Si la première journée a été marquée par deux jeunes cols dans l’histoire du cyclisme, celle de dimanche était plus un retour aux sources du massif montagneux franchi pour la première fois par le Tour de France en 1910. Le programme est des plus alléchants pour les amateurs de montagne. Après quarante kilomètres plats sur de petites routes sinueuses, arrive « l’échauffement » du jour avec le col de Marie-Blanque. Non pas que sa difficulté soit moindre mais les gros morceaux de l’étape restent à venir. L’enchaînement Aubisque-Soulor marquera à coup sûr chaque participant avant de finir par le plus énigmatique col de Spandelles. Les zones de ravitaillement, où charcuterie et fromages se font une place parmi les barres de céréales et autres gels énergétiques ne seront pas de trop pour arriver au bout de cette étape. La direction de course avait d’ailleurs conseillé à tous, ce matin au briefing, de s’y arrêter pour reprendre des forces.

Briefing qu’il est presque plus aisé de comprendre si l’on est anglophone tant c’est la langue pratiquée par la plupart des concurrents. Attirés par des tours opérateurs qui proposent un service tout inclus, de l’hébergement aux transports en passant par des ravitaillements spéciaux, beaucoup d’anglais, australiens ou encore canadiens participent à leur Grande Boucle. Et cette étape mythique est là pour leur rappeler.

Mais au briefing il est également question de sécurité. Il est clair que c’est la priorité de l’organisation qui met tout en œuvre pour que chaque coureur arrive sain et sauf au bout de la journée. Une vidéo présente le tracé de chaque col en 3D, accompagné d’un histogramme, et l’accent est mis sur les points dangereux du parcours. Enormément de panneaux sont placés sur le tracé pour le rappeler, mais une annonce de vive voix n’est jamais de trop puisque chaque piège est détaillé avec précision.

Et aujourd’hui tout cela ne sera pas de trop. La descente entre l’Aubisque et le Soulor est tortueuse, avec des tunnels non éclairés et des ravins qui n’attendent que de récupérer des participants ayant pris les virages trop larges. Les lumières, obligatoires sur chaque vélo, sont indispensables pour être certain d’arriver en pleine possession de ses moyens.

Epique et pleine d’imprévus, cette étape n’en finit pas. Après une descente du Soulor où les premiers se sont faits stopper par des groupes de moutons et de vaches, il faut, pour le dessert, arriver à bout du col de Spandelles. Totalement différent de ses prédécesseurs, il grimpe à 10 % pendant dix kilomètres sur une toute petite route où deux voitures ne pourraient pas se croiser. Avec certaines portions non goudronnées, la final est dantesque et chacun était très heureux de rallier Argeles-Gazost après 146 kilomètres inoubliables.