Julie, quelles sont tes sensations après ta reprise à Locminé ?
Je suis contente de gagner, mais c’était très dur. Je me suis fait très mal. À l’arrivée, j’étais cuite. C’était dur, je m’en doutais. Je savais que j’allais en baver, j’ai eu quelques petits pépins. Il me manque beaucoup de physique, mais ça me rassure. Il faut que je prenne mon temps.

Tu as été poussée dans tes retranchements par Sabrina Enaux.
J’ai vraiment tout donné avec Sabrina. C’était trop bien de batailler comme ça ! Sabrina était super forte. Je pense qu’on a fait une belle course de préparation pour le week-end prochain (NDLR : Coupe du Monde à Val di Sole). On s’est vraiment éclaté ! Je n’ai jamais fait une Coupe de France comme ça. C’est cool quand c’est la bagarre ! Toutes les deux, on s’est fait plaisir.

Aurais-tu préféré gagner avec plus d’aisance ?
La bagarre c’est bien, mais c’est sûr que lâcher l’autre facilement quand on est devant, cela prouve que l’on est fort et c’est bon pour la confiance. Sur cette course, ce n’était pas possible.

Comment te sens-tu physiquement ?
Je ne sais pas, j’ai vraiment tout donné. Je ne sais pas comment était Sabrina. Si elle était en grande forme, ou si elle était dans un état de forme moyen. On verra samedi à Val di Sole. J’aurais préféré être plus en forme quand même, ne pas avoir les grosses jambes comme cela, finir un peu plus fraîche. Mais ce n’était pas possible. Je manque encore d’entraînement.

Appréhendais-tu cette journée ?
Oui, tout à fait. J’avais vraiment peur de ne pas tenir parce que le parcours était raide. Il ne fallait pas craquer physiquement, et ça a tenu jusqu’à la fin, c’est déjà une bonne chose.

N’avais-tu pas un peu d’appréhension technique suite à ta chute et ta fracture de la clavicule à Münsingen ?
Non, c’était surtout au niveau physique car au niveau technique, ça va. Je me suis quand même rassuré. J’avais un peu d’appréhension dans les descentes. Je voyais que Sabrina allait plus vite que moi. J’étais un peu crispée. Sabrina l’a bien vu. Il fallait que je sois devant dans les descentes pour ne pas perdre trop de temps. Je faisais surtout l’effort dans les bosses.

Étant donné que tu courais à domicile, le jour de ton anniversaire, n’était-il pas trop difficile de te concentrer ?
C’est vrai qu’il fallait faire attention. Mais on est quand même bien concentré. Je crois que j’ai un peu bâclé l’échauffement. Mais ce n’est pas grave. Le but était de me faire plaisir. C’est bien que les gens soient venus. C’est une Coupe de France en Bretagne. Je remercie tous ceux qui ont fait le déplacement parce qu’il y avait de l’ambiance. Et puis, on se fait porter par la foule aussi.

Comment as-tu préparé ton retour à la compétition ces dernières semaines ?
C’était seulement la quatrième fois que je remontais sur le VTT ! Je n’ai pas cherché à préparer la course, juste à reprendre du physique. Du coup, je fais du foncier, beaucoup de route. Il va falloir très vite que je refasse du rythme. Samedi prochain, ça sera plus dur. Il faudra vraiment que j’aille à la bagarre. La saison a commencé sans moi.

Dans quel état d’esprit étais-tu durant ces longues semaines sans vélo ?
Je ne les ai pas très bien vécues. Clairement, c’est une tuile qui m’est arrivée bêtement. J’ai été vraiment choquée de la chute en Coupe d’Allemagne. J’ai eu du mal à m’en remettre. Maintenant, j’ai oublié. C’est une mauvaise passe, c’est du passé. Il faut penser à autre chose, ne plus en parler.

Quelle concurrente t’a le plus impressionnée à Albstadt et Nove Mesto ?
J’ai regardé les deux courses à la télé. J’ai été surprise car celles que l’on a l’habitude de voir devant n’étaient pas là. Ça bouge beaucoup chez les filles. Bien sûr, il y a deux ou trois noms comme Eva Lechner ou Tanja Zakelj qui sont en super forme, et Maja Wloszczowska bien sûr.

Dans quel état d’esprit iras-tu à Val di Sole ?
Je n’ai pas d’esprit de revanche. J’ai réussi à relativiser. Je dois attendre quelques courses pour prendre le départ et me dire que j’ai un état de forme correct. Actuellement, ce n’est pas le cas. Val di Sole me permettra de reprendre le rythme international. Je pars mercredi en Italie. Il faut un tremplin. C’est reparti pour la compétition !

Tu as eu droit à un anniversaire de rock star pour tes 24 ans.
Oui ils ne m’ont pas loupé ! Je m’y attendais un peu car c’était annoncé dans la presse. J’ai vraiment ressenti la gentillesse du public à mon égard, mais je ne suis pas vraiment surprise. Les gens sont hyper chaleureux. Ça fait du bien au VTT d’avoir une ambiance comme celle-là. Je pense que le public soutenait toutes les filles et elles ont dû apprécier. C’était l’essentiel.

On sent que cette proximité avec le public est importante pour toi.
Oui, c’est clair. C’est normal. Les gens sont là, et les enfants sont trop mignons. Les gens viennent pour me voir ! C’était un peu difficile de répondre à tout le monde. Parfois, je suis obligé de dire : « désolé, il faut que j’aille au podium », et souvent c’est dur. Mais j’espère que les gens comprennent.

Propos recueillis à Locminé le 9 juin 2013.