Pierre-Geoffroy, tu es lié avec b’Twin depuis début 2013. Retrace-nous l’histoire de ce partenariat.
En 2012, j’étais chez Lapierre qui a décidé de ne plus continuer en cross-country. C’était avant le Roc d’Azur et je n’avais pas encore pris de décision. B’Twin m’a contacté un peu avant. On s’est rencontré au Roc. Ils m’ont expliqué qu’ils cherchaient quelqu’un qui avait mon profil, c’est-à-dire quelqu’un qui soit à la fois coureur et qui puisse participer à la mise au point des vélos. Ce que je faisais leur correspondait bien. En 2013, j’étais en partenariat avec eux. Ils m’ont équipé et m’ont donné le budget pour courir. Mais j’étais seul et cela ne pouvait être un team.

Ce sera la nouveauté 2014 avec la création du b’Twin MTB Racing Team.
On s’est dit que la création d’un team allait être une bonne chose. Il fallait être au moins trois coureurs. On a commencé à démarcher. J’ai sélectionné les coureurs qui devaient correspondre à leurs attentes et b’Twin a validé. On est parti avec Laura Metzler, Charlotte Petit, Damien Guillemet et Octavien Maillard.

Quel est l’intérêt de b’Twin dans cet accord ?
Ils me fournissent le vélo et tout le matériel. J’ai participé à plusieurs épreuves en cross-country, en marathon et en all mountain comme la Transvésubienne. Le but pour moi était de balayer la gamme sur laquelle ils travaillent. Cela faisait pas mal de vélos sur lesquels ils avaient besoin de retours et sur lesquels je courrais. En échange, j’avais donc tout le support financier pour participer à tout cela.

Cela a-t-il abouti sur une évolution majeure pour la gamme 2014 ?
Sur 2013, j’ai pris les choses en cours. On a par exemple travaillé sur le Rafal S, qui va arriver en début d’année prochaine en magasin et qui a été présenté au Roc. Ensuite, on a pas mal travaillé sur le Peak, un modèle de all mountain qui arrivera en fin d’année prochaine. Normalement, je devrais l’utiliser sur la Transvésubienne et d’autres épreuves de ce type. Donc oui, on retrouvera des vélos auxquels j’ai participé dans l’élaboration.

Est-ce uniquement grâce à tes retours en compétition ?
Non pas forcément. Il y avait des vélos qu’il ne fallait pas montrer avant une certaine période, comme pour le Rafal S avant le Roc d’Azur. On a fait les tests, mais hors compétitions. Le but, lors des courses, comme pour le modèle que j’utilisais le 8XC Pro Factory, était de faire des remontées pour avoir les idées claires dans les choix des prochains vélos. De faire des modifications sur la position, la géométrie, le matériel, etc. Quand il a fallu choisir du matériel pour le Rafal S, cela nous a permis d’avoir une idée de ce que l’on voulait. Je me rends compte de beaucoup de choses en faisant des courses. C’est là où on pousse le matériel au maximum, où on voit des défauts que l’on ne voit pas forcément à l’entraînement.

Peut-on dire que tu es à 50% coureur et à 50% ingénieur ?
Oui, c’est tout à fait ça. Les deux dimensions ont autant d’importance pour moi. Je m’entraîne six jours par semaine. Même si je ne faisais que ça, je ne sais pas si je m’entraînais beaucoup plus. C’est du temps pris sur mon métier d’ingénieur, mais je prends ça beaucoup à cœur. Le fait d’être coureur me permet de gagner en expérience comme ingénieur, puisque je travaille pour des sociétés de vélo, et notamment pour b’Twin. Les deux se combinent bien.

Tu n’as pas de contrat d’exclusivité ?
Non. D’un côté, je suis coureur pour eux. Cela me concerne directement, personnellement. Mais, j’ai aussi une société en ingénierie, Shift-Up Engineering. Nous sommes deux associés. L’entreprise travaille pour b’Twin, c’est notre principal client. Mais nous en avons d’autres, certes moins importants. Eux n’avaient pas besoin de cette exclusivité. Ce qui est intéressant pour eux, c’est de profiter d’une dynamique. Cela nous permet d’avoir une ouverture d’esprit sur le produit global.

Revenons à la création du team. Cette idée venait-elle de toi ?
Pas forcément de moi non, mais tout s’est fait naturellement. Dès le début de l’année 2013, on savait qu’on allait sûrement tendre là-dessus. Ne serait-ce que pour le retour sur image pour la marque. Cette année, je roulais avec le maillot de mon club, comme ce n’était pas un team. Pour b’Twin, c’était embêtant de mettre autant de moyens au niveau matériel et financier sans avoir ce retour d’image, même s’ils étaient très satisfaits du retour technique. Ils savaient que cela allait se passer comme ça, car le timing était très serré l’année dernière. Ils n’ont pas pu recruter, mis à part à moi. Même au moment où ça s’est fait avec moi, il était trop tard de toute façon pour créer un team. Dès le début, on savait qu’il y avait de fortes chances pour que cela se fasse en 2014 pour avoir un maillot b’Twin sur les compétitions. C’était l’objectif.

La structure sera assez inédite puisqu’il n’y aura pas de team manager. Comment cela se passera-t-il en compétition ?
C’était le but du recrutement aussi. B’Twin n’avait pas forcément envie d’augmenter le budget de façon trop importante. Avoir une structure telle qu’on les connaît demandait un budget beaucoup plus conséquent que celui de cette année. Il fallait donc des pilotes relativement indépendants, qui avaient de l’expérience, capables de se manager eux mêmes sans avoir besoin de trois ou quatre personnes autour d’eux. Ils le sont tous. D’un autre côté, on forme une équipe et sur les courses nous serons ensemble. Il y aura aussi un mécano pour nous aider. Le staff sera très léger. Le but n’est pas d’avoir un team comme j’en ai connu quand j’étais chez Lapierre où nous étions bien entourés, avec un mécano pour deux pilotes, un ou deux team managers, etc. Clairement, il n’y avait pas les moyens de faire cela. Pas pour l’instant, peut-être à l’avenir. Cette année, il fallait quelque chose d’assez light et que tous les pilotes sachent se débrouiller.

Qu’est-ce que cela va changer pour toi ?
L’an dernier j’étais tout seul, et je m’occupais de tout. C’était bien. On ne s’engueule pas avec soi même (il rit) ! Mais je n’avais pas d’équipes avec qui je pouvais vivre des choses. Partager de l’expérience, des reconnaissances. C’est ce que la création du team va m’apporter.

Et de ton point de vue d’ingénieur ?
Pour b’Twin, le but d’avoir une équipe, c’était d’avoir plus de coureurs pour avoir plus de retours, et notamment en ayant des pilotes de différentes tailles. Je roule sur du L et je ne peux pas rouler sur autre chose comme ce n’est pas ma taille et je ne peux pas apporter mes conseils pour améliorer la géométrie du cadre. Avec le team, d’autres versions du vélo pourront être développées. Même pour le matos féminin.

Ton programme va-t-il changer par rapport à cette année ?
Non, ce sera très semblable à 2013. Le but sera de faire un peu de tout, pas forcément de se focaliser sur une discipline. Il y aura des Coupes de France et des Coupes du Monde XC. Pas toutes, parce que cela demande pas mal de déplacements. Il y a aussi la Transvésubienne qui tombe le même week-end que la Coupe du Monde à Nove Mesto na Morave. On a mis la priorité sur cette épreuve et j’irai plutôt sur la Transvésubienne. J’habite à Munich et je ferai aussi quelques Coupes d’Allemagne, Coupes d’Autriche voire Coupes d’Italie, toujours en XCO. Je ferai aussi du marathon, j’avais participé au Championnat du Monde XCM cette année, mais je ne le ferai sans doute pas l’année prochaine puisque ce sera en Afrique du Sud et la date ne tombe pas très bien. Je ferai aussi le Championnat de France, et la Forestière à laquelle je participe tous les ans. En all mountain, la Transvésubienne sera mon objectif, et je participerai peut-être à la Swiss Epic qui est en train de se monter pour tester le vélo de all mountain qui sortira l’année prochaine.

Propos recueillis le 10 décembre 2013.