Julien, comment as-tu récupéré de ta chute à Pietermaritzburg ?
Ça va beaucoup mieux. Mais la convalescence a été longue. Du moins égale à ce que l’on m’avait annoncé. En tant que sportif, on espère toujours gratter du temps. Quand on m’a dit que je devais m’arrêter pour trois semaines et demie, je pensais qu’en deux semaines ce serait bon. Mais clairement il a bien fallu trois semaines pour qu’il n’y ait plus de douleur. Les côtes, c’est vraiment embêtant, car ça fait mal tout le temps, la nuit comme le jour. J’ai dû observer vingt bons jours de repos total avant de reprendre dans un premier temps sur la route. Il a fallu trois semaines et demie pour que je reprenne le VTT, et encore, pas de manière extrême. Le trait était tiré sur la fin de saison.

Pourtant, tu semblais sous-entendre que le Roc d’Azur pourrait être l’un de tes objectifs.
J’ai un peu hésité à un moment à préparer le Roc en me disant que s’il ne me fallait que quinze jours de repos, j’allais pouvoir enquiller. Mais il a fallu que je reste au repos plus longtemps. Je suis en phase de reprise. Il n’y a plus de douleur du tout. Je peux à nouveau rouler correctement en VTT. Comme j’ai dû observer cette période de repos plus longue que prévue au mois de septembre, je vais faire une période de cyclo-cross un peu plus conséquente que ce que j’avais prévu. Par contre, je ne ferai pas d’Enduro cet hiver, je ne vais pas prendre de risques. Il était prévu que je cours la finale des Enduro World Series à Finale Ligure ce week-end, mais finalement je n’irai pas. Par contre, je serai sur une course régionale de cyclo-cross, puis j’enchaînerai avec des courses de niveau national en novembre.

Disputeras-tu des manches de Challenge National ?
Non, malheureusement ils n’ont rien trouvé de mieux que de placer la première manche du Challenge (à Saint-Etienne-lès-Remiremont) à 2,5 kilomètres de chez moi le week-end du Roc d’Azur ! C’est vraiment stupide que la fédération choisisse cette date. Si ça avait été le week-end suivant, ça aurait été avec plaisir. Mais dimanche, la première manche s’est déroulée à quatre minutes de chez moi en vélo, et je ne pouvais pas y être. Les deux manches suivantes sont en Bretagne et en Normandie et c’est trop loin pour moi. En plus, ce sera plus loin dans la saison. Je commencerai ma saison à Marle le 1er novembre, puis à Saint-Julien-les-Combes avec, à chaque fois, un plateau intéressant où je pourrais me frotter aux meilleurs spécialistes : John Gadret, Steve Chainel, Francis Mourey, etc.

Par contre, comme tu le dis, tu ne feras pas d’Enduro, une discipline qui te tiens pourtant très à cœur…
Oui, cela fait déjà un certain temps que je dis que j’arrêterai ma carrière en deux phases. Le jour où j’arrêterai le XC olympique, je ferai deux années d’Enduro. Reste à savoir quand : si c’est dès la fin de l’année prochaine ou après les Jeux de Rio.

Tu n’as donc pas encore pris ta décision ?
Non, mais je ne vais pas tarder. Je la prendrai au printemps 2014. Si d’ici là je parviens à retrouver le niveau que j’avais cette année, à me montrer que je suis capable d’être parmi les tout meilleurs et que la motivation est là, je déciderai de continuer deux années de plus pour aller jusqu’à Rio. L’année dernière, je ne savais vraiment pas. Il ne faut jamais fermer la porte parce qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et franchement, je n’en avais aucune idée. Après cette saison 2013 et le niveau que j’ai réussi à retrouver, on peut dire que ça s’envisage bien. Si j’arrive à passer un bon hiver, ce sera bon. Si je parviens à retrouver mon niveau de cette année, je poursuivrai jusqu’à Rio.

L’Enduro ce ne sera donc pas pour tout de suite, mais comment juges-tu l’évolution de la discipline cette année ?
C’est clairement la discipline en vogue. Elle répond aux attentes des pratiquants. Elle est en train de se professionnaliser, mais il faut encore un peu de temps. Les Enduro World Series sont clairement une très bonne chose. Ils donnent de la crédibilité à la discipline et une hiérarchie. Jérôme Clementz est le meilleur enduriste de la saison même si je ne trouve pas très logique que l’on parle de champion du monde d’Enduro. D’un autre côté, je ne sais pas trop quel autre titre on pourrait lui donner. Mis à part cela, je pense qu’il faudra réussir à uniformiser les règlements. D’une course sur l’autre, ce n’est pas toujours les mêmes règles. Mais tout va continuer à évoluer, mûrir et se professionnaliser. Il y a déjà un énorme gap entre l’année dernière et cette année. De nouveaux pilotes sont arrivés, soit issus du XC, soit de la DH. La discipline se cherche encore. J’espère que l’UCI va reprendre le concept des Enduro World Series. L’Enduro mérite sa Coupe du Monde et un maillot de champion du monde.

Propos recueillis à Fréjus le 11 octobre 2013.