Hervé, on imagine que vous êtes déjà tourné vers la 9ème édition de votre événement, pouvez-vous nous dire quelques mots sur les projets ?
La grande nouveauté, même si c’est encore officieux, est que les Elites vont, pour la première fois, avoir le même format de course que les randos, soit trois étapes de jour et une mini étape de nuit. Il est probable que le raid parte donc pour tous de Villard-de-Lans, dans l’Isère, avec la traversée intégrale du Vercors puis un sigle hallucinant : 2h50 non-stop en reco sans jamais croiser une habitation et encore moins une route. Si on a les accords de passage, ce sera énorme ! De toute ma vie de coureur et d’organisateur, je n’ai jamais fait un itinéraire aussi exceptionnel. C’est pour cela que je le propose aussi aux Elites car c’est un must dans la vie d’un vététiste ! Les villes-étapes devraient être Luc-en-Diois et Aspres-sur-Buëch avant la traditionnelle arrivée sur Gap. Tout cela reste bien évidemment conditionné aux accords définitifs des collectivités et aux accords des propriétaires et gestionnaires d’espace.

Quelles seront les dates de cette prochaine édition ?
Le week-end de l’Ascension en 2011 tombe du 2 au 5 juin, ce qui nous arrange par rapport à la neige sur les cols d’altitude. Alors rendez-vous sur le site www.raid-vtt.fr à la mi-septembre 2010 pour toutes les informations.

Quel bilan chiffré avez-vous tiré de la 8ème édition ?
L’organisation limite le nombre d’inscrits par rapport à la capacité d’accueil des sites et aussi du fait du tracé, majoritairement en single, qui ne permet donc pas d’absorber plus de concurrents sans créer de désagréments. Sur 500 inscrits en rando, seuls 140 ont fait intégralement le parcours. En Elites, nous avions 66 équipes de deux engagés et 30 ont été classées. Le taux d’abandon en rando est très exceptionnel car lors des autres éditions, nous avons une moyenne de 98 % de finishers. En Elites, c’est plus usuel. En 2010, la Raid VTT enregistre la participation de 11 nationalités différentes avec 46 % de concurrents étrangers (probablement un record sur une épreuve française). Ce sont aussi 61 départements français représentés.

Combien de bénévoles sont derrière l’événement ?
L’organisation d’un raid itinérant sur quatre jours impose de fortes contraintes. Ainsi, ce sont 420 postes d’organisation recensés assumés par 291 bénévoles ou professionnels distincts. Nous servons 5500 repas et transportons 75 tonnes de matériel. Les secours représentent un très gros poste d’organisation avec 5 médecins urgentistes (dont 3 en moto d’intervention avec des binômes enduristes). Les services spécialisés des deux SDIS 26 et 05 font appel à plus de 60 personnels. Fort heureusement, nous ne déplorons aucun accident grave. Une seule entorse cette année sur la première étape.

D’où viennent tous les bénévoles ?
Les bénévoles qui tiennent des postes engagés sont majoritairement issus des clubs VTT, des étudiants en sport et du lycée sport nature de Die. Les associations locales sont aussi omniprésentes mais plus sur les postes de ravitaillement et de logistique. Les postes de nuit étaient les plus exposés. Il faut néanmoins avoir à l’esprit qu’ils sont aussi fortement soutenus par les professionnels de l’organisation (dépose et repose etc…) et qu’on les respecte énormément. Leur performance n’en reste pas moins exceptionnelle.

Le mauvais temps a été de la partie pour la première fois sur votre épreuve, comment avez-vous géré ces conditions climatiques ?
Toutes les organisations « sport nature » ont connu des difficultés d’organisation cette année en France du fait d’un printemps particulièrement maussade. Nous n’avons pas de solution de repli satisfaisante du fait qu’il s’agit d’un raid itinérant et que nous devons rallier Gap sans emprunter les routes à grande circulation. Les concurrents qui ont des assistances peuvent choisir de sauter une étape ou une partie du parcours mais les autres sont donc condamnés à faire l’épreuve. Le système des autorisations administratives est très contestable car si nous pouvions obtenir des autorisations pour circuler en convoi sur des tronçons routiers sécurisés, nous aurions pu valider des replis plus pertinents. Les concurrents prennent donc le départ et quand ils sont à bout de force, ils rentrent par leurs propres moyens à l’étape d’arrivée en sortant de l’itinéraire sécurisé. Nos navettes ne suffisent pas à ramener autant de concurrents simultanément en grande difficulté.

Certains ont trouvé les étapes trop longues et trop dures, les avez-vous entendus pour les prochaines éditions ?
Oui, déjà en 2009, l’étape Dieulefit-Luc était trop dure et la chaleur avait fait des dégâts. Cette année, c’était le froid. Par contre, comme j’ai eu l’occasion de m’en expliquer à maintes reprises, j’avais tracé des replis accessibles et ce sont les autorités administratives qui les ont refusés. C’était donc soit l’annulation de l’épreuve, soit les parcours originels imposés malgré les conditions. En 2011, la première étape sera longue (100 km) mais pour la première fois avec 1200 mètres de négatif en plus que le dénivelé positif.

Propos recueillis par Raphaël Hilaire le 22 juillet 2010.