Ces derniers jours, on a tout lu, tout entendu, s’agissant de la côte de Cherave, cette trouvaille des organisateurs dénichée en surplomb de la Meuse, à deux pas seulement du Mur de Huy. Une montée d’une distance égale à celle du Mur, 1300 mètres, bien qu’un tantinet moins raide (8,1 % versus 9,6 %), située suffisamment près du juge de paix traditionnel de la Flèche Wallonne pour attirer des audacieux dans son champ d’attraction. Cherave a fait couler beaucoup d’encre, rivalisant avec le Mur de Huy dans les chroniques, mais on ne casse pas un mythe d’un coup de baguette magique.

Au-delà des discussions, il faut admettre que la course va bel et bien tourner autour de cette nouvelle bosse, plus difficile et plus proche du but que ne l’était l’an passé la côte d’Ahin. Quand le peloton s’y présente, il n’a plus qu’à tendre la main pour rattraper les deux attaquants sortis en éclaireurs dans la précédente ascension du Mur de Huy à 29 kilomètres de l’arrivée : Luis-Leon Sanchez (Astana) et Giovanni Visconti (Movistar Team). Les deux hommes auront été les premiers à revoir et éradiquer les rescapés d’une échappée matinale lancée peu après le départ de Waremme par Jérôme Baugnies (Wanty-Groupe Gobert), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Brice Feillu (Bretagne-Séché Environnemnent), Reinier Honig (Team Roompot), Daniele Ratto (Unitedhealthcare), Mike Teunissen (Team LottoNL-Jumbo) et Pieter Vanspeybrouck (Topsport Vlaanderen-Baloise).

Mais la côte de Cherave sonne le glas de leurs ambitions. Un glas qui a tinté plus tôt pour Philippe Gilbert (BMC Racing Team), balancé au sol à 50 kilomètres de l’arrivée et touché sur tout le côté droit, comme pour Chris Froome (Team Sky), impliqué dans la dernière des nombreuses chutes massives juste avant la fameuse côte de Cherave. Il aura bien fallu la présence de cette difficulté sur le tracé du prochain Tour de France – le final de la troisième étape sera en tout point identique à celui de cette Flèche Wallonne – pour obliger l’Anglais à repartir et se coltiner, le corps meurtri, la reconnaissance des derniers kilomètres.

Vincenzo Nibali (Astana), lui, ne se contentera pas d’une simple observation. Le vainqueur sortant du Tour de France n’a pas l’intention d’attendre la sempiternelle confrontation musclée sur les rampes verticales du bien nommé Mur de Huy. Il prend le risque de griller une cartouche dès Cherave sans se délester d’un peloton qui, s’il se réduit, ne rompt pas. Seul le Limbourgeois Tim Wellens (Lotto-Soudal), Wallon de par le sang maternel, réussit à gicler à la faveur de cette avant-dernière difficulté… avant de s’écraser dans le Mur 5 kilomètres plus loin.

Si elle n’aura pas accouché du vainqueur, les favoris étant restés attachés à la course de côte qui fait le dénouement traditionnel de la Flèche Wallonne, la côte de Cherave aura néanmoins provoqué une sélection plus importante que d’habitude. Il n’y a plus qu’une trentaine de coureurs au pied du Mur, et plus tellement d’équipiers pour donner du rythme dans l’ascension du Chemin des Chapelles. On montera donc au train en retardant autant que possible le sprint final, que lance Alejandro Valverde (Movistar Team) en vue de la dernière ligne droite. Déjà deux fois vainqueur à Huy en 2006 et 2014, l’Espagnol à l’énorme palmarès, encore 2ème de l’Amstel Gold Race dimanche, s’en va mettre dans le mille une troisième fois. Sous le regard du Français Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), épatant 2ème en haut d’un Mur de Huy qui aura gardé la cote.

Classement :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) les 205,5 km en 5h08’22 » (40,0 km/h)
2. Julian Alaphilippe (FRA, Etixx-Quick Step) m.t.
3. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
5. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
6. Alexis Vuillermoz (FRA, Ag2r La Mondiale) à 4 sec.
7. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) m.t.
8. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) m.t.
9. Tom-Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) m.t.
10. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.