Il était le favori numéro un au départ, et n’a pas flanché. Après un grand chelem inédit en Coupe du Monde, Nino Schurter (Suisse) n’avait pas d’autres choix que de glaner un nouveau maillot arc-en-ciel pour réaliser la saison parfaite. Mais cette victoire était loin d’être acquise avant le départ. D’une part car ses adversaires, les Français en tête, n’avaient aucune envie de lui céder quoi que ce soit. D’autre part car le circuit de Cairns et son parcours tracé au sein de la forêt vierge allaient rendre la course très technique, avec une importance capitale, encore plus que d’habitude, donnée au départ. Parce qu’avec le temps sec présent en Australie depuis plusieurs jours, la poussière volait littéralement sous les roues des pilotes. Il était donc préférable de ne pas perdre de place sur le petit tour prévu pour lancer les concurrents.

L’avantage pour le Suisse, c’est que le départ est un des ses points forts (mais a-t-il des points faibles ?) et qu’il va tout de suite se retrouver dans le groupe de tête. Maxime Marotte (France) et Jaroslav Kulhavy (République Tchèque) l’accompagnent mais rapidement le Français va se faire décrocher, à l’image de toute l’équipe tricolore. Les espoirs de médaille étaient légitimes avant la course, les nombreux podiums réalisés cette saison en Coupe du Monde à l’appui. Mais tous auteurs d’un départ loin d’être idéal, excepté Marotte, les bleu-blanc-rouges n’auront jamais pu revenir sur un circuit désavantageant grandement les pilotes partis de l’arrière. Au final, c’est Julien Absalon, encore une fois auteur d’un come-back dans la deuxième partie de course, qui réalise la meilleure performance avec une septième place. Bien loin des attentes de l’équipe de France au vu des talents présents.

Devant, Schurter et Kulhavy se sont envolés. Un duel rappelant les deux dernières olympiades semblait alors se profiler mais un autre Suisse, plus inattendu à ce niveau, vint former un trio, en la personne de Thomas Litscher. Les trois hommes vont faire toute la course en tête, rejoint un temps par le surprenant Henrique Avancini (Brésil), 4ème au final. Le trio s’observe, se jauge, et tout se jouera dans l’ultime révolution. Mais Schurter n’est pas le meilleur vététiste au monde pour rien, et dans un des nombreux passages techniques il accélère violemment et décroche de sa roue ses adversaires. Ce qui lui permet d’aller chercher un sixième maillot de champion du Monde, un record, et de s’inscrire comme le plus grand pilote de cross-country de l’histoire. De quoi montrer une grande émotion lors de la cérémonie protocolaire où Jaroslav Kulhavy, médaille d’argent, et Thomas Litscher, médaille de bronze, l’accompagnent. – Adrien Godard

Classement :

1. Nino Schurter (Suisse) en 1h27’44 »
2. Jaroslav Kulhavy (République Tchèque) à 7 sec.
3. Thomas Litscher (Suisse) à 15 sec.
4. Henrique Avancini (Brésil) à 1’04 »
5. Manuel Fumic (Allemagne) à 1’11 »
6. Lukas Flueckiger (Suisse) à 1’13 »
7. Julien Absalon (France) à 1’25 »
8. Maxime Marotte (France) à 1’34 »
9. Daniel McConnell (Australie) à 1’54 »
10. Reto Indergand (Suisse) à 2’21 »