« Alors, ça y est, on l’a trouvé mon successeur ? » La phrase lâchée par le multiple champion de France XCM Thomas Dietsch (Team Bulls) au bout de son dernier Roc Marathon tient plus de l’affirmation que de l’interrogation. De longues minutes avant lui et tous les autres, un pilote s’est présenté tout seul sur la base nature de Fréjus, ému aux larmes par l’exploit qu’il vient de réaliser. Et c’est un Français, peut-être bien d’ailleurs celui qui revêtira dans un an le maillot tricolore sur lequel il est allé buter pas plus tard qu’il y a cinq jours à Ornans.

Quarante-huit heures avant le grand Roc, comme on appelle l’épreuve reine et historique du programme du Roc d’Azur, ce sont donc les marathoniens qui s’enfoncent tôt ce matin dans le massif escarpé des Maures par-delà les sentiers les plus éloignés de la base nature. 83 kilomètres de pistes, 2242 mètres de dénivelé, et un plateau réunissant les meilleurs pilotes du monde en la matière.

Ce n’est pas tellement sur cette discipline que Maxime Marotte et Stéphane Tempier, les deux complices du team BH-SR Suntour-KMC, se sont fait un nom. Mais leurs qualités naturelles respectives leur permettent, lorsqu’ils s’adonnent à la spécialité en fin de saison, de titiller le très haut niveau. Ce n’est pas par hasard s’ils accompagnaient dimanche Thomas Dietsch sur le podium du Championnat de France. A Fréjus, c’est un déblocage avant le Roc, dont il avait remporté l’édition 2012, que Stéphane Tempier cherche en premier lieu. C’est pourquoi il opte pour un départ canon qui va placer son coéquipier Maxime Marotte sur orbite. L’Alsacien a en effet suivi la trace du Gapençais pour basculer dans son sillage en haut de la première bosse.

Les efforts fournis par Stéphane Tempier ne s’arrêteront pas là. Voilà le pilote BH qui s’engage dans une descente à tout rompre dans laquelle s’accroche péniblement son coéquipier. Les autres n’ont pas suivi, si bien que c’est dotés d’une minute d’avance que les deux coéquipiers s’attaquent au deuxième raidard, à compter duquel Stéphane Tempier estime sa mission accomplie. Le Gapençais doit à présent en garder sous la pédale s’il veut être aussi convaincant dans quarante-huit heures. Il laisse Maxime Marotte seul en tête, lequel renonce à abandonner la pole position après les efforts consentis pour en arriver là. Il poursuivra à son rythme, soignant ses trajectoires sur des pistes reconnues en début d’année à l’occasion d’un stage, tout en attendant le renfort venu de l’arrière.

Mais le quatuor poursuivant formé autour de Martin Fanger (BMC MTB Racing Team), Urs Huber (Team Bulls), Samuele Porro (Silmax X-Bionic) et Christoph Sauser (Specialized Racing) ne se rapproche pas de l’homme de tête. Non, il s’en éloigne ! Bientôt, alors qu’il atteint le cap de la mi-course, Maxime Marotte comprend qu’il ne verra plus l’ombre d’un pilote, hormis la sienne, sur les sentes poudreuses de l’arrière-pays varois. A moins d’un coup de moins bien évidemment, ce qu’il s’attache à éviter en prenant soin de bien s’alimenter et de bien s’hydrater.

Et c’est avec une large avance, 4’30 » sur Christoph Sauser et Martin Fanger, que le héros du matin, 27 ans, rentre sur la base nature de Fréjus, bouclant les 83 kilomètres en 3h34’14 » ! Et conjurant le sort d’une deuxième partie de saison compliquée. Au moment où Thomas Dietsch, 11ème, s’apprête à tourner la page (« pas avant le 31 décembre », insiste-t-il), le XC Marathon français semble avoir trouvé son nouveau champion.

Classement :

1. Maxime Marotte (FRA, BH-SR Suntour-KMC) en 3h34’14 »
2. Christoph Sauser (SUI, Specialized Racing) à 4’30 »
3. Martin Fanger (SUI, BMC MTB Racing Team) à 4’35 »
4. Urs Huber (SUI, Team Bulls) à 4’57 »
5. Samuele Porro (ITA, Silmax X-Bionic) à 5’12 »
6. Roel Paulissen (BEL) à 7’27 »
7. Alban Lakata (AUT) à 8’14 »
8. Leonardo Paez (COL) à 8’59 »
9. Sébastien Carabin (BEL) à 9’13 »
10. Kristian Hynek (TCH) à 10’05 »