Fabien, tu as été victime d’une grosse blessure en début de saison, juste avant la première Coupe du Monde, comment vas-tu aujourd’hui ?
Les choses rentrent bien dans l’ordre, mieux que ce que les docteurs envisageaient mais moins bien que ce que moi j’aurais voulu, puisque mon objectif était clairement d’être présent aux Championnats du Monde. Malheureusement la consolidation osseuse de mon fémur ne le permet pas. J’ai eu un enclouage qui a permis de bloquer les os et de reprendre l’entraînement quasiment de manière immédiate. Ce ne me permet toutefois pas de forcer, car en cas de chute ou de trop forte pression, on peut tordre le clou ! Je suis déçu de ne pas avoir pu courir cette année mais je regarde droit devant, 2011 sera plus prometteur et je prépare tout ça avec beaucoup d’envie.

Quel sera ton programme sportif la saison prochaine ?
On est en train de travailler sur tout le programme. Je suis présent cette semaine sur l’Eurobike pour discuter et représenter les marques. Je souhaite comprendre leurs attentes pour que mes envies soient cohérentes avec celles de nos partenaires. Pour l’instant ça se passe plutôt bien.

En ton absence, le team Mondraker Factory Team a obtenu de supers résultats…
Le team a bien pris la relève sans moi, ce qui est une grande satisfaction. En ce qui me concerne j’ai eu de très bons résultats en début d’année, puis Aurélien Giordanengo a pris un titre de champion de France tandis que Damien Spagnolo n’était pas forcément attendu au niveau où il a été. On l’attendait dans un Top 20 en Coupe du Monde en fonction du travail qu’on avait fait et on l’a aperçu quasiment toujours dans le Top 10. Il a pris de la vitesse et fini sur le podium, 2ème en demi-finale, 5ème en finale, à Champéry. On sait Damien très guerrier, et je pense qu’il a sorti tout son talent sur cette piste-là, il a su se transcender.

La saison n’est pas finie, il reste l’échéance importante des Championnats du Monde. Tes pilotes y sont, quels sont leurs objectifs ?
On a déjà eu la chance d’avoir tout le team sélectionné, Aurélien Giordanengo en four cross, Damien Spagnolo en descente. C’est une très belle satisfaction que nos pilotes représentent leur pays. Aurélien visait une finale, ce qu’il n’avait jamais fait. C’était un gros challenge mais il n’y a pas de grands hommes sans gros challenges. Damien doit maintenant prouver sa consistance dans le Top 10. Aller chercher un podium sera difficile mais un Top 10 en Championnat du Monde serait déjà exceptionnel.

Parle-nous de la piste de descente de Mont-Sainte-Anne…
Très demandeuse, très longue, très défoncée, beaucoup de haute vitesse, une adhérence précaire parce que la terre bouge énormément, de grandes dalles souvent mouillées, des racines… De la vraie descente, 600 mètres de dénivelé sur 4’30 » de course.

Qui sera selon toi l’homme à battre sur cette piste ?
Cette saison, et jusqu’à Windham le week-end dernier, on a vu Gee Atherton et Greg Minnaar se taper une bourre monumentale. Ils seront évidemment présents. Leurs deux outsiders, Samuel Blenkinsop et Aaron Gwin, sont sur leurs talons. Je pense qu’il ne faut pas non plus trop mettre Samuel Hill à l’écart car la piste à Windham ne lui convenait pas vraiment et qu’il n’avait pas trop envie de pousser plus que ça. Steve Peat a fait une saison en demi-teinte mais il a montré récemment une vitesse incroyable.

Et y a-t-il des pilotes qui peuvent créer la surprise parmi ceux-là, comme Marc Beaumont l’a fait à Val di Sole ?
Sur un Championnat du Monde c’est plus rare. Il y a généralement moins d’aléas. Maintenant il y a dix personnes qui sont « podiumables » et cinq qui sont « titrables ». Il va y avoir une superbe compétition, c’est sûr.

Travailles-tu déjà sur ton effectif en 2011 ?
Bien sûr. On essaie de toujours pérenniser la relation qu’on a avec nos athlètes, donc il est évident qu’on fera tout pour garder nos pilotes en présence, mais il y a effectivement des chances qu’un nouveau vienne nous rejoindre, en descente. On va positionner le programme pour chacun de manière bien spécifique en fonction de ce qu’on attend d’eux. Ils ne feront pas tout. Aurélien fera un peu de four cross comme il le souhaitait mais ça restera un team de descendeurs.

Tu as une activité professionnelle dans le développement de produits, où en es-tu ?
Ces dernières années, j’ai essayé de me diversifier dans ce que je faisais, non pas parce que j’en avais le besoin, mais surtout parce que j’en avais envie. J’ai eu la chance au travers de ma carrière de rencontrer des gens avec qui j’ai eu envie de faire des choses. Que ce soit au niveau personnel, de la création du team et du partage qu’il engendre, ou de l’association avec Urge et Brake Authority pour lancer des marques. Ce sont des histoires d’hommes, des aventures humaines dans lesquelles je m’épanouis. Ca me fait porter plusieurs casquettes, ça me demande du travail, mais quand on est passionné on ne compte pas.

Propos recueillis à Friedrichshafen le 2 septembre 2010.