Sibusiso Vilane, célébrité sud-africaine et premier Sud-Africain noir à avoir fait le « Grand Slam des explorateurs », avec la conquête de l’Everest par deux fois, et celle des pôles Sud et Nord en complète autonomie. Il participera pour la première fois à la Cape Epic en 2017.

Sibusiso, vous avez commencé l’escalade en 1996. Comment ?
C’était un peu un coup de chance. J’ai rencontré John Doble, diplomate anglais au Swaziland, lors d’une randonnée. Il a vu mon potentiel et m’a donc lancé le défi de conquérir l’Everest. J’ai accepté et tout s’est enchaîné.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez conquis le plus haut sommet ?
De l’humilité. Et des vagues d’émotions qui sont restées avec moi longtemps après ! Se tenir debout sur le toit du monde est une expérience unique, inégalée et inoubliable. Cela reste gravé en vous à jamais. J’étais aussi très fier de représenter le continent africain et mon pays. Grimper me donne une énergie incroyable ainsi qu’une connexion particulière avec la nature et les montagnes. J’ai beaucoup appris sur la vie.

Pouvez-vous partager avec nous certaines de ces leçons de vie ?
Il faut toujours avoir une vision claire du « pourquoi » vous faites ce que vous faites. Respectez la Nature car elle a le pouvoir de faire ou défaire un être humain. Si vous voulez réussir un défi sportif, vous devez être flexible car la météo change souvent et vous ne pouvez rien y faire. Et puis restez toujours concentré sur votre objectif et, avec patience, vous y arriverez.

Quelles qualités vous ont permis de réussir ces défis ?
Je dirais la volonté, la patience, la résistance et le travail d’équipe.

Ensuite, vous avez décidé d’atteindre le pôle Sud sans aucune assistance et en totale autonomie. Vous qui êtes Sud-Africain, comment avez-vous géré le grand froid ?
Il faut savoir que je déteste le froid ! J’ai peu à peu compris que le mental fait beaucoup donc je me suis conditionné à accepter qu’il allait faire incroyablement froid mais que j’avais un objectif, peu importent les conditions. C’est comme se dire « je sais que je vais souffrir mais je vais quand même y aller ». Ma recette pour y arriver était un jour à la fois pendant soixante jours et 1200 kilomètres de distance.

Lorsque l’on accomplit des défis comme vous l’avez fait, la probabilité de mourir est plus grande. Quel est votre rapport à la mort ?
Pour moi, la mort est une des certitudes de la vie. Lorsque c’est votre heure, vous ne pouvez rien y faire. Cependant, lorsque je décide de relever des défis sportifs, je n’ai aucunement le souhait de mourir. Je suis conscient des risques et des probabilités. Cela me rend très prudent et je ne joue pas au héros.

L’année prochaine, vous allez participer à l’Absa Cape Epic pour la première fois. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous inscrire ?
Il y a des années, un ami m’a parlé de la course et je l’ai toujours gardée dans un coin de ma tête. C’est maintenant le bon moment ! Quand vous aimez les voyages et l’aventure, l’Afrique a beaucoup à offrir. Pour les cyclistes, l’Afrique du Sud devient une destination rêvée.

Comment voyez-vous la course?
Je ne suis pas vraiment sûr. En voyant le parcours lors de la cérémonie de lancement, j’ai sérieusement repensé à ma décision de la faire. Cependant, une fois que je m’engage, je ne reviens plus sur ma décision. Donc, je prendrai le départ !

Quels seront vos objectifs ?
Mes objectifs sont de finir chaque étape dans les temps, de m’amuser un peu entre les moments de souffrance, d’apprendre sur le VTT, d’avoir la médaille et le tee-shirt « finisher », de rentrer à la maison et de dire : « je l’ai fait ! » J’aimerais aussi que cette course m’encourage à faire d’autres courses de vélo.

Qu’est-ce qui, dans vos expériences précédentes, vous permettra de conquérir cette course qualifiée d’indomptable ?
La force mentale va clairement jouer un rôle prédominant.

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui préparent la course ?
C’est lors de votre préparation qu’il faut dépasser vos limites car vous minimiserez les souffrances et pourrez ainsi profiter un peu de l’événement. Rappelez-vous qu’on n’est jamais trop préparés.

Et à ceux qui pensent qu’ils ne seront jamais capables de participer à un événement comme la Cape Epic ou la conquête de l’Everest…
Ne vous limitez pas car vous n’avez pas de limites. « Cela semble toujours impossible jusqu’au moment où vous le faites vraiment. » C’est ce que disait Nelson Mandela et j’y adhère complètement. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de prendre la décision et d’y aller !