Près de 10 000 kilomètres et une vingtaine d’heures d’avion séparent la petite cité de Busnago en Lombardie de Taichung, deuxième ville de Taiwan. Pourtant, les deux endroits sont intimement liés par trois initiales : FSA. Toute la production de l’entreprise dont les quartiers généraux sont basés en Italie est centralisée dans cette petite île de 23 millions d’habitants au sud-est de la Chine. Depuis ses débuts dans les années 90, la marque italienne d’abord réputée pour ses pédaliers et ses douilles de direction a largement évolué pour aujourd’hui offrir une large gamme de périphériques, allant de la potence au cintre en passant par les tubes de selle et les freins. C’est donc par sa filiale, TH Industries que FSA passe pour proposer aux cyclistes occidentaux des produits de très grande qualité, faisant office de référence dans le monde professionnel.

Ici, plus de 550 salariés sont mobilisés, mais aussi grandement impliqués dans une production largement mécanisée. L’entreprise comporte certes d’innombrables machines (personnellement, nous avons arrêté le compte à 101) qui tournent à plein régime à raison de trois services par jour. Mais c’est finalement l’homme qui prime. Chaque technicien-opérateur voit sa photo affichée sur le poste qu’il occupe, parfois à côté du prix qu’a initialement coûté la machine. Malgré tout, une partie entièrement manuelle reste nécessaire pour faire un travail de fourmi et ne laisser aucun défaut transparaître (voir notre photo).

Car bien loin du cliché d’une production délocalisée en Asie pour obtenir un coût de production moindre, c’est une main-d’œuvre qualifiée qu’emploie TH Industries et donc FSA. « C’est simple, nous voulons que les meilleurs travaillent ici, explique Lance Bohlen, directeur de la section nord-américaine de FSA basée à Mukilteo dans l’état de Washington au nord de Seattle. Chaque employé touche en moyenne 1000 dollars par mois, soit environ 800 euros (le minimum salarial étant d’environ 450 euros NDLR). » Les ouvriers sont également chouchoutés avec des conditions de travail optimales. Les locaux sont climatisés. Les machines sécurisées s’arrêtent automatiquement en cas de problème. Une protection sociale leur est même offerte, tout comme leurs repas !

La relation qui lie FSA et TH Industries n’est pas qu’une simple délégation de production. L’arsenal technologique dont dispose l’usine est d’ailleurs impressionnant. Les prototypes sont conçus par les ingénieurs basés à Taichung. Aux côtés des machines dédiées à la production se trouvent des engins de test. Les produits que vous retrouverez sur le marché dans un avenir proche sont poussés dans leurs retranchements pour en améliorer la durabilité. Ainsi les conditions les plus extrêmes que l’on peut connaître sur le vélo sont condensées et reproduites artificiellement. Les cintres sont victimes de pression répétées d’une extrémité à l’autre. Les chaînes et les pédaliers sont mis en action dans la boue pour constater leurs limites. L’efficacité des freins est mise à rude épreuve sous la pluie, etc. Le but est d’atteindre le zéro défaut pour améliorer, si c’était encore possible, la qualité des produits FSA. Le lourd investissement qu’a concédé l’entreprise pour l’obtention d’une machine à rayons X par laquelle transitent toutes les potences en carbone afin d’y déceler le moindre défaut de fabrication va d’ailleurs en ce sens.

Si tous les périphériques sont produits dans cette usine de Taichung, les jantes carbone sont quant à elle fabriquées sur un autre site entièrement dédié aux produits haut de gamme de Vision. Le site est d’ailleurs sur le point de s’agrandir car la marque ne peut répondre pour le moment à la demande grandissante. Ici, le bruit des machines laisse place à un vrai silence. La concentration de la poignée d’employés et d’employées qui travaillent sur les jantes est extrême. Chaque maillon de la chaîne sait ce qu’il a à faire. Et même si personne ne pipe mot, les automatismes ont été pris.

Car, contrairement à l’autre usine située à quelques hectomètres de là, la production des jantes carbone est entièrement manuelle ! Le savoir-faire des ouvriers est alors inestimable. « Nous voulions garder le contrôle sur nos productions, explique Lance Bohlen. C’est la raison pour laquelle nous ne voulions pas partir ailleurs. Il est important pour nous de garder notre argument de produits de qualité. » Si vous vous demandiez pourquoi le prix des roues carbones est aussi élevé, en voici la réponse. Le travail est tellement minutieux que seules six jantes sont produites par jour ! Les fibres de carbones sont appliquées dans des moules, requérant une patience et une habileté extrême. Ces moules sont ensuite enfournées pour solidifier le tout. Une équipe se place alors à la sortie du four pour démouler cette jante qui part alors en finition avant d’être envoyée en Europe pour finir d’être montée. Les seules machines utilisées servent à perfectionner le produit, c’est à dire à percer la jante, mais aussi pour graver le logo de la marque sur elle. Car incontestablement, FSA, Vision et leurs partenaires peuvent être fiers de leurs produits !