Julien, à un peu moins de deux mois de Dalby Forest, le premier rendez-vous de la Coupe du Monde de VTT, quel est ton degré de forme ?
En progression au vu de mes sensations, mais loin d’être au top malgré tout. J’en suis au tout début de ma préparation. Je ne suis ni en retard ni en avance vis-à-vis des années précédentes. Dans les temps on va dire. J’aborde la fin de la grosse phase d’endurance. J’ai accumulé pas mal de kilomètres mais je ne suis pas encore capable d’accélérer fort. L’important c’est désormais de me construire une base d’endurance qui me servira tout au long de la saison. Dès cette semaine je vais commencer à attaquer l’interval-training. Je vais me servir d’une course en Toscane pour débloquer un peu la machine, puis j’enchaînerai avec une course en Espagne. Tout cela afin d’arriver en forme pour la première manche de la Coupe de France qui aura lieu à Saint-Raphaël le dernier week-end de mars. Sans oublier bien entendu l’important rendez-vous de fin avril à Dalby Forest, inscrit en lettres majuscules sur mon agenda.

N’as-tu pas trop souffert des conditions météorologiques, pour le moins médiocres, qui ont affecté la Côte d’Azur ces dernières semaines ?
Pas vraiment. Je n’ai rejoint la région varoise qu’assez récemment, c’est-à-dire depuis deux semaines et demie. Je suis resté en fait la plus grande partie de l’hiver dans les Vosges. Alternant entre ski de fond, la route, selon les conditions météo. Comme à l’accoutumée on va dire.

On imagine que tu vas viser cette saison une cinquième victoire d’affilée, qui serait la sixième au total, au classement final de la Coupe du Monde ?
Je place sur la même ligne Championnat du Monde et Coupe du Monde. Ce seront deux objectifs majeurs.

Quels adversaires sens-tu capables de te talonner sur les épreuves de la Coupe du Monde ?
José-Antonio Hermida s’avère plus adversaire sur le classement général final de la Coupe du Monde, de par sa constance à accumuler les places, que sur le Championnat du Monde lui-même. Je considère les concurrents helvétiques, qui eux sont très motivés et capables de se transcender sur les courses d’un jour, comme mes principaux rivaux.

Les derniers Mondiaux de Canberra, en Australie, en ont été l’illustration…
C’est vrai. Vous avez pu observer la valeur de la génération suisse montante, présentée par Nino Schurter, devant moi au final, et Florian Vogel, qui possèdent tous deux encore une bonne marge de progression. C’est de ce côté que je rencontre désormais l’adversité.

N’y a-t-il pas en France un manque de couverture médiatique, en particulier télévisée, de ces épreuves, en comparaison de ce qui se fait offerte par certains pays comme la Suisse, l’Italie ou même la Belgique ?
On a du mal en France à sortir des sports traditionnels, qui sont le foot et le tennis en particulier. Je regrette que nous ayons tant de mal à nous frayer un chemin entre ces sports qui captent l’essentiel des télés et aussi de la presse écrite, malgré les efforts et les résultats obtenus. C’est dommage pour le VTT qui, tout doucement, fait sa place, mais le chemin pour rattraper le temps perdu semble encore long.

Tu as réalisé un véritable festival sur le circuit de la Combe à la Serpent sur les hauteurs de la Fontaine d’Ouche lors du cyclo-cross de Dijon en novembre dernier…
Je prends le cyclo-cross comme un excellent moyen de conserver le contact avec la compétition en hiver. Travailler pendant cette période certains petits détails pas automatiquement abordés en saison me semble intéressant. Le changement de discipline me procure aussi une certaine motivation supplémentaire. C’est cela qui est bien dans le vélo. Cela permet aussi de vaincre la routine et continuer à éprouver du plaisir.

C’est ce qui a motivé ta participation sur route au Souvenir Vietto Gianello à Rocheville ?
C’est un entraînement grandeur nature que je qualifierai de très poussé, parce que cela m’a obligé à faire des efforts que je ne rencontrerais pas automatiquement seul à l’entraînement. Déjà en peloton, et en plus avec du rythme. Cela me permet de travailler à la fois l’endurance, car cela constitue du temps de course plus élevé qu’en VTT, et coordonner mes premières intensités de la saison.

On imagine que l’objectif plus lointain c’est quand même les Jeux de Londres en 2012 ?
J’ai conscience que ces deux années passeront très vite. C’est un objectif qui constitue ma motivation première. Je suis déterminé à mettre tout en œuvre pour arriver fin prêt pour cette date.

As-tu déjà connaissance de la topographie du circuit et l’as-tu déjà approché ?
Non, car il n’est toujours pas défini. Le premier site proposé par l’organisation a été refusé par les instances olympiques. Ce contretemps explique le fait que nous n’ayons pas pu aller sur les lieux pour étudier le parcours. Nous suivons cela de près avec le staff.

Un mot sur le vélo qui t’équipera cette année sous les couleurs du team Orbea ?
Un cadre rigide monocoque. Un vélo qui s’appelle Alma qui a pour origine une collaboration, dont je suis très fier, avec les ingénieurs d’Orbea. Il a été revu de fond en comble. Je peux déjà dire que l’Alma 2010 sera encore plus performant que l’Alma 2009. C’est l’arme avec laquelle je me battrai cette saison et aussi aux Jeux Olympiques. Nous avons beaucoup travaillé sur la géométrie, très axée sur la compétition cross-country. Egalement sur les dernières générations de fibres de carbone, c’est-à-dire ce qui se fait de mieux sur le marché actuellement. C’est un vélo hyper nerveux, tout en étant très maniable et quand même confortable. En somme, un compromis idéal pour la compétition. Ce que j’apprécie chez Orbea c’est qu’ils sont à l’écoute des coureurs, et que j’ai été aussitôt associé avec leurs ingénieurs et techniciens pour participer au développement des produits. Une partie intéressante de mon contrat.

As-tu suivi les débuts de Jean-Christophe Péraud sur la route avec Omage Pharma-Lotto ?
Je regarde avec attention ses résultats. J’ai même appris tout récemment qu’il était retenu pour participer à Paris-Nice. Une confrontation intéressante, au demeurant, pour Jean-Christophe, avec lequel j’entretiens une franche amitié. Mais pour vous dire la vérité, un passage sur la route ne me tente pas.

Propos recueillis à Rocheville le 28 février 2010.