISD) à 2’13 »
7. Simone Ponzi (Astana) à 2’30 »
8. Daniele Ratto (Liquigas-Cannondale) à 3’11 »
9. Francesco Gavazzi (Astana) m.t.
10. Matteo Rabottini (Farnese Vini-Selle Italia) m.t.