Nino Schurter fonctionne, aux Jeux Olympiques, de la même façon qu’un métronome suisse. Troisième il y a huit ans à Pékin et médaille d’argent en 2012 à Londres, le Suisse était programmé pour ramener l’or de Rio. Et c’est avec une précision hors pair et sans contestation possible qu’il est allé cherché le seul titre qui manquait encore à son immense palmarès. De bout en bout il aura maîtrisé l’épreuve, toujours dans le groupe de tête et jamais à la traîne sur les accélérations de ses adversaires. A l’image d’une saison où il a gagné presque chaque course dont il a pris le départ, ses concurrents ont du se battre pour l’argent et le bronze. Bataille à laquelle Julien Absalon (France) n’aura pas eu le loisir de participer.

Bien que partant en première ligne, le double champion olympique se fait vite remonter et navigue aux alentours de la dixième position lors du premier tour. On s’attend à une remontée rapide sur la tête de course mais il stagnera quasiment toute la course pour terminer finalement huitième. Dans une saison où le podium était devenu une habitude, la déception est grande pour le Français qui rêvait de triplé et qui avait méticuleusement préparé son affaire. Mais les jambes n’ont malheureusement pas répondu présentes le jour J.

Les jambes, Peter Sagan (Slovaquie) les avait sûrement. Parti derrière tout le monde avec son dossard 50, il a effectué un départ monumental pour remonter à la troisième place après un demi-tour. Tenant tête à Schurter et aux meilleurs de la discipline, on croit le maillot vert du dernier Tour de France parti pour un exploit retentissant. Sa crevaison en fin de premier tour va le faire sortir de son rêve et, comme pour le ramener à la réalité d’une épreuve technique qu’il n’a pas travaillé depuis longtemps, il perce une deuxième fois vers la mi-course. Ses espoirs de médailles n’ont duré que quelques minutes mais on prend le pari que le champion du monde sur route s’est bien amusé.

Au même moment, à l’avant, la course est en train de se jouer. Nino Schurter place plusieurs accélérations et le seul à pouvoir suivre le champion du monde n’est autre que le champion olympique en titre Jaroslav Kulhavy (République Tchèque). Les deux pilotes caracolent en tête mais le Suisse veut absolument se débarasser de son bourreau de Londres. Le Tchèque l’avait battu au sprint pour le titre et, bien que rapide dans les derniers mètres, Schurter ne peut pas se permettre de prendre un tel risque. Alors, un peu avant la cloche, il va brutalement accélérer. Et Kulhavy explose presque immédiatement, comme pour admettre la supériorité du quintuple champion du monde qui part chercher l’or. Pour rentrer un peu plus dans l’histoire du VTT et marquer son sport comme jamais.

Kulhavy assuré de l’argent, la bataille pour la médaille de bronze se joue derrière lui et sera intense jusqu’au bout. Maxime Marotte (France) est revenu sur Carlos Coloma (Espagne) à trois tours de l’arrivée et depuis les deux hommes ne se quittent plus. Rapidement, ils font une croix sur un retour à l’avant et comprennent vite qu’un seul repartira avec une médaille. Alors le Français, qui a toujours fini devant l’Espagnol cette année, tente de partir dans la bosse de l’avant-dernier tour. Coloma revient et sa moustache, portée en hommage à son coéquipier champion du monde en 2010 José Hermida, frétille. Il prépare une attaque que le Mulhousien ne pourra pas suivre et s’en va chercher, à 34 ans, la plus belle performance de sa carrière. Maxime Marotte aura tout donné et échoue à seulement dix secondes du podium. Victor Koretzky (France), auteur d’un très bon départ, a quant à lui été victime d’une crevaison en début de course avant de remonter à la dixième place. Trois tricolores se classent dans les dix premiers mais il manque cruellement une breloque pour pouvoir s’en satisfaire.

Classement :

1. Nino Schurter (Suisse) en 1h33’28 »
2. Jaroslav Kulhavy (République Tchèque) à 50 sec.
3. Carlos Coloma (Espagne) à 1’23 »
4. Maxime Marotte (France) à 1’33 »
5. Jhonnatan Botero (Colombie) à 2’16 »
6. Mathias Fluckiger (Suisse) à 2’24 »
7. Luca Braidot (Italie) à 2’57 »
8. Julien Absalon (France) à 3’15 »
9. David Valero (Espagne) à 3’32 »
10. Victor Koretzky (France) à 3’59 »