Si Milan-San Remo est une loterie, il faut croire que Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) est malheureux aux jeux. Depuis sa première participation en 2011, le champion du monde fait toujours partie des coureurs cités parmi les favoris, mais ne s’est jamais trouvé à la conclusion de la Primavera. Pire, la classique semble obstinément se refuser à lui avec un seul podium (2013) à son actif en six participations. Pourtant, les statistiques sont plutôt flatteuses pour le Slovaque qui n’a jamais terminé au-delà de la 17ème place, qui ne s’est jamais retrouvé à plus de 30 secondes du vainqueur (à 27 secondes de Matthew Goss pour sa première participation en 2011) et qui se trouve toujours dans le bon coup pour la victoire depuis 2013.

La dernière édition illustre peut-être le mieux le manque de chance dont souffre Sagan à San Remo. Parfaitement placé à la fontaine qui marque l’entrée sur la Via Roma, le Slovaque voyait Fernando Gaviria chuter juste devant lui et devait user de son habileté légendaire pour l’éviter. Dès lors, que manque-t-il à Peter Sagan pour devenir le premier champion du monde à s’imposer à San Remo depuis Giuseppe Saronni en 1983 ? Le Slovaque fait peut-être les frais du retour aux sources voulu par Milan-San Remo en 2014 avec un parcours qui avantage considérablement les sprinteurs purs là où les éditions du début des années 2010 se voulaient plus indécises.

Voilà désormais trois ans qu’une grosse trentaine d’unités se présente dans la station balnéaire de la côte ligure pour se départager au sprint. Avec à la clé des victoires d’Alexander Kristoff (Katusha-Alpecin), John Degenkolb (Trek-Segafredo) et Arnaud Démare (FDJ). La domination des sprinteurs a eu pour effet de laisser Peter Sagan au deuxième plan (10ème, 4ème, 12ème sur les trois dernières éditions). Avec un parcours identique, il y a fort à parier que les 300 derniers mètres de la Via Roma soient une nouvelle fois cruciaux. Sans résumer le premier monument de l’année à un vulgaire sprint, les rois de la dernière ligne droite ont régulièrement eu le dernier mot, surtout depuis que le tracé n’emprunte plus le Manie comme ce fut le cas entre 2008 et 2013.

D’où peut-être cette idée de loterie et une liste intarissable de favoris où émergent cependant quelques noms. A ceux de Peter Sagan et des trois derniers vainqueurs, s’ajoutent ceux de Fernando Gaviria (Quick-Step Floors), lauréat lundi d’une étape de Tirreno-Adriatico présentant de nombreuses similitudes avec Milan-San Remo, de Sonny Colbrelli (Bahrain-Merida), vainqueur d’une étape sur Paris-Nice, d’Elia Viviani (Team Sky) toujours placé mais pas encore gagnant cette année, de Michael Matthews (Team Sunweb) de Magnus Cort-Nielsen et Caleb Ewan (Orica-Scott) ou de Nacer Bouhanni (Cofidis) qui désire plus que tout venger le souvenir de la dernière édition.

Si d’aventure un coureur parvenait à surprendre les sprinteurs en anticipant, il faudrait sans doute chercher du côté de Greg Van Avermaet (BMC Racing Team), Michal Kwiatkowski (Team Sky) ou Julian Alaphilippe et Philippe Gilbert (Quick-Step Floors) pour trouver son identité. A moins que Peter Sagan ne surprenne tout son monde une nouvelle fois en voulant éviter une confrontation au sprint. Et si c’était la clé pour que la Primavera sourie enfin au champion du monde ?

Les 10 derniers vainqueurs de Milan-San Remo :

2016 : Arnaud Démare (FRA, FDJ)
2015 : John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin)
2014 : Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha)
2013 : Gerald Ciolek (ALL, MTN-Qhubeka)
2012 : Simon Gerrans (AUS, Orica-GrennEdge)
2011 : Matthew Goss (AUS, HTC-Highroad)
2010 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2009 : Mark Cavendish (GBR, Team Columbia-HTC)
2008 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)
2007 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)