Thomas, on t’a rencontré dans toutes les disciplines, le cross-country, le four cross, le BMX, le cyclo-cross, et te voilà enduriste depuis plusieurs saisons. Comment es-tu arrivé là ?
C’est un choix qui s’est fait naturellement. J’aime toutes les disciplines et je n’ai jamais voulu me limiter. J’ai toujours eu à cœur de performer dans toutes les disciplines. Mais à un moment donné, quand tu atteins le haut niveau, tu es obligé de choisir. J’ai eu mes années 4X, mes années XC, mes hivers cyclo-cross, ma préparation sur route… Je me suis toujours bien cadré en faisant le choix d’une discipline, mais j’avais toujours un petit manque à l’entraînement. J’ai fini par découvrir l’enduro. Je me suis rendu compte que c’était un mixe de tout. Pour moi dont le point fort est la polyvalence, c’est l’idéal.

Dirais-tu que l’enduro est le combo parfait de toutes ces disciplines qui te tiennent à cœur ?
Totalement. Désormais, l’entraînement est complet et jamais lassant. Je fais du BMX, du 4X, de la descente, beaucoup de route, beaucoup de cross-country, je fais de l’enduro, des journées en station, de la gym… C’est un entraînement très complet. J’essaie de pousser au maximum dans chaque discipline. Quand je fais de la route, j’essaie d’aller rouler avec des routiers. Quand je fais de la DH, je roule avec les descendeurs. J’essaie de m’améliorer dans chaque domaine, et c’est pourquoi j’ai choisi l’enduro. C’est une discipline très large qui comprend tout. Et avec le Team Sunn, il y a derrière du développement, de la partie média, pas mal de vidéos. J’apprends toujours, et c’est vraiment ce que j’adore.

Tu évoques un entraînement très diversifié. Comment travailles-tu en marge des compétitions ?
Je travaille par mésocycles (NDLR : cycles moyens, sur deux à six semaines). Je suis entraîné depuis un an par le quadruple champion de France de XCE Titouan Perrin-Ganier. Je pars sur une base d’endurance avec beaucoup de route et de cross-country l’hiver, mais aussi de la gym. Ensuite nous choisissons une période bien définie durant laquelle je vais travailler spécifiquement la technique avec de la DH ou du BMX, puis la force avec un peu plus de salle et de vélo de route avec des bosses, et l’explosivité avec du sprint. L’enduro, c’est un mélange d’explosivité et d’endurance. C’est pourquoi le dernier travail que j’effectue à l’approche des courses, ce sont des sprints sur mon enduro.

Tu estimes avoir réalisé en un an ce que tu comptais faire en deux saisons, que t’apporte concrètement ta collaboration avec Titouan Perrin-Ganier ?
Titouan est coach personnel pour quelques athlètes en cross-country, descente et enduro. A côté de cela, il est entraîneur dans un club de ski de fond. Il est multi-disciplines. Il me fait beaucoup bosser en ski de fond l’hiver. Je n’avais jamais fait de salle de muscu. J’ai commencé l’an dernier sans prise de masse. Malheureusement je me suis cassé la main cet hiver ce qui m’a empêché de faire un gros bloc. Titouan m’apporte une diversité dans les disciplines car il connaît vraiment tout.

Sur quelle base établis-tu tes pics de forme ?
Je cible la totalité des Enduro World Series, la Coupe du Monde d’enduro, avec un ou deux objectifs qui coïncideront avec mes pics de forme. Cette année, ce sera aux alentours de la Mégavalanche et La Thuile Enduro. Mais il n’y a pas que l’entraînement. En marge d’une grosse partie consacrée à la récupération, je fais du développement avec Sunn et des projets sur l’image. Je vais créer cette année un site Internet et lancer une série vidéo, Enduro Day, sur le modèle de ce que j’avais lancé avec Yoann Barelli. Je suis tout le temps pris, et c’est vraiment très épanouissant que de pouvoir toucher à toutes les facettes du vélo.

En quoi consiste ta participation au développement de la gamme Sunn ?
La casquette de pilote professionnel correspond à celle de pilote test. Dès qu’on a des nouveautés, nous allons les tester. L’an dernier, nous avons passé vraiment beaucoup de temps à développer de nouvelles pièces et à les tester. Qu’il s’agisse du choix des cotes, de la rigidité, de l’élasticité, du choix des matériaux utilisés… Nous avons un lien direct avec les ingénieurs, et c’est pourquoi j’ai choisi Sunn. Nous avons cette opportunité de pouvoir travailler avec les ingénieurs et nous nous sentons vraiment écoutés. Quand je fais mes retours de pilote, si je leur demande une nouvelle pièce, elle est déjà créée deux ou trois semaines plus tard et prête à être testée. C’est efficace et productif.

Sur quels éléments portera encore le développement cette année ?
Nous allons réaliser quelques modifications sur le vélo mais nous allons garder la globalité de ce sur quoi nous avons bossé l’an dernier. Ça nécessitera un peu moins de développement pour un peu plus de présence course. Mais nous avons quelques idées pour modifier quelques pièces, qu’on ne peut pas encore dévoiler tout de suite !

Tu pratiques l’enduro depuis trois ans, comment juges-tu ta progression ?
Je suis encore novice dans le milieu. Ma priorité, ce sont les EWS. J’ai fait deux fois dans le Top 5 l’an dernier au Colorado et à Samoëns. Mon objectif est de reconfirmer le Top 5 et d’aller chercher un podium. Mais je me suis cassé la main le 6 novembre à Madère, en vidéo avec Kilian Bron. Ne sachant pas que c’était cassé, j’ai forcé dessus pendant un mois. J’ai été plâtré deux mois et demi et j’ai encore une attelle pour deux semaines. Je vais devoir tout décaler dans ma préparation. Je serai sans doute un peu off en début de saison, mais j’irai tout de même au Chili et en Argentine. En marge des EWS, étant donné que j’ai fait beaucoup de cross-country, j’aime aussi les courses où il y a de la bataille entre les coureurs. La Mégavalanche ou les Maxi, ce sont des courses que j’affectionne. J’ai fait 2ème de la Méga l’an passé pour ma deuxième participation.

L’enduro demeure une discipline relativement jeune. Quel avenir lui prêtes-tu ?
On sent que la discipline se développe très vite à haut niveau. Il y a de plus en plus de duels et de défis dans la concurrence. Il y a encore deux ans, Jérôme Clementz était le surhomme. Désormais, même avec les coups d’éclats de Richie Rude l’an dernier, nous n’arrivons plus à avoir un seul homme au-dessus de tous toute l’année. A chaque course un nouveau pilote est susceptible de gagner parmi la demi-quinzaine de favoris. Ça se joue aussi dans des temps plus resserrés, à 5 ou 10 secondes. Le niveau s’est resserré et c’est prometteur pour l’enduro.

Propos recueillis à Machecoul le 22 janvier 2016.