Après le contre-la-montre de la veille, la caravane de la Haute Route Pyrénées est repartie une nouvelle fois d’Argeles-Gazost pour la quatrième étape. En évitant aux participants un nouveau transfert, les organisateurs ont une fois de plus mis l’accent sur la récupération. Car même si le chrono ne faisait que seize bornes, il a fallu s’employer pour se hisser au sommet du col de Couraduque. Alors, quand on jette un regard sur le carnet de route nous présentant le parcours du jour, on esquisserait presque un sourire en voyant le nombre de kilomètres. Quatre-vint dix-sept exactement mais le coup d’œil sur le dénivelé refroidit instantanément. Il faut alors se préparer à souffrir pour parvenir au bout de ces 3 600 mètres de dénivelé positif. Et pour couronner le tout, des températures caniculaires sont annoncées.

S’il y a un col dans les Pyrénées à monter, c’est bien le Tourmalet. De par son histoire et sa difficulté, il est devenu un classique du Tour de France mais également dans le cœur et les jambes des cyclos. Débuter la journée par son ascension émerveille, transcende mais surtout augmente la fatigue. Il faut pourtant garder des forces pour le deuxième gros morceau de la journée, l’Hourquette d’Ancizan. Col « jumeau » de l’Aspin puisque les deux montées sont presque côte à côte, il donne une vue splendide sur les paysages pyrénéens. La toute petite route tourne au milieu des grandes prairies verdoyantes et des forêts de sapins. La présence de nombreux campings-cars sur le bord donne des airs de Grande Boucle aux participants amenés à être chaudement encouragés. L’ascension, qui se monte plutôt bien, se termine dans des alpages typiques de la chaîne de montagnes franco-espagnole.

Le descente qui s’en suit, neutralisée car très dangereuse, donne lieu à une stratégie pour les meilleurs. Il convient donc de récupérer un maximum avant le dernière difficulté du jour, mais sans laisser filer un groupe qui pourrait les tirer vers le haut en cas de coup dur. La Montée du Pla d’Adet, où Vincenzo Nibali avait renforcé un peu plus son maillot jaune en 2014 lors de la dernière étape de montagne, attend alors les concurrents de la Haute Route. Il fallait une fois de plus être costaud pour arriver au bout, avec dix kilomètres de montée irrégulière à 10 % de moyenne. L’accès à la station de ski sera marquée par la chaleur. Les coureurs arrivent en début d’après-midi dans un véritable four, au milieu de roches calcaires qui rejettent la chaleur sur les vélos. Sans un poil d’ombre durant la majeure partie de l’ascension, un ravitaillement aura été rajouté pour éviter les fringales et réduire les risques de surchauffe.

On assistera à une grande solidarité entre tous, et les premiers arrivés auront choisi de redescendre en vélo pour profiter des fontaines présentes sur le bord de route. Ils n’hésiteront alors pas à arroser ceux qui grimpent encore, à leur proposer de l’eau fraîche dans la joie et la bonne humeur. Les plus fatigués choisiront la descente en téléphérique pour un retour au calme dans le village. Les participants ont déjà fait plus de la moitié des cols de la semaine et sont exactement à mi-parcours alors que trois étapes restent à courir. Le compte à rebours est lancé.