Le vent est l’ennemi du cycliste, phrase moult fois distillée, c’est ce qu’ont dû se dire la très grande majorité des 750 inscrits aux Boucles du Verdon qui, si elle visite (pour le grand parcours) les abords du lac de Sainte-Croix, ont malheureusement dû abandonner (faute d’autorisation) les gorges du Verdon qui ont marqué tant de cyclos qu’ils en parlent encore, cinq ans après. L’édition 2010 des Boucles s’est parfaitement déroulée à quelques détails près. Bonne météo, excepté le vent, mais ça l’organisation n’y peut pas grand-chose, belle participation, dont 50 % inscrits en ligne sur Vélo 101, le papier perd sa place et les forêts vont mieux respirer ! Douches, repas froid à l’arrivée dans un vaste espace… Que dire de plus ou de mieux pour améliorer l’ordinaire ?

Sans doute une meilleure répartition des lots entre les coureurs « podiumisés » ! Bonne idée de ne pas cumuler les cadeaux entre scratch et catégories, mais que des gars qui assurent le spectacle devant (à plus de 38,4 km/h pour les vainqueurs) gagnent royalement une casquette publicitaire et un bidon, c’est limite « autant ne rien donner » et ça laisse une note finale pas top. Pour la note initiale, idem. Une cyclo c’est la masse, la convivialité, le côté « on ne sait pas qui est au départ » donc pas trop de stratégie de coursiers, un repas à l’arrivée pour que tout le monde refasse le match et un cadeau de bienvenue. Sur les Boucles, pas de cadeau, on ne fait pas les cyclos pour ça, mais faut penser à ceux qui font le nombre et apprécient d’être appréciés comme il se doit.

Une fois sur le vélo, tout va bien ! 15 kilomètres d’échauffement jusqu’à Valensole, tout plat, et au passage on repère les derniers kilomètres qui se feront quelques heures plus tard vers Gréoux-les-Bains. Là, le parcours 93 kilomètres, parti 20 minutes après le grand, bifurque vers Riez et Montagnac, sans passer par la case lac de Sainte-Croix, un petit regret et une visite à faire pour ceux qui ne connaissent pas. Après Valensole et ses premiers champs de lavande, visite du plateau vers Puimoisson et Moustiers-Sainte-Marie, pour le premier ravitaillement. Les groupes sont encore compacts, même si Valensole a écrémé une petite partie du peloton, les gros groupes vont se reformer. Le vent est déjà là, et chacun se dit « mieux vaut rouler grouper » plutôt que partir dans un solo ou un duo, qui se terminerait immanquablement par une fausse note.

C’est à Aiguines que se fait la véritable sélection, 5 kilomètres de belle montée, pas encore les grands cols certes, mais usante, et une fois au village il faut en avoir gardé car ça monte encore. Le bon côté des choses c’est que pour ce dimanche de mai, qui en est déjà à 5, série stoppée, on a eu très souvent vent de dos. Ca aide, ne serait-ce que dans la tête, quand on est dans le dur. Une fois gommée cette première difficulté, c’est la visite des abords du lac de Sainte-Croix, superbes eaux turquoises, et petites plages bien accueillantes, pour des jours un peu moins frisquets. Bref on prend date.

La visite du Verdon se prolonge ensuite vers Sainte-Croix et Montagnac, où le second ravito est proposé. Pour l’affluence aux ravitos il vaut mieux aller au-delà des 100 premières places, ça roule vite sur les deux parcours proposés et chacun se dit qu’une fois qu’on est bien « à l’abri » dans son groupe autant le garder car la dernière partie est faite de toboggans qui font mal aux pattes et usent les organismes. Au passage, le vent a dû disperser pas mal d’emballages papiers, on imagine le nombre qui ont été balancés quand on voit celui des topettes sur les routes. Brigade éco-cyclo ou pas, les comportements restent les mêmes. Au passage combien de déclassés pour dégazage en plein cœur du Verdon ? On peut passer le message en boucle, tant qu’il n’y aura pas de vraies sanctions et de récompenses à ceux qui ont une attitude responsable (pourquoi pas faire un tirage au sort parmi les dossards qui auront ramené avec eux leurs emballages sur la ligne d’arrivée ?), on peine à croire que la situation s’améliore.

Les Boucles du Verdon 2010, c’est un long processus de jeu avec le vent, souvent de 3/4, qu’il faut dompter et les habitués du mistral et de la tramontane, voire ceux venus de Belgique et ses bordures vont s’en donner à cœur joie, qu’ils soient jantes hautes ou basses. Devant, c’est l’usure qui va écrémer progressivement le groupe de tête, ils vont se retrouver à quatre : trois Français dont deux gars du team Scott-Vélo 101, les voisins  dignois Bruno Mestre et Hervé Gilly, et un Belge, Michel Heydens. Communauté Européenne oblige, on passe à Allemagne en Provence, où c’est une suite de bosses ininterrompue qui va être le théâtre d’attaques incessantes des Scott, Thibaut Bellanger du Véloroc Cavaillon se contentant de suivre comme il peut. Cinq fois, quatre fois, trois fois, deux fois, une fois, toutes les attaques vont rester vaines et le coureur du plat-pays va l’emporter au sprint comme il a déjà su le faire à Montélimar, Cogolin ou encore en Corse. Bravo à lui, il vient, il voit et il gagne. Rien à dire si ce n’est d’attendre les grosses cyclos de montagne où sa masse musculaire le distinguera des cabris. Pour les filles, trop peu nombreuses sur le grand parcours, c’est Véronique Jourdan qui gagne en 4h43’47 » soit la 71ème place au scratch.

Sur le parcours 93 kilomètres, ça va rouler vite aussi, à près de 36,7 km/h, et moins de difficultés égale moins d’écrémage, ce qui fait qu’ils sont vingt-trois à se disputer la gagne en 2h32’04 ». C’est Emmanuel Esposito qui gagne devant Olivier Teppa et Amaury Gernez. Chez les féminines, c’est Séverine Hansen qui gagne en 2h48’58 ». A noter que l’organisation avait prévu un classement handisport, belle idée. 478 classés sur le 93 kilomètres, 251 sur le 161 kilomètres, les Boucles du Verdon qui ont surfé sur les 2000 participants au début des années 2000 sont donc à la recherche d’un second souffle. Pas évident au plan des parcours, la faute aux autorités administratives on l’a vu, il faut sans doute regarder vers l’aspect convivialité, terroir, pour que l’épreuve reparte vraiment à la hausse, d’abord à 1000 et plus si les affinités avec le Verdon reviennent. Car en cyclo ou pas, la région est magnifique.

Classement 161 km :

1. Michel Heydens en 4h09’53 »
2. Bruno Mestre en 4h09’54 »
3. Thibaut Bellanger en 4h09’55 »
4. Hervé Gilly en 4h09’56 »
5. Philippe Larouzière en 4h11’44 »
6. Bertrand Brochot en 4h11’47 »
7. Nicolas Fine en 4h11’49 »
8. Rémy Bessone en 4h15’48 »
9. Stéphane Ekinddian en 4h16’21 »
10. Hervé Rota en 4h17’10 »

71. Véronique Jourdan en 4h43’47 »
Classement complet

Classement 93 km :

1. Emmanuel Esposito en 2h32’04 »
2. Olivier Teppa en 2h32’06 »
3. Amaury Gernez en 2h32’06 »

129. Séverine Hansen en 2h48’58 »
Classement complet