Rudi, tu as déjà participé aux Jeux de Pékin il y a quatre ans, qu’attends-tu cette année de ceux de Londres ?
J’y étais effectivement déjà à Pékin et c’est à nouveau un objectif majeur pour moi d’y être à Londres. Cette année en particulier, je souhaite réaliser un bon résultat aux Jeux Olympiques. Je suis tout près d’être qualifié dans l’équipe des Pays-Bas, quasi sélectionné d’office. Je n’ai qu’à montrer cette année que je suis toujours dans le coup. Si je dois chiffrer mon ambition, disons que je vise un Top 8 à Londres. J’ignore jusqu’où je peux m’approcher du podium. Je pense qu’il est encore un peu hors de portée pour moi.

As-tu déjà repéré le circuit olympique ?
Je n’ai pas participé au test olympique. C’était juste avant des courses importantes pour me qualifier moi-même. J’ai donc déclaré forfait pour ce premier contact avec le circuit mais le sélectionneur national y est allé avec de jeunes pilotes et j’ai vu des vidéos sur le parcours. J’ai entendu qu’il allait être un petit peu modifié donc j’irai le découvrir avant. Ma première opinion, c’est que c’est un circuit typiquement olympique. C’est un peu plus ouvert, très bien pour les spectateurs et la télé, mais il faudra être en super condition pour gagner.

Le team Multivan Merida se rendra à Londres après Houffalize mi-avril, quand trancheras-tu entre l’utilisation d’un 26″ ou d’un 29″ ?
Je pense que le 29″ sera le mieux pour cette course. Normalement, c’est ce que j’utiliserai, mais on verra après avoir vu le terrain et ses difficultés. Je prendrai ma décision finale après ce test en avril. Pour le reste, il n’y a pas un vélo meilleur que les autres, ça dépend de chacun.

Les Pays-Bas disposeront cette année de deux places dans l’équipe nationale ?
Oui, il y a deux places en jeu pour les Néerlandais mais le deuxième doit encore se qualifier pour assurer cette place. J’espère qu’il y parviendra de manière à ce que je puisse disposer d’un compagnon d’entraînement là-bas pour les Jeux.

Quand as-tu prévu d’arriver en forme ?
Mon premier pic de forme n’interviendra pas à Pietermaritzburg mais je devrais m’y présenter en bonne condition néanmoins, en particulier après avoir disputé des étapes de l’Andalucia Bike Race avec José-Antonio Hermida. Je pense qu’il me sera possible d’être prêt pour la première Coupe du Monde en y convoitant une place dans le Top 15 pour prouver à ma fédération que je mérite ma qualification aux JO.

Quand interviendra la décision finale quant à l’équipe des Pays-Bas pour Londres ?
Dès qu’ils auront pris connaissance de ma condition physique donc je pense très bientôt.

Quels souvenirs gardes-tu des Jeux de Pékin ?
C’est un événement très spécial. Tous les sports et les meilleurs athlètes du monde sont rassemblés sur un même site. Votre pays se met soudain à suivre votre discipline, ce qu’il ne ferait sur aucune autre course, pas même un Championnat du Monde. C’est un sentiment très spécial. Chaque nation attend beaucoup de ses athlètes.

Cette fois les Jeux auront lieu en Europe, penses-tu que cela aura une influence sur leur atmosphère ?
Oui parce que pour les gens en Europe, ce sera plus facile de se rendre en Angleterre. Ça fait longtemps que les Jeux Olympiques n’ont pas eu lieu en Europe (NDLR : les derniers remontent à Athènes il y a huit ans). Ce sera plus facile à suivre pour tout le monde et pour nos supporters.

Quand tu as commencé le VTT, qui était ton idole ?
J’ai commencé le VTT tard, dans les rangs Juniors en 2001. En Hollande, le meilleur vététiste était alors Bart Brentjens. Il avait gagné le Championnat du Monde et les Jeux Olympiques. A l’époque, José-Antonio Hermida était déjà devant. C’est quelqu’un qui m’a toujours inspiré également.

Quel regard portes-tu sur la carrière de Bart Brentjens ?
Il a été le premier à porter le VTT en Hollande, à populariser la discipline. C’est un prophète pour moi, je ne peux pas me comparer à lui. Je suis un coureur totalement différent. Je n’ai pas son talent mais je ferai tout ce qui est en ma capacité pour faire aussi bien, même si je ne peux vraiment pas me comparer à lui.

N’est-il pas trop dur pour un Hollandais de choisir entre la route, le cyclo-cross et le VTT ?
En cyclo-cross, ce sont surtout les Belges qui marchent. Nous sommes voisins donc c’est plus facile pour nous de courir sur les courses belges mais nous n’avons pas le même niveau. La route, c’est autre chose. C’est une discipline historique à laquelle les gens apportent plus d’attention. La culture VTT est complètement différente. L’atmosphère est différente. Tu dois être compétitif toute l’année car la première Coupe du Monde arrive tôt et la dernière se présente tard. Si tu veux briller sur ce circuit, il te faut être en forme toute l’année.

Peux-tu imaginer une expérience sur la route dans le futur ?
Je suis un bon grimpeur sur la route mais c’est difficile de m’imaginer passer sur la route. L’étape la plus importante serait de décider un jour de consacrer une saison entière à la route pour s’y tester. Mais je ne peux pas faire ce choix pour l’heure. Bien sûr, faire le Tour de France serait un rêve pour moi. C’est si énorme. Peut-être un jour mais pour le moment non.

Quel est ton pronostic pour Londres ?
Jaroslav Kulhavy est à mes yeux le grand favori. Derrière, il y a du beau monde avec Julien Absalon, Nino Schurter et José-Antonio Hermida. Ils sont assez proches les uns des autres. Disons Hermida et Schurter pour les deux autres médailles. Désolé pour Absalon. Mais je vais me rattraper ! Je mettrais Julie Bresset sur la première marche des filles. Elle est jeune et elle progresse encore. Elle est déjà la n°1. A ses côtés, c’est très difficile, je pense Maja Wloszczowska et pourquoi pas Gunn-Rita Dahle !

Propos recueillis à Playa de Muro le 11 février 2012.