L’étiquette « d’enfant terrible du cyclisme belge » lui avait été attribuée dès son plus jeune âge. Et elle lui collait à la peau, le tirant inéluctablement vers les abîmes quand le coureur aspirait à côtoyer les sommets. Ses frasques rocambolesques renforçaient contre son gré le mythe du coureur maudit. Des affaires de dopage avaient précipité la fin de ce champion mort-né qui errait d’équipe en équipe, traînant sa misère ici et là et multipliant les écarts de conduite d’une année sur l’autre. Comme s’il ne pouvait en être autrement, la vie de Frank Vandenbroucke s’est terminée de manière tragique il y a un an. C’était le lundi 12 octobre au soir et nous apprenions la découverte du corps inerte du coureur belge, retrouvé mort dans la chambre d’un hôtel miteux du Sénégal, où il s’était isolé le temps d’une dizaine de jours pour profiter d’un peu de vacances.

Un an après le drame, on ne sait toujours pas très bien ce qui a emporté Frank Vandenbroucke ni à quoi ont pu ressembler les dernières heures de sa vie. Un examen médical mené sur place avait conclu à une double embolie pulmonaire, doublée d’une maladie cardiaque jamais découverte auparavant. Mais le mystère s’est épaissi. VDB n’était pas seul la nuit de son décès. Il était descendu dans un hôtel avec une Sénégalaise de 30 ans, la dernière à l’avoir vu vivant. La jeune femme avait d’ailleurs été suspectée de l’avoir dépouillé de ses deux téléphones portables et d’une somme de 300 euros avant de prendre la tangente puis d’être retrouvée. Mais elle ne fut pas poursuivie. Le décès brutal de Vandenbroucke a ému la Belgique et le monde du cyclisme, qui a aujourd’hui une pensée pour lui.

La victoire du champion belge dans Liège-Bastogne-Liège en 1999 avait marqué le couronnement de la carrière d’un coureur dont on pressentait alors le meilleur. Il n’avait alors que 24 ans et s’était déjà imposé au préalable sur Cholet-Pays de Loire et Paris-Bruxelles (1995), le Tour Méditerranéen et le Grand Prix Ouest-France (1996), le Tour de Luxembourg (1997), Paris-Nice et Gand-Wevelgem (1998) et le Circuit Het Volk (1999). Puis il avait sombré, rattrapé par des affaires de dopage à répétition, des querelles judiciaires, des accidents, des mises à pied, une tentative de suicide… Fragile intérieurement, Frank Vandenbroucke n’en demeurait pas moins idolâtré par ses fans. Son parcours était apocalyptique mais le Wallon préservait l’envie de demeurer coureur cycliste. Car le vélo était sa passion.