Quand la grande aiguille a bouclé son tour du cadran, Robert Marchand a décéléré en douceur sous les vivas d’un demi-millier de spectateurs épatés avant d’être accueilli, à sa descente de machine, par le plus impressionnant comité d’accueil auquel il aura eu droit dans sa longue existence. Il y avait encore foule, ce vendredi, au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Vingt-quatre heures après la somptueuse soirée d’inauguration qui a vu le sprint français prendre le pas sur son homologue britannique, le site flambant neuf accueillait hier un nouvel événement très médiatisé : la tentative de record du monde de l’Heure des centenaires !

On ne présente plus monsieur Robert Marchand. Ce phénomène du sport, qui a soufflé ses 102 bougies le 26 novembre dernier, a presque tout vu du XXème siècle. Il a vu défiler des générations de champions, des frères Pélissier à Christopher Froome, et s’est adonné avec passion à la pratique du cyclisme, qu’il a repris assidûment à sa retraite à 67 ans en… 1978. Dès lors, rares ont été les journées qui se soient écoulées sans que Robert Marchand n’enfourche son vélo. Derrière un petit gabarit (1,50 mètre, 50 kg), c’est une force de la nature exceptionnelle dont dispose le doyen des coureurs cyclistes. Lui est bien incapable d’en trouver une explication. Certes, il y a l’hygiène de vie, des exercices physiques quotidiens, mais Robert Marchand ne se prive de rien pour autant.

A 102 ans, le cœur du champion bat encore au rythme d’un « jeune » homme de 50 ans. C’est cette capacité physiologique exceptionnelle (une FCmax de 157 pulsations/minute et une VO2 max de 38 ml/min/kg) qui permet encore et toujours à Robert Marchand de pédaler dans son maillot aux couleurs de l’Ardéchoise, la cyclo dont il est la mascotte. Il y a deux ans, pour ses 100 ans, le cyclo avait établi sur la piste d’Aigle le premier record du monde de l’Heure des plus de 100 ans : 24,251 kilomètres. Quelques mois plus tard, c’est à la distance des 100 kilomètres qu’il s’était attaqué, bouclant son périple en 4h17’27 » (23,31 km/h de moyenne) sur l’anneau de Lyon. A sa manière, Robert Marchand voulait marquer l’inauguration du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Et c’est pourquoi il a défié son propre record du monde hier.

Après une heure à tourner sur la « côte d’azur », cette bande bleue qui ceint la piste, Robert Marchand a non seulement battu son précédent record, mais il l’a pulvérisé, parcourant 26,925 kilomètres dans l’heure. Monsieur Marchand, vous êtes quelqu’un !