Bien sûr, il existe entre le Dauphiné et le Tour un mimétisme qui porte à croire que l’épreuve de juin doit impérativement donner un aperçu des coureurs qui pèseront sur celle de juillet. Difficile pourtant de relever des indices formels dans une course dont la vérité du jour est rarement celle du lendemain. La montée en régime pour le Tour de France est à ce point irrégulière que lorsque Tejay Van Garderen (BMC Racing Team), Chris Froome (Team Sky) et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) faisaient les gros titres à Pra-Loup il y a vingt-quatre heures, on ne parle déjà plus d’eux aux premiers rangs du classement général à Villard-de-Lans (Isère), où le Dauphiné fait une halte ce soir après 183 kilomètres d’une étape renversante partie à toute vitesse de Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes).
A dire vrai, ça sentait le coup fourré à plein nez. Hier soir à Pra-Loup, Vincenzo Nibali (Astana) s’était délibérément écarté au moment où Chris Froome portait sa première estocade. Le Sicilien avait rejoint la station des Alpes du Sud sans trop se presser, même pas une minute et demie après le nouveau Maillot Jaune Tejay Van Garderen, sur lequel il accusait ce matin un débours de 1’33 » au classement général. Rien d’éliminatoire en somme pour Vincenzo Nibali, qui disait n’avoir pas jugé nécessaire de faire des efforts superflus alors qu’il ne se sentait pas au mieux hier matin.

L’alerte est donnée au sein du peloton mais la cohésion des cinq de tête ne permettra jamais aux acteurs de l’étape de Pra-Loup de jouer les premiers rôles dans le massif du Vercors. Les cinq de tête s’attaquent au col du Rousset avec trois minutes d’avance sur le peloton, un avantage qu’ils exploiteront jusqu’au bout pour se disputer la victoire d’étape autant que les premières places du classement général. A travers les vertigineuses gorges de la Bourne, Tejay Van Garderen a beau prendre la poursuite à son compte, le maillot jaune est une fois de plus en train de lui échapper, lui dont la crédibilité en tant que leader a souvent été pointée du doigt. Il retombe au 5ème rang du général à 42 secondes. Chris Froome, lui, s’agite tel un pantin désarticulé, mais prend également un recul au général (7ème à 1’21 »). Tout comme Romain Bardet, victime d’une glissade sur la route détrempée et désormais 9ème du classement provisoire à 1’30 ».

Demain samedi, la montagne reste au rendez-vous entre Montmélian et Saint-Gervais Mont Blanc (155 km) par le Tamié, la Forclaz, la Croix Fry, les Aravis, la côte des Amerands et Le Bettex !
Classement 6ème étape :
1. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) les 183 km en 4h29’23 » (40,8 km/h)
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 5 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 38 sec.
4. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 39 sec.
5. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 1’24 »
6. Daniel Martin (IRL, Cannondale-Garmin) à 1’46 »
7. John Gadret (FRA, Movistar Team) à 1’48 »
8. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) à 1’59 »
9. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 2’12 »
10. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) m.t.
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 22h34’17 »
2. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 29 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 30 sec.
4. Simon Yates (GBR, Orica-GreenEdge) à 35 sec.
5. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 42 sec.
6. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 57 sec.
7. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 1’21 »
8. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 1’29 »
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’30 »
10. Daniel Martin (IRL, Cannondale-Garmin) m.t.